Ce n’était pas vraiment prévu dans mon agenda, cette date pour Lana Del Rey à l’Olympia, puisque annoncée seulement une dizaine de jours avant le soir du concert. Je vous l’ai dit ici, avec bien peu de pudeur : je ne pouvais pas rater l’évènement, tant il était nappé d’émotions fortes (la chialade, les malaises, tout ça, tout ça). Ce que je n’ai peut-être pas osé vous dire, en revanche, c’est que j’avais déjà prévu de la voir… à Québec City, à l’occasion du Festival d’été de Québec (oui oui, c’est en toute sobriété, son nom). Chez nous, il n’est peut-être pas aussi connu que l’iconique et controversé Coachella ou le désormais joyau belge Les Ardentes mais a son petit succès sur le continent américain. Pêle-mêle en tête d’affiche sur ses dernières années ? Cyndi Lauper, Lorde, The Weeknd, ou encore Mariah Carey. Excusez du peu. Cette année ? Green Day, Imagine Dragons, mais surtout Pitbull – eh oui, outre-Atlantique, le hit maker a encore un succès phénoménal, c’est un décalage culturel qui me dépasse autant qu’il m’amuse. Mais surtout, il y a Lana Del Rey. Évidemment, j’y étais. Évidemment, j’ai pleuré. Évidemment, je vous raconte tout.
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J’arrive tranquillement vers 19 heures pour un début de concert à 21 h 30 (alerte, spoilers, la reine sera encore en retard, mais d’une vingtaine de minutes, cette fois-ci). Si plusieurs artistes occupaient déjà la grande scène au gré de l’après-midi et de la soirée, les fans de Lana Del Rey, eux, occupent déjà les dix premiers rangs. Les reconnaître n’a rien de bien difficile : fleurs dans les cheveux façon “Lust for Life” par-ci, perfecto en cuir à la manière de “West Coast” par-là. Des robes blanches, de la dentelle. Des T-shirts du merch sur le dos, parfois. Si comparaison n’est pas raison, je ne peux que penser à l’ambiance de l’Olympia, bien différente. Ici, adieu l’intimité de la petite salle parisienne. Festival oblige, le concert est aussi propice à des dizaines de milliers de personnes ne connaissant au mieux que “Video Games” ou “Summertime Sadness”. Je ne bouderai pas mon plaisir pour autant.
“Hot summer nights, mid-July”
La setlist, que je connais désormais par cœur, reste la même, et l’artiste débute donc par le bop “A&W”, avant d’enchaîner sur “Young and Beautiful”. Le saviez-vous ? Lana Del Rey elle-même a chanté ce morceau au mariage de Kim Kardashian et Kanye West, le tout à Versailles. Kitsch mais on valide tout de même, déso pas déso.
Mais revenons au concert : c’est l’occasion des premiers frissons, et pas seulement parce qu’il est 22 heures et que le concert est à ciel ouvert. “Hot summer nights, mid-July”. Nous sommes pile le 15 juillet. Les aficionados se jettent des regards complices, aussi émus que moi par cette heureuse coïncidence. Les titres se suivent avec autant d’intensité et parfois entrecoupés de pauses bienvenues.
Cela me fait mal de l’admettre mais l’intéressée semble définitivement plus heureuse et épanouie ici, communiquant généreusement avec son public quelques petites disquettes bien senties. “Ici je me sens chez moi, je sens l’odeur du bois.” Le continent lui réussit, et ça se voit. Elle est plus souriante, plus investie quand elle n’a pas les larmes aux yeux, carrément (moi, je les ai depuis longtemps, mais faut-il vraiment le préciser ?). Elle descendra même voir le premier rang de la fosse, échangeant quelques mots, prenant des selfies, touchant des épaules et des bras, l’air de rien. Je ne suis pas vexée, it’s OK. J’ai juste le seum (encore plus que lors de ma soirée avec Shakira). Reste que le concert était, sans surprise et en toute subjectivité, incroyable. Voir une foule en délire, remplie de vrais passionnés et de curieux, là presque par hasard, en totale communion, n’a pas d’égal. Alors au nom de tout un peuple canadien qui vient à peine de m’adopter, le temps d’une soirée : merci madame.