La bourse Révélations Emerige a dévoilé jeudi l’identité de la gagnante de sa septième édition, quelques jours après l’inauguration de son exposition collective. Loucia Carlier remporte ainsi la somme de 15 000 euros, qui lui servira à monter sa première exposition personnelle en 2021, entre les murs de la galerie d’art contemporain Art : Concept, partenaire de cette édition. L’artiste disposera également d’un atelier et d’un accompagnement professionnel durant un an.
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Un univers articulé autour de l’empreinte, des imaginaires et du bas-relief
Loucia Carlier, “Untitled (the tables are turned)”, 2020. Vue de l’exposition “Un monde à votre image”, Bourse Révélations Emerige 2020, commissariat Gaël Charbau, Villa Emerige. (© Rebecca Fanuele)
Originaire de Paris où elle vit toujours, Loucia Carlier est passée par les Arts décoratifs de la capitale avant de poursuivre son cursus dans l’École cantonale d’art de Lausanne, où elle a suivi un master en arts visuels. La jeune artiste place l’empreinte au cœur de son processus créatif et croise les matériaux – céramique, résine, plâtre, bois, plexiglas –, mais aussi les techniques, telles que le gaufrage, les traces et les impressions. Ses sculptures et tableaux, sobres et plutôt sombres, explorent un imaginaire dystopique et poétique, matérialisé dans des bas-reliefs.
En parallèle de sa pratique artistique, Loucia Carlier a cofondé Klima, un magazine trimestriel qui fait dialoguer des chercheur·se·s, des artistes contemporain·e·s et des activistes, et dont chaque numéro s’articule autour d’un travail de recherche universitaire. La Parisienne est notamment en charge de la sélection des artistes pour la revue.
Loucia Carlier, “2020”, 2019. Vue de l’exposition “Un monde à votre image”, Bourse Révélations Emerige 2020, commissariat Gaël Charbau, Villa Emerige. (© Rebecca Fanuele)
Propulser de jeunes artistes
Créée en 2014, la bourse Révélations Emerige, ouverte aux artistes plasticien·ne·s de moins de 35 ans, a vocation à propulser de jeunes talents sur la scène artistique professionnelle. Parmi les quelque 500 candidatures reçues cette année, sept femmes et quatre hommes ont retenu l’attention du comité de sélection, qui comptait cette année Olivier Antoine, le fondateur de la galerie Art : Concept. L’édition 2020, influencée par la présence du galeriste invité, a accordé une place particulière à l’image, et notamment à la peinture.
C’est dans la Villa Emerige que l’on retrouve les sculptures de Loucia Carlier ainsi que les œuvres des dix autres artistes sélectionné·e·s cette année, le temps d’un show collectif intitulé “Un monde à votre image”. L’exposition questionne l’idée de cohabitation avec le monde et l’ouverture d’une vision cloisonnée pour tendre vers une coexistence et une fusion des formes.
Loucia Carlier, “Le temps a changé sur la planète entière et effectivement cette année a été plus rapide que d’habitude II”, 2018. Vue de l’exposition “Un monde à votre image”, Bourse Révélations Emerige 2020, commissariat Gaël Charbau, Villa Emerige. (© Rebecca Fanuele)
“Dans cet écosystème, rien n’est étanche, résume le commissaire de l’exposition, Gaël Charbau. C’est une pensée plastique, et il ne fait aucun doute que l’expérience esthétique, celle à laquelle toute cette génération d’artistes travaille à la suite de ses aînés, alimentera de plus en plus les modèles de ceux qui cherchent à repenser le monde.”
Un monde à leur image
Jusqu’au 14 novembre prochain, on peut retrouver quelques-unes des toiles nostalgiques de Marcella Barceló, dont l’univers s’inspire de Lewis Caroll et de nombreux voyages au Japon, mais aussi les peintures du plasticien et musicien britannique Rob Miles, qui utilise la vue plongeante pour représenter des scènes d’intérieur colorées et explorer la profondeur de la 2D. Au milieu de la pièce lumineuse, Giuliana Zefferi utilise différents matériaux pour mettre en scène un dialogue entre deux marionnettes à travers une installation au sol.
Elené Shatberashvili, “L’autoportrait à la robe rouge”, 2020.
Sur les murs de la villa, une grande peinture sur soie de cinq mètres sur quatre signée par l’artiste Charlotte Vitaioli habille la pièce, et côtoie les toiles oniriques et absurdes de Raphaël-Bachir Osman : il n’y a qu’à voir ses tablettes de chocolat musclées, sa révolte de knacks ou ses paysages sur des raquettes de ping-pong.
À leurs côtés, on retrouve également le film Maalbeek d’Ismaël Joffroy Chandoutis, les toiles sociales et critiques de Ludovic Salmon, mais aussi les travaux de Zohreh Zavareh et d’Elene Shatberashvili. Autant de jeunes talents de la scène artistique contemporaine, qui invitent le public à découvrir le monde à travers leurs œuvres.
Marcella Barceló, “What happens in Spring”, 2020. (© Grégory Copitet)
Rob Miles, “Kitchen (VI)”, 2020.
Ludovic Salmon, “Trois jours ouvrés”, 2019.
<em>“High Fidelity”</em>, 2020. (© Raphaël-Bachir Osman)
<em>“Jus agave”</em>, 2019. (© Clémence Mauger)
<em>“Ouais, moi j’étais gardienne de but”</em>, 2019. (© Giuliana Zefferi)
<em>“MAALBEEK”</em>, 2020. (© Ismaël Joffroy Chandoutis)
<em>Torso</em>, 2020. (© Raphaël-Bachir Osman)
“Le Ballet Tribalesque”, 2020. (© Charlotte Vitaioli)
Zohreh Zavareh, “Lors d’une balade au crépuscule, j’ai voulu courir pour m‘enfouir de ces herbes grises, violettes montant à mes genoux”, 2020. (© Rebecca Fanuele)
L’exposition “Un monde à votre image” de la bourse Révélations Emerige est visible à la Villa Emerige (Paris) jusqu’au 14 novembre 2020.