Cet été, la rédaction de Konbini révèle au grand jour ses guilty pleasures. Knacks froides, chaîne YouTube obscure ou drôle d’obsession pour des pages Wikipédia sans grand intérêt, préparez-vous à la grande exploration de nos plaisirs inavouables.
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Les seuls moments où je pleure, c’est pendant les enterrements. Plus par procuration qu’autre chose, puisque quand on m’annonce le décès, ayant du mal à réaliser, je ne sais pas vraiment comment réagir. Ce n’est qu’après, quand je vois les gens pleurer, que je partage leur tristesse et mêle mes larmes aux leurs. Heureusement, je n’ai pas un enterrement tous les quatre matins. Mais à force de ne pas pleurer, de ne pas me laisser submerger par l’émotion, j’ai un stock de liquide lacrymal conséquent, et un rien peut me rendre super émotif.
Avec le temps, j’ai décelé des déclencheurs, comme les succès sportifs (le moment où Thierry Henry se met à courir pour célébrer la victoire en finale dans Les Yeux dans les Bleus). Malheureusement, j’en ai trop abusé, et il a fallu que je trouve de nouveaux triggers (désolé Titi’).
Un jour, en me baladant sur YouTube, je suis tombé par hasard sur une compilation des meilleurs golden buzzer de l’émission America’s Got Talent. Je n’ai pas tenu longtemps avant de lâcher ma première larme. Depuis, c’est mon nouveau truc.
Le golden buzzer ?
Un golden buzzer c’est une explosion d’émotions et de confettis dorés. Je vous explique : quelle que soit la version de l’émission (Incroyable Talent, America’s Got Talent, Britain’s Got Talent) le concept reste le même : des candidats viennent performer devant un jury qui décide s’ils passent à l’étape d’après. Un golden buzzer (buzzer doré pour les plus nuls en anglais) est situé au centre de leur table. S’il est pressé, le candidat saute les étapes et se qualifie directement pour les rounds en direct, qui correspondent souvent aux quarts de finale.
Maintenant, mettez-vous deux secondes à la place des candidats. La première étape pour eux : surmonter le trac de la scène et des caméras. Ensuite, pendant la prestation, ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour espérer convaincre le jury. Enfin, soulagés d’avoir terminé, le répit est de courte durée puisqu’il faut désormais attendre le délibéré du jury. Les sens sont en éveil. Le cœur s’emballe. Les secondes s’éternisent. Et là, l’impensable se produit, un des jurés presse le golden buzzer. Submergés par l’émotion, les candidats exultent et nous livrent la plus spontanée des réactions, de quoi nous faire chialer derrière nos écrans.
Joseph Allen – L’héritage d’une famille reconstruite
Comment ne pas s’attacher à ce rayon de soleil, venu rendre fier une famille aimante. Avant même de rentrer sur scène, le candidat fait un marché avec Terry Crews, le présentateur d’America’s Got Talent. Il lui fait promettre que s’il obtient un golden buzzer, il devra le rejoindre sur scène pour le prendre dans ses bras. Il n’y a qu’un pas entre l’assurance et l’arrogance, et Joseph Allen est un merveilleux funambule. Sourire communicatif, regard pétillant, il a attendu ce moment toute sa vie. Si bien qu’il a écrit une chanson pour l’occasion. Le refrain est un pur banger. Je n’en dis pas plus, place aux larmes.
“Ce jeune homme est ici à la poursuite de ses rêves, j’espère que c’est clair pour vous.” L’histoire est belle, mais malheureusement le chanteur de 21 ans sera éliminé dès les quarts de finale. Pas de quoi le décourager. En 2020, il sort un album, et aujourd’hui, il alterne entre musique, TikTok et vidéos de motivations.
Malakai Bayoh – L’enfant à la voix d’ange
Bon, j’espère qu’il vous reste des larmes, parce que j’envoie mon meilleur élément. Le chanteur le plus pipou qu’il vous ait été donné de voir : Malakai Bayoh. L’insouciance et la simplicité de cet enfant à la voix si puissante me rendent toujours gaga. Nous voilà en Angleterre dans Britain’s Got Talent (oui Simon Cowell fait aussi juré pour la version anglaise). Malakai Bayoh, 13 ans, est venu accompagné de sa mère et de sa sœur. Déjà dans sa bulle au moment de se présenter au jury, il fait des réponses courtes et expéditives qui le rendent encore plus attachant, et puis… il se met à chanter.
D’habitude, je trouve l’opéra chiant à mourir, mais là… C’est particulier de voir ce gamin tout frêle sortir quelque chose d’aussi pur et puissant. Après sa prestation de contre-ténor, Malakai récupère son sourire insouciant et se met à jouer dans les confettis, il est redevenu un enfant (le moment où il met des confettis dans sa poche me fait toujours craquer).
Malakai continuera d’enchanter le public jusqu’en finale, où il terminera à la quatrième place (sur 10). Pas de quoi freiner le jeune prodige qui vient de sortir son tout premier album d’opéra, intitulé Golden (vous avez la réf’).
Mandy Harvey – La chanteuse sourde
Atteinte d’une maladie qui lui fait progressivement perdre l’ouïe, Mandy Harvey devient définitivement sourde à l’âge de 18 ans. Elle décide alors d’arrêter ses études de musique, avant de tomber en dépression. Dix ans plus tard, là voilà sur le plateau d’America’s Got Talent pour interpréter Try, un morceau dans lequel elle revient avec légèreté sur son combat permanent contre le handicap. C’est à l’aide d’accordeurs visuels, de sa mémoire musculaire et en domptant les vibrations qu’elle a progressivement réappris à chanter.
“Mandy, je ne pense pas que t’aies besoin d’une traductrice pour ça“, ce sont les mots de Simon Cowell avant de presser le golden buzzer. La belle histoire de Mandy Harvey ne s’arrête pas là. La chanteuse ira jusqu’en grande finale et terminera quatrième de cette 12e édition d’America’s Got Talent. Depuis l’émission (2017), Mandy Harvey a sorti deux nouveaux projets (en 2019 et 2022) et a lancé un site sur lequel elle répertorie toutes ses actualités.
Bon, on a assez pleuré. Si vous n’avez pas été réceptif, désolé, c’est mon petit plaisir coupable à moi. Chacun son truc. Et pour ceux qui en voudraient plus, perdez-vous sur YouTube. J’ai sélectionné des prestations chantées parce que j’en suis friand, mais tout a déjà été golden buzzé : danseurs, humoristes, magiciens… vous trouverez votre bonheur, j’en suis sûr.