Ils ne se sont pas toujours aimés mais ils ont dû cohabiter pendant des mois : 80 œuvres d’Eugène Delacroix emménagent au Musée Gustave Courbet d’Ornans, dans le Doubs, qui organise une exposition sur les deux grands peintres du XIXe siècle, jusqu’au 4 février 2024. À Paris, le musée national Eugène Delacroix, rattaché au musée du Louvre, doit fermer ses portes pour des travaux de rénovation, l’occasion de déplacer une partie de ses collections au musée d’Ornans, ville natale de Gustave Courbet (1819-1877).
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Entre ce “rude ouvrier” du réalisme et Eugène Delacroix (1798-1863), “vieux lion du romantisme” de vingt ans son aîné, l’incompréhension prévaudra un temps. À propos des Baigneuses de Courbet (1853), Delacroix déplorera dans son journal “la vulgarité et l’inutilité de la pensée”.
Quant au plus jeune, il ne manquera pas d’insolence envers son prestigieux aîné : “J’en ferais bientôt autant si je voulais”, s’écriera-t-il en 1824 devant Les Massacres de Scio, un tableau de Delacroix désormais exposé au Louvre. “Delacroix serait un très grand peintre si le relâchement, le dévergondage de ses formes n’arrivaient pas jusqu’au fantastique”, osera même Courbet.
Les choses changeront en 1855, lors d’une visite de Delacroix au Pavillon du réalisme à Paris, où est exposé L’Atelier du peintre de Courbet. “Je ne pouvais m’arracher de cette vue”, confiera l’ancien, saluant “un chef-d’œuvre”. Le Musée Eugène Delacroix, installé dans le dernier appartement et atelier du peintre rue Furstenberg à Paris, rouvrira ses portes en mars 2024.