“Je connais un violeur” : le Tumblr en tableau noir

“Je connais un violeur” : le Tumblr en tableau noir

Tuer un mythe. Celui du violeur au visage sombre, celui de l’inconnu du dernier ou du premier métro. Telle est l’intention de Pauline, 27 ans, créatrice du site Je connais un violeur. Insister aussi sur le fait que dans 80 % des cas, la victime connait son agresseur à tel point que 67% des viols se passent chez elle ou chez lui. Une donnée que Pauline et les témoignages ont bien l’intention de mettre en lumière.

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Et la lumière fut. En 4 jours, le Tumblr a vu ses contributions exploser. Plus de 250 témoignages envoyés dont une centaine déjà publiés ont envahi la boîte de modération et le nombre de lecteurs est grandissant. Un succès aussi triste que réaliste mais pour autant, les souvenirs relatés n’ont pas l’oeil humide.

Les récits y sont narrés de la façon la plus pragmatique qui soit : c’était un ami, mon voisin, l’ami de mes parents, mon cousin, un copain. Des anecdotes encadrées du poids de l’anonymat mais sans victimisation et tout en ayant la force de respecter l’anonymat des violeurs dont les noms ne sont pas mentionnés. Seul leur statut relationnel est précisé afin que ceux pour qui le viol n’est qu’une affaire de sombre coupe-gorge réalisent.

Le reste, ce sont des histoires personnelles. Chaque témoignage est une couleur distincte. Quant à l’ensemble, c’est juste le mur de la réalité que l’on se prend en pleine face. Et on le sait tous, se cogner à un mur ça fait mal, même si c’est celui d’un blog.

Plateforme exutoire

Ce Tumblr n’est pas la première plateforme de témoignages. Les associations de victimes sont nombreuses à porter l’étendard de cette cause mais les chiffres demeurent éloquents. En 2012, la France comptait en effet 75 000 viols estimés pour seulement 10 885 déclarés. La raison est simple : la honte qu’éprouvent la plupart des victimes de viol les empêche de parler et dénoncer ce qui leur a été fait.
En ce moment, au Mexique, une femme est recherchée sous le nom de “Diana, chasseuse de chauffeurs”. Cette mystérieuse femme a revendiqué les meurtres de conducteurs d’autocars pour venger les viols que certains d’entre eux auraient commis sur elle et sur de nombreuses autres femmes. Dans une lettre, elle a écrit ceci :

Mes camarades et moi avons souffert en silence, mais nous ne pouvons plus nous taire, nous avons été victimes des violences sexuelles de conducteurs qui assuraient les liaisons nocturnes des maquilas à Juarez, mais même si les gens connaissent notre souffrance, personne ne nous défend ni ne fait rien pour nous protéger

Un fait divers extrême et qui révèle l’étendue mondiale du fléau mais le sens de ce Tumblr n’en est du coup que plus fort: la parole lue ou entendue s’avère dans ce cas-là nécessaire et libératrice.