L’actrice Isild Le Besco, qui avait pris la parole contre Benoît Jacquot à la suite de Judith Godrèche, annonce avoir porté plainte contre le cinéaste, après avoir hésité longuement à le faire, dans un entretien à Libération diffusé mercredi. La comédienne de 41 ans avait laissé entendre fin février qu’elle envisageait cette action judiciaire, avant d’expliquer quelques semaines plus tard dans son livre Dire vrai (édition Denoël) qu’elle ne se sentait pas prête à le faire.
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“Isild Le Besco entreprend une démarche courageuse de cohérence et d’exemplarité avec le dépôt de cette plainte”, a réagi auprès de l’AFP son avocat, Me Benjamin Chouai. Selon lui, la plainte a été déposée auprès de la brigade des mineurs et vise des faits de viols sur mineure de plus de 15 ans et de viols qui auraient été commis entre 1998 et 2007.
“Avec cette plainte, ce n’est pas tant que j’attaque Benoît Jacquot, mais que je soutiens les femmes qui le font et s’exposent ainsi publiquement. Moralement, je m’y sens obligée, même si seule, je ne l’aurais pas fait”, déclare à Libération Isild Le Besco, repérée dans le long-métrage Sade de Benoît Jacquot en 2000. “Au fond, que Benoît tombe seul, je trouve ça injuste. D’autres hommes m’ont abîmée, et pas seulement dans le milieu du cinéma. Si je porte plainte, c’est parce que je veux que ce système de domination, sans cesse reconduit, s’enraye. […] Je ne me galvanise pas de saisir la justice, ce sera un moment difficile, mais je sais que je dois le faire”, poursuit-elle.
Soulignant qu’il est “très dur de mettre des mots sur des événements traumatiques”, elle ajoute anticiper que “[sa] plainte sera sans doute classée sans suite” et critique la justice en affirmant avoir à plusieurs reprises porté plainte dans sa vie, notamment en 2018 pour “violences conjugales”, sans qu’il y ait une suite.
Une autre actrice, Judith Godrèche, 52 ans, a porté plainte contre Benoît Jacquot, et un autre réalisateur, Jacques Doillon, pour des violences sexuelles et physiques qui remonteraient à son adolescence. À la suite des accusations portées par Mme Godrèche, devenue le fer de lance du mouvement #MeToo en France, le parquet de Paris avait ouvert une enquête contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, qui contestent tous deux les faits.