Lors de son lancement en avril 2024, Mon petit renne a bouleversé des millions de personnes. Son créateur, Richard Gadd, y réalisait un tour de force en s’inspirant de sa propre histoire… une histoire d’auto-dépréciation, d’addiction au regard de l’autre, de violences sexuelles, mais aussi du harcèlement que lui a fait subi une femme, appelée Martha dans la série, durant des années.
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Il y avait beaucoup de vulnérabilité dans cette série, et sans doute trop de subtilité. Parfois, il est bon de laisser les œuvres là où elles sont censées exister : sur nos écrans, dans nos cœurs, dans nos mémoires. Certaines personnes ont trouvé judicieux de faire sortir Mon petit renne du cadre strict du récit pour aller traquer la “vraie Martha” de l’histoire.
Celle-ci, nommée Fiona Harvey, a fini par sortir du bois en donnant une interview, un brin gênante, au polémiste britannique Piers Morgan. Elle annonçait alors vouloir attaquer Netflix pour diffamation. Parce qu’en étiquetant la série comme “une histoire vraie”, le service de streaming figeait Mon petit renne, et le moindre fait rapporté à l’écran, comme étant la réalité.
Ce vendredi 27 septembre, le juge américain Gary Klausner a estimé que la série n’était pas “une histoire vraie”. Si Richard Gadd a bien évidemment le droit de s’arranger avec la réalité des événements traumatiques qui lui sont arrivés (et qu’il lui appartient de raconter) pour les besoins du récit, Fiona Harvey a désormais un boulevard pour attaquer Netflix en diffamation.
Le juge a ainsi estimé : “Il y a une différence majeure entre harceler et être condamnée pour harcèlement devant une cour de justice.” Il poursuit avec une déclaration qui a de quoi faire bondir n’importe quelle victime de violence sexuelle : “De la même manière, il y a une différence entre toucher quelqu’un de façon inappropriée et une agression sexuelle.”
Il a en outre reconnu que “bien que les actions présumées de la plaignante [Fiona Harvey, ndlr] soient répréhensibles, les déclarations de la défense [le récit de Richard Gadd, ndlr] sont pires et pourraient produire un effet différent dans l’esprit du public”.