“Je ne suis pas un rappeur, je suis un artiste” : pourquoi ne pas être fier d’être rappeur ?

“Je ne suis pas un rappeur, je suis un artiste” : pourquoi ne pas être fier d’être rappeur ?

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Par Yasmine Mady

Publié le

Rappeur ou artiste ? Pourquoi tant de rappeurs cherchent-ils à se distancier de cette étiquette dans les sphères médiatiques et culturelles ?

Tyler, The Creator vient tout juste d’annoncer sa tournée internationale CHROMAKOPIA, et les réactions fusent déjà sur la toile. L’une d’elles, signée @Bandzfanon, a particulièrement retenu notre attention. Dans un tweet ironique, ce dernier déclarait : “C’est la tournée du ‘Je ne suis pas un rappeur, je suis un artiste.’” Une remarque qui laisse entendre que Tyler, avec ses sonorités inspirées de multiples genres, ses univers visuels disruptifs, sa personnalité hors norme et ses multiples casquettes professionnelles, ferait partie de ceux qui rejettent l’étiquette de “rappeur” et préfèrent celle d’”artiste”. Une revendication qu’on entend de plus en plus de la part de rappeurs dans les interviews. Mais mauvaise pioche @Bandzfanon ! Ce commentaire a ramené sur le devant de la scène une interview de Tyler pour RapCaviar, dans laquelle il revendique fièrement son identité de rappeur :

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“Je suis un rappeur. J’adore être un rappeur. C’est beau. On est bon avec les mots, avec le rythme. On entend des sons différents et on est capable de les assembler. Ça demande des compétences. Nous maîtrisons les récits. On comprend les sentiments et on sait les exprimer pour que chacun puisse mieux se comprendre. Être un rappeur, c’est génial ! On est d’excellents conteurs d’histoires.”

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Par ces mots, Tyler démontre que l’étiquette de rappeur n’est ni limitante ni limitée. Bien au contraire, elle permet une multitude de possibilités créatives. Cette déclaration fait écho à un débat plus large. Le rap, issu d’une contre-culture, a longtemps été méprisé et continue d’être perçu aujourd’hui comme un art moins “noble” que d’autres. C’est le fameux mépris de classe. Ce mépris n’a fait que renforcer le besoin, chez certains rappeurs, de vouloir se défaire de l’étiquette de “rappeur” pour se définir comme “artiste”, comme si ce dernier terme pouvait offrir une forme de reconnaissance que le rap ne permet pas dans les sphères médiatiques et artistiques. Les rappeurs sont pourtant bel et bien des artistes.

Être en “campagne pour le rap”

Le rappeur Tuerie nous confiait dans une interview se sentir en “campagne pour le rap” : “Tu sais, je me sens en campagne pour le rap, parce qu’il y a beaucoup d’artistes qui esquivent en disant ‘Non, je ne suis pas un rappeur, je fais bien plus que du rap.’ Mais ça veut dire quoi ? Si ta base, c’est le rap, alors tu es un rappeur. Moi, je me considère comme un rappeur, mais qui ne fait pas que rapper. Je chante parce que j’ai toujours refusé qu’on me mette dans une case. Je suis un rappeur qui aime chanter, et je déteste qu’on me dise ce que je suis censé faire.” Tuerie et Tyler, dans leur pluralité, portent un message crucial, celui de revendiquer l’identité de rappeur, sans chercher à se renier pour obtenir une validation élitiste et ainsi affirmer pleinement leur légitimité.