Beyoncé époque Destiny’s Child avec un chapeau de cowboy rouge assorti à sa tenue, Rihanna à la plage en maillot de bain et chapeau de paille, Mary J. Blige qui pose en cowgirl : des comptes Instagram dédiés ressortent des pépites de l’imagerie cowboy adoptée par des artistes afro-américains.
À voir aussi sur Konbini
De la pop culture aux influenceur·se·s, The Yee-Haw Agenda (concentré d’imagerie “black cowboy” réappropriée par le monde de l’entertainment) et Black Girls in Cowboy Hats (le pendant exclusivement féminin) veulent mettre en lumière une partie occultée de l’héritage des États-Unis et du Far West.
Si les années 2000 ont offert un beau revival de la mode cowboy, notamment chez les artistes hip-hop et R’n’B, le chapeau Stetson est bel et bien de retour aujourd’hui. Pour Bri Malandro, créatrice du compte The Yee-Haw Agenda, ce retour en force a été amorcé avec le titre “Daddy Lessons” de Beyoncé en 2016.
Azealia Banks, Travis Scott ou Cardi B lui ont emboîté le pas, que ce soit dans les sonorités country, dans le style vestimentaire ou dans les inspirations visuelles de leurs clips. Les influenceur·se·s ont également repris l’imagerie cowboy dans leurs photos sur Instagram ou sur Twitter et le terme de “Yee-Haw Agenda” ou “Black Yee-Haw Agenda” est de plus en plus utilisé pour évoquer cette réappropriation, raconte Dazed.
Remettre en lumière l’histoire des Noirs dans le Far West
Il faut bien dire que quand on pense “cowboy”, on pense John Wayne, Clint Eastwood ou Lucky Luke : des hommes blancs à cheval qui tirent plus vite que leur ombre. Hormis le Django de Tarantino, il y a peu de personnages noirs mis en scène dans le Wild Wild West. Or, entre les années 1860 et 1880, un quart des éleveurs de bétail étaient noirs, et étaient soit d’anciens esclaves, soit nés dans les familles d’anciens esclaves.
Avant même cette époque, ce sont les Amérindiens, appelé “vaqueros” qui s’occupaient des troupeaux pour les ramener aux colons espagnols du Mexique.
“Les cowboys noirs ont toujours existé malgré l’image que la plupart des gens ont en tête quand ils entendent le mot ‘cowboy’. Je pense que la chose principale que j’ai apprise est que beaucoup de gens n’ont aucune idée que ça a été le cas”, explique la créatrice du compte The Yee-Haw Agenda.
Bri Malandro a commencé à partager ses trouvailles sur Twitter en novembre dernier. En mars, elle a lancé son compte Instagram. “Avec toutes ces célébrités qui adoptent la tendance, Malandro a la conviction que son compte Instagram aidera les gens à comprendre une partie de l’histoire noire qui a été éclipsée et oubliée à cause du whitewashing des médias et du racisme général américain”, résume Dazed.
“L’image d’une femme noire portant un chapeau de cowboy en ce moment – historiquement, politiquement, culturellement –, c’est l’antithèse d’un vieil homme blanc portant un chapeau de Make America Great Again, de ce nouveau truc nationaliste et anti-Noirs. Ce sont des femmes noires qui récupèrent un vieux morceau d’Americana, et il y a quelque chose de vraiment cool et puissant à ce sujet”, explique Malandro à Man Repeller à propos du compte Black Girls in Cowboy Hats.
Le retour de l’esthétique cowboy va en réalité bien plus loin que quelques photos sur un réseau social. Le mouvement s’est répandu partout dans la musique. Des dizaines de jeunes artistes s’en inspirent et se le réapproprient à l’image du récent Lil Nas X et son hit country-rap Old Town Road, ou encore de Solange, dans l’univers visuel de When I Get Home, qui rend hommage aux cowboys noirs de son enfance au Texas.
“Nous avons dû réécrire ce que l’histoire noire signifiait pour nous depuis la nuit des temps… Ce n’est pas juste une esthétique, c’est quelque chose que nous vivons réellement”, raconte la chanteuse américaine.