Le rap français à l’international fait débat. Après l’annonce, loin de faire l’unanimité, de la présence de BEN plg sur la chaîne allemande Colors, c’est au tour de Jwles et son freestyle On The Radar d’être au centre des conversations.
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Il est le deuxième rappeur français derrière BU$HI à se glisser dans la programmation de la célèbre chaîne américaine (thaHomey vient de les rejoindre). Le passage de Jwles a fait du bruit, divisant une nouvelle fois une partie de la communauté hip-hop sur X/Twitter : “J’ai mal à mon rap”, “C’est une parodie ?”, “On passe pour quoi auprès des Ricains ?”, ces 104 secondes de musique ont relancé un (presque) interminable débat en France.
Jwles et sa longue carrière
Il est évident que le freestyle proposé par Jwles peut diviser. La proposition est étonnante, osée, sans concession, avec des effets chargés sur la voix et une manière de poser empruntée au DMV flow, un flow complexe à adopter pour une partie des auditeurs de rap français. C’est une différence et un style unique difficile à cerner que Jwles a toujours cultivé depuis ses débuts, fabriquant une musique propre à lui et ses nombreuses influences, digérées à sa façon. L’idée n’est donc pas ici de tendre vers une pensée unique visant à donner à Jwles le titre de meilleur rappeur français, mais plutôt de nuancer et de rendre à ce rappeur ce qui doit lui être rendu.
Présent dans le paysage rap et musical depuis plusieurs années maintenant, son impact sur une certaine scène plug est loin d’être négligeable. On peut sans forcer le placer comme un précurseur, novateur ayant pour volonté de créer sa musique sans se limiter et donc inspirant d’autres artistes après lui. Jwles a toujours cultivé de vastes influences et a sorti en mars 2023 le morceau “Unique” en featuring avec Bob Marlich et Rim’K, une validation importante. Celui que l’on appelle le Zin est l’une des premières têtes émergentes, voire premier ambassadeur, du mouvement plug, et sa présence sur On The Radar ne doit rien au hasard.
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La critique, oui
Un autre événement a participé à ce que ce freestyle et ses débats alentour prennent de l’ampleur, il s’agit en effet de la prise de parole, certes très courte, de Dosseh. Le rappeur a répondu à la publication du média Interlude partageant la performance de Jwles par un expéditif “non”.
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Si sa réaction a suscité l’incompréhension chez certains, comme Jwles lui-même qui a lui a répondu d’un simple “Oui”, la prise de position de Dosseh a une nouvelle fois divisé. Si le droit à la critique est absolument fondamental et ne doit pas être enlevé au rappeur, un simple “non” peut laisser place à une large interprétation du public et donc polariser encore plus une culture déjà divisée, en plus de légitimer les critiques sans fondement face à un artiste qui ne revendique rien d’autre que son art. La réaction de Dosseh lui a également valu de nombreuses critiques sur sa carrière, tweets et réponses, enfermant le débat dans une boucle infernale qui n’aura de fin que le temps.
Que ce soit Dosseh ou Jwles, ce sont deux artistes importants à la carrière honorable dans leur domaine respectif. L’un est une figure du rap français et l’autre un des pionniers de la plug, menant sa barque depuis 10 ans. Le pire des mouvs serait de les discréditer aveuglément en faveur d’un morceau ou d’une critique.
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Un freestyle ou bien plus ?
Au final, que disent vraiment ce débat et cet événement ? Sommes-nous face à un énième exemple d’une division profonde au sein du rap français ou alors face à un fait anecdotique ayant permis d’alimenter un week-end de Pâques sans trop d’actu ? Depuis quelque temps, le rap français semble plutôt montrer une situation globale tendue, sans volonté de s’entendre. Un manque de communication, comme de compréhension, que ce freestyle On The Radar a une nouvelle fois mis en avant avec certaines grandes questions : Jwles fait-il du rap ? Sa proposition peut-elle être rattachée à la culture hip-hop ? Sa musique est-elle mieux comprise outre-Atlantique que dans l’Hexagone ? Si certains annoncent la fin du rap comme des prophètes nostalgiques, d’autres néo-auditeurs y voient son renouveau. Qui a raison, qui a tort, le mieux est encore de vivre en totale ouverture d’esprit avec tout ce que propose la richesse musicale française et, pourquoi pas, ouvrir des espaces de dialogues entre les générations.