Difficile de fixer un chiffre sur un chef-d’œuvre dont la valeur paraît “inestimable” par son importance historique et artistique, en particulier s’il est conservé dans un musée. C’est pourtant une question à laquelle doivent répondre les assurances lorsqu’elles établissent les contrats en vue d’éventuels dommages et remboursements. Mais comment s’y prennent-elles ?
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Chez les collectionneur·se·s, le marché donne le ton. “La valeur d’une œuvre est déterminée par sa valeur de marché”, explique à l’AFP Daphné de Marolles, responsable de la branche art de l’assureur Axa XL en France. “Sur le marché de l’art, il y a des missions d’expertise, il y a les maisons de vente qui vont donner une valeur à l’œuvre” en fonction de plusieurs paramètres, notamment “la cote de l’artiste”.
Les assureurs pourront alors s’appuyer le prix de vente, en “demandant des bordereaux d’adjudication ou d’autres preuves”. Cependant, “les œuvres d’art qui sont dans les musées sont rarement passées sous le marteau d’une maison de vente, donc on n’a pas une valeur marché”, explique Mme de Marolles. Il faut alors trouver une autre solution.
Dans les musées, faire confiance aux conservateur·rice·s
Pour les œuvres conservées dans les musées, “c’est l’institution qui fixe la valeur”, indique à l’AFP Irène Barnouin, responsable au sein de la branche art France de l’assureur WTW, car “ce sont les conservateurs et les entités qui y travaillent qui ont la meilleure connaissance de la valeur de leurs œuvres, ce sont eux les experts”.
Et “lorsque l’évaluation émane des institutions muséales, l’assureur ne la met pas en doute”, affirme Mme Barnouin. Sachant qu’on assure “tous les jours des centaines d’œuvres lors de leurs déplacements”, “on ne pourrait pas faire intervenir à chaque fois un expert”, explique-t-elle. “Donc on se fie au professionnalisme de l’institution.”
Dans le cas d’un prêt pour une exposition temporaire, le musée qui reçoit cette exposition et les prêteur·se·s (qui peuvent être une institution, un·e particulier·ère…) “se mettent d’accord sur une valeur de l’œuvre”, qui est spécifiée dans la convention de prêt, précise Mme de Marolles. Dans tous les cas, la valeur “agréée” est alors inscrite dans le contrat d’assurance et va déterminer “la valeur en cas d’indemnisation nécessaire”.
Une science inexacte
Malgré tout, déterminer la valeur d’une œuvre ne relève pas d’une science exacte. “Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a des approches de valorisation qui sont différentes en fonction des pays”, révèle Mme Barnouin. À titre d’exemple, les États-Unien·ne·s “valorisent en général leurs œuvres d’art un peu plus” si on compare aux Européen·ne·s, explique l’experte.
Et pour quelques œuvres vraiment emblématiques, chiffrer leur valeur réelle et dédommager leurs propriétaires en cas de disparition pure et simple est quasiment impossible. “Si je devais prendre un exemple, je dirais La Joconde. Ce serait extrêmement difficile d’estimer la valeur réelle de La Joconde“, concède Mme de Marolles.
L’experte en assurance explique qu’il existe “deux types de sinistres” : celui “où vous n’avez plus l’œuvre, où elle est partie en fumée, appelée ‘perte totale'” et “le sinistre où vous avez toujours l’œuvre, qu’il va falloir restaurer”. Pour La Joconde et “ce genre d’œuvres” inestimables, “on accompagnera très probablement toujours” en cas de restauration, estime-t-elle.