Jolagreen23 sort son projet +99XP et continue de tutoyer les sommets

Le dernier samouraï

Jolagreen23 sort son projet +99XP et continue de tutoyer les sommets

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Cover de la mixtape “+99XP”. Crédit : Blue Sky

Une mixtape qui se mue en climax d’une année 2024 dans la continuité de la précédente, c’est-à-dire plus que prometteuse.

Les yeux des fans des auditeurs de rap français n’ont jamais été autant rivés qu’aujourd’hui, vendredi 8 novembre, sur la pépite de Bois-Colombes. Après une année 2024 où la montée en puissance de Jolagreen23 s’est faite plus forte encore, ses fans, de plus en plus nombreux, découvrent enfin son nouveau projet, une mixtape pour ne pas changer.

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Choisir ses coups, puis frapper fort

En 2023, Jo’ avait montré qu’il savait être productif avec pas moins de trois projets en une année. En 2024, il aura attendu l’avant-dernier mois pour envoyer un nouveau long format. Pour autant, il n’a pas perdu de terrain, au contraire, avec une flopée de singles lancés en amont et plusieurs featurings lui permettant de passer des steps et de créer ce bel élan observable actuellement. Mais alors, cette nouvelle stratégie s’avère-t-elle payante avec ce qui apparaît comme le climax de l’année de Jolagreen23 ?

+99XP est un véritable condensé de toute la palette revisitée du rappeur. Jolagreen23 a tout mis dedans, et tout ça quitte à laisser de côté la cohérence qui n’apparaît que secondaire tant chaque morceau apporte son lot d’expérimentation, permettant logiquement à chaque auditeur de trouver son bonheur : sévère découpage avec “CRASH BANDICOOT”, titre popisé avec Adèle Castillon, l’autotune sombre d'”ESSKE ?”, “800€” et sa guitare mélancolique, le tout accompagné d’instruments acoustiques aux reliefs intéressants, bref, une sorte de musique totale difficile à apprivoiser mais vivifiante au possible.

L’un des points forts du projet ? Clairement les productions de haute voltige qui subliment cette ambition de proposer quelque chose de différent, en se laissant porter par ses goûts, son lien avec ses beatmakers et sa palette d’auditeur/artiste assez vaste. On ressent bien que cela s’inscrit dans la lignée de ce que Jolagreen23 sert depuis quasiment ses débuts dans le son, mais ici avec encore plus de justesse dans la composition artistique. On retrouve également Epktase, Genius, Pandrezz ou encore Elyo sur plusieurs tracks.

Et comment ne pas évoquer l’ovni “BRICK BY BRICK” produit par Sam Tiba, Rilo et Franklin ainsi que le suivant “SLIDE”, tous deux liés par une douce transition. Ou encore la plus simple mais scientifique prod de “PUTAIN D’HIVER” par Boumidjal et le duo HoloMobb. Jolagreen est homme de goût. Quant au rap de Jo’, oui, il évolue. Sans changer du tout au tout mais il serait difficile de dire que Jolagreen23 rappe dans +99XP comme il le fait dans RECHERCHE&DESTRUCTION, son précédent projet. Une évolution qui se vérifiait dès les premiers échantillons de ce nouveau projet, notamment sur “360TRICKSHOT” et d’autant plus sur “HELLCAT OU CAMARO”. Toujours imprévisibles, les placements de Jolagreen23 le sont encore plus maintenant. Et si cela peut désarçonner, c’est également une bonne chose, c’est la marque des grands que de pouvoir se vanter de ne pas faire la même chose d’un projet à l’autre, faisant entrer la subjectivité des goûts de ses auditeurs.

Des sommets à viser

Celui que l’on recevait pour l’une de ses premières interviews début 2024 franchit inévitablement une nouvelle étape avec ce nouvel opus qui s’harmonise bien avec son récent statut et prouve que le rappeur grandit vite, et bien. Sur quelques morceaux, il tente de se raconter plus en profondeur même si on sent encore une grande pudeur dans son écriture. Celle-ci se détache difficilement du pur assemblage de mots et de réfs que le rappeur affectionne tant, et nous aussi. Ses flows et son articulation se marient parfaitement avec les mots qu’il emploie, ses punchlines devenant de véritables gimmicks addictifs à répéter. Là où l’envie d’introspection se fait le plus ressentir, c’est bien sûr avec “800€” où Jolagreen23 se dévoile sur sa famille, évoquant sa petite sœur, sa mère et “les problèmes de santé” de son père. Un morceau réussi dans le fond comme dans la forme et la simplicité réconfortante de son refrain, posé et sans fioriture.

Quelques mots sur les featurings, tous réussis, grâce à des invités largement au niveau (coucou les couplets de Green Montana et de Lesram).

En résumé, c’est un projet qui demandera sûrement à certains plusieurs écoutes car il apparaît comme très riche et parfois difficile à déceler dans un premier temps, mais la bonne nouvelle c’est qu’on a très rapidement (voire immédiatement) envie de s’y replonger pour tout capter des productions et tout déceler des performances de Jolagreen23. “Le dernier samouraï” a indéniablement step up et confirme qu’il est le rappeur qui nous procure le plus d’émotion actuellement.