Je suis allée dans un strip club pour la première fois avec l’actrice Haley Lu Richardson (et on était loin du farniente bourgeois de The White Lotus)

Je suis allée dans un strip club pour la première fois avec l’actrice Haley Lu Richardson (et on était loin du farniente bourgeois de The White Lotus)

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© Metropolitan FilmExport ; © HBO

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Tulu-lulu-lu-lu-luluuuuuuuuu dans le Jumbo’s Clown Room.

Los Angeles, Los Angeles. On m’avait dit que j’y croiserai des stars et dès la première nuit, cette prophétie s’est réalisée. Il m’a fallu pousser la porte du Jumbo’s Clown Room, sur les bons conseils de Pharrell (le journaliste, pas le chanteur), pour rencontrer ma première étoile de Los Angeles. La dernière étoile rencontrée étant Chloë Sevigny au Château Marmont, et la deuxième étoile étant le jardinier de Desperate Housewives, si vous avez bien suivi mon carnet de bord américain.

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Direction, donc, le Jumbo’s Clown Room, un strip club sur lequel j’avais écrit en 2019, à travers les photos survitaminées de Scarlett Kapella. On peut dire que la vie fait bien les choses car c’est aussi ma toute première fois dans un strip club et l’expérience était totale avec mon Perrier citron en main. Il faut savoir que le Jumbo’s n’impose pas de nudité à ses performeuses et ressemble plus à un bar de pole dance qu’à un vrai strip club. On se situe plutôt dans un Mauri7 parisien, avec une barre de pole dance, un distributeur de billets et une queue dehors, en plus. Le public est donc composé de jeunes cool, de beaucoup de femmes, et n’est pas aussi libidineux que les strip clubs classiques bondés de yuppies à la American Psycho ou de rednecks à la Une nuit en enfer.

© Rocky

J’étais loin d’imaginer, en poussant la porte de ce lieu hautement cinématographique, que j’allais tomber sur l’actrice Haley Lu Richardson, que je confonds toujours avec Zoey Deutch (Retour à Zombieland, The Politician). Sachez que le brouillon de cet article s’appelait d’ailleurs initialement “Zoey Deutch strip club”, mais comme je suis une journaliste d’investigation et de terrain, j’ai rapidement pris conscience de mon impardonnable confusion grâce à une recherche Google.

Revenons à mon entrée dans le club. Là, au milieu de la foule en liesse, sous les néons rouge sang, devant les fesses écartées d’une danseuse, s’illumine Haley Lu Richardson, qui joue Portia dans la saison 2 de The White Lotus. Elle est entourée de ses ami·e·s et lance avec allégresse et générosité (les cachets de Hollywood, ça) des billets sur les fesses de chacune des performeuses qui la reconnaissent, évidemment, et jouent avec elle, spécifiquement.

Au-delà de The White Lotus, je connaissais Haley Lu Richardson du très joli film The Edge of Seventeen, sur une amitié adolescente, d’After Yang, sur la transmission, l’identité, le transhumanisme et l’adoption, mais aussi du larmoyant À deux mètres de toi, qui mêle amour et mucoviscidose – oui, oui, ça chiale pas mal. Si pour la première fois, je l’ai vue dans des épisodes d’Awkward début 2010, je pense que le grand public l’a connue essentiellement grâce à The White Lotus et Split, aux côtés d’Anya Taylor-Joy et de James McAvoy.

Revenons à Haley Lu Richardson qui jette des billets sur les fesses écartées d’une danseuse. Je savoure le spectacle en sirotant mon eau pétillante et je saisis l’expérience jusqu’au bout : chaque performeuse propose un univers à elle, chaque femme qui défile me semble unique. Certaines misent sur le rock, d’autres sur la pop, la country ou l’afro-beat. Dix femmes ont dû performer durant mon temps au Jumbo’s Clown Room, mais je retiens en mémoire, jusqu’à aujourd’hui, la performance de l’une d’entre elles, qui portait un bikini très fin, très sequin et qui dansait avec un aplomb qui nous forçait à penser qu’elle avait fait ça toute sa vie.

Comme bien souvent, j’essaye d’imaginer des vies à ces femmes. Celle-ci a tenté une carrière à Hollywood mais a préféré danser car c’est ce qui la fait vibrer, et Hollywood est une chienne. Celle-ci a deux filles, fera son passage en cinq minutes et sautera dans un taxi pour libérer fissa la nounou. Elle connaît le tenancier depuis cinq ans, c’est son beau-frère et il lui file des créneaux : elle fait donc les fins de service, chaque soir, avec l’équipe du bar.

Dans cette expérience hors du commun, qui me rappelle à la fois la scène “I Love Rock ‘N’ Roll” de Britney Spears dans Crossroads, mais aussi le très bon film Queens avec Jennifer Lopez, ce qui m’interpelle le plus est le ramassage de billets à la fin des performances. Les danseuses balaient d’un coup de bras, en vingt secondes top chrono, l’ensemble de l’estrade, elles forment une colline d’un dollar devant la petite trappe de sortie, puis roulent dehors en emportant les billets dans le mouvement de leur corps. Mon pote Rocky me file dix dollars en coupures d’un dollar. Je jette des billets qui atterrissent dans les verres des mecs du premier rang. C’était chaotique mais à ce moment-là, tout ce qui comptait au final, c’était que je me rapproche des étoiles.