Chaque année ou presque, un nouveau titre s’enorgueillit d’avoir percé les secrets du sourire de Mona Lisa. En ce 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, un ancien chirurgien-dentiste a ravivé l’hypothèse de la syphilis. Le traitement de cette infection aurait forcé une des modèles du maître italien à poser la bouche fermée.
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Le lendemain de la fête des morts, les invité·e·s des Rencontres archéologiques d’Eure-et-Loir se sont intéressé·e·s à ce mystérieux sourire vieux de plus d’un demi-millénaire. Dominique Jagu, vice-président du Comité archéologique de la région, a utilisé son expérience dans le domaine dentaire pour corroborer une thèse ayant déjà vu le jour outre-Atlantique il y a quelques années.
La Joconde de Léonard de Vinci
S’il est acté que le modèle de la Joconde était Mona Lisa Gherardini, l’épouse d’un riche marchand florentin du nom de Francesco del Giocondo, il semble tout de même que Léonard de Vinci s’est inspiré de différents visages afin de parfaire son célèbre tableau, notamment de celui d’Isabelle d’Aragon, une duchesse milanaise, rapporte L’Écho républicain.
“La sépulture d’Isabelle d’Aragon a été retrouvée dans une crypte de l’abbaye de San Domenico Magiore à Naples, a rapporté Dominique Jagu ce week-end. L’analyse de ses dents a révélé que l’émail et une grande partie de la dentine jaune (ivoire) avaient disparu et les collets (zone entre la couronne et la racine, sous la gencive) présentaient une coloration noire [et un dépôt important de sels de mercure].
L’utilisation du mercure, en pommade ou vapeurs, était conseillée pour le traitement de la syphilis jusqu’à l’apparition de grave stomatite.”
Le fameux sourire mélancolique de la Joconde s’expliquerait donc par une maladie – visible jusque sur ses dents – qu’elle aurait visiblement souhaité cacher.
Un mystère éternel ?
Si le sourire de Mona Lisa est si mystérieux et mélancolique, ce n’est plus seulement pour ce qu’il est de façon intrinsèque (un des premiers portraits où le modèle sourit) mais plutôt pour ce qu’il représente, c’est-à-dire une source inépuisable d’hypothèses pour scientifiques et aficionados de l’histoire de l’art.
La liste d’hypothèses concernant l’origine du sourire de la jeune femme est longue : pour certain·e·s, elle serait atteinte d’une hyperthyroïdie caractérisée par “la teinte jaunâtre de [s]a peau, [son] visage légèrement gonflé, [s]a chevelure clairsemée et [son] front haut, la rareté [de ses] poils et [sa] quasi-absence de sourcils, ainsi que la présence de plusieurs grosseurs sur son visage et son corps, près de son œil gauche, sur sa main droite et au niveau de sa gorge” (tel que le précisait Futura Sciences en 2018) ; tantôt que pour d’autres, elle souffrirait d’une hypercholestérolémie décelée dans l’œil droit de la Gioconda grâce à “une petite poche de xanthelasma, un dépôt de lipides de couleur chamois, signe d’un taux de cholestérol élevé” (selon les propos rapportés par la RTS).
D’autres équipes sont plus optimistes et ne voient dans son sourire discret que l’épanouissement d’une jeune mère voire, tout simplement, “l’expression d’une femme heureuse”. Syphilis ou bonheur pur, la Joconde n’a quoi qu’il arrive pas fini de faire parler d’elle.
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