Le numéro de février du Vogue US présente en gros titre une formule jusqu’ici inconnue du vocabulaire politique états-unien : “Madame la vice-présidente !” Pour cette une, le magazine a de nouveau collaboré avec Tyler Mitchell afin de tirer le portrait de Kamala Harris.
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Premier photographe noir à avoir shooté une couverture du Vogue US, Tyler Mitchell a également immortalisé Harry Styles en novembre dernier, pour la première couv’ masculine de la publication. Ce CV a sans doute convaincu Anna Wintour de lui demander d’immortaliser celle qui coche également de nombreuses premières.
Kamala Harris rappelle dans les lignes du magazine sa fierté qu’“une femme [soit] vice-présidente des États-Unis” : “Une femme de couleur, une femme noire, une femme dont les parents sont nés en dehors des États-Unis.” Et elle espère surtout ne pas être la dernière.
À peine sorties (et mêmes pas encore officiellement divulguées par Vogue), les couvertures ont fait réagir les internautes. Ces dernier·ère·s affichent leur désarroi de voir la vice-présidente présentée de façon si peu “régalienne”, photographiée en pied, l’air détendu devant un fond rose et vert que certain·e·s qualifient de peu travaillé, les mains jointes et chaussée d’une paire de Converse (qu’elle portait durant sa campagne). On peut tout de même se demander si cette posture de vice-présidente “simple et accessible” ne serait pas un parti pris de la part de Kamala Harris et son équipe de communication.
La seconde couverture, montrant Kamala Harris en plan américain, les bras croisés et vêtue d’un tailleur bleu ciel, a connu plus de succès sur les réseaux sociaux mais n’a pas été retenue pour figurer sur la couverture papier de la publication. Elle introduira seulement la version numérique de l’entretien.
Des accusations d’éclaircissement de sa peau
Plus graves, d’autres accusations planent quant à un éclaircissement de la peau de Kamala Harris de la part de Vogue. L’équipe du magazine a nié avoir retouché la carnation de la première femme vide-présidente noire et indienne.
La rédaction a également déclaré avoir laissé la vice-présidente choisir ses habits pour une séance photo qui se voulait “authentique et accessible”, “en tant que leader et que personne”, rapporte le New York Post. Les couleurs du fond, rose et vert, ont été sélectionnées par Kamala Harris en référence aux couleurs de sa sororité, les “Alpha Kappa Alpha” (une des premières sororités noires de l’université d’Howard), précise Vogue.
Depuis hier, dimanche 10 janvier, des internautes débattent des unes, spéculant sur ses problèmes de conception : Kamala Harris n’aurait eu qu’une heure à accorder au magazine et n’aurait apporté que deux tenues, réduisant les possibilités créatives. Le photographe Tyler Mitchell et la vice-présidente n’ont pas commenté ces réactions.
Édit du 18/01/2021 : L’AFP a rapporté le 12 janvier dernier que la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, avait affirmé, avant la polémique, “ne pas pouvoir imaginer” que le choix de cette photo fasse controverse, décrivant une photo “joyeuse et optimiste” :
“Je ne peux pas imaginer que quelqu’un y voie autre chose que ça, l’image d’une femme en pleine possession de ses moyens qui, avec le président élu, va apporter à ce pays le leadership dont il a besoin. Pour moi, c’est une affirmation très importante et positive sur les femmes et les femmes au pouvoir.”
Une fois la tempête médiatique arrivée jusqu’aux oreilles d’Anna Wintour, cette dernière avait déclaré avoir “entendu et compris la réaction à la couverture du magazine papier”. Auprès du New York Times, elle soulignait n’avoir “absolument pas [eu] l’intention, en aucune façon, de diminuer l’importance de l’incroyable victoire de la vice-présidente élue”.
Édit du 20/01/2021 : Après une dizaine de jours sous l’influence de la controverse, le magazine Vogue a décidé de sortir un nouveau tirage avec une photo différente, jugée plus “digne” pour la future vice-présidente des États-Unis, a rapporté l’AFP .“En reconnaissance de l’intérêt énorme pour la couverture en ligne, et pour célébrer ce moment historique, nous allons publier un nombre limité du numéro spécial investiture”, a indiqué mardi un porte-parole du groupe Condé Nast, auquel appartient Vogue. La preuve qu’Anna Wintour est enfin déterminée à “écouter” le monde qui l’entoure ?