Hot take, c’est deux membres de notre rédaction qui s’opposent avec beaucoup de recul (non) sur des sujets très importants du quotidien.
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C’est évidemment une question centrale qui nous concerne tous : peut-on vraiment profiter d’un concert assis ? À Konbini, les avis sont très partagés. Pour cet article, on a demandé aux deux plus énervées de s’exprimer.
Julie
À chaque fois que je vais à un concert, je ne peux pas m’empêcher de fixer tous ces gens qui, depuis leurs places assises, surplombent la fosse et écoutent sagement leur artiste préféré se déchaîner sur scène et de me dire qu’elles et ils ont une vie bien triste. Car il n’y a rien de pire, de plus illogique, de plus antithétique, que d’assister à un concert les fesses collées à un siège — quand on est valide, bien sûr.
Là où nous sommes, vulgaire plèbe grouillante dans la fosse, les gens se collent, on piétine, on en rigole, les discussions se lancent et, une fois le concert qui débute, on saute tou·te·s ensemble, de concert — sans mauvais jeu de mots. Au contraire, là où la team “assis” entend “profiter” de sa soirée, c’est le calme plat et règne un individualisme glaçant. On ne sait pas quoi faire de ses mains, on fixe droit devant soi… Bref aucune place n’est laissée à la spontanéité des rencontres, à l’alchimie musicale. Mais qu’est-ce que la chaleur humaine face à une voûte plantaire bien reposée ? Rien, nous répondront-ils. Rester assis, c’est rester loin des autres, loin des artistes, loin de tout, mais proche de son petit confort personnel.
La vérité, c’est que quitte à être installé·e tranquillou-pépouse pour écouter 1 h 30 de son, autant le faire chez soi avec une bonne enceinte. Parce qu’un concert est bien plus qu’un lecteur de musique ; c’est une ambiance, une énergie qui circule entre des corps animés par le même rythme. Je me rappellerai toujours ce concert de Jain à l’Olympia, pendant la Fête de la musique. Elle nous avait fait tou·te·s sauter en même temps sur “Makeba”, on faisait tellement trembler le sol que j’arrivais à rebondir dessus. Et pendant ce temps, en haut, rien ne bougeait. À la limite, ça devait s’ambiancer en gigotant le petit doigt sur la cuisse. Super.
Alors oui, vous me direz que rester debout plusieurs heures, c’est fatigant, que les pogos, c’est dangereux, que se retrouver collé·e à tout le monde, c’est désagréable. Je vous répondrai qu’il n’y a rien de plus désolant que de s’asseoir à un concert. Entre la fatigue et la désolation, j’ai choisi mon camp.
Lucie
Je fais 1 m 57. J’ai désormais plus de 30 ans. Est-ce que j’ai une tronche à avoir envie de patienter deux heures debout au milieu de gens en sueur, avant que mes rappeurs préférés arrivent enfin sur scène ? Non. La musique et les concerts ne sont pas réservés aux jeunes ou aux pogoteurs. La preuve : des places assises existent.
Mais d’ailleurs, qui reste vraiment assis·e pendant un concert ? Personne. L’avantage d’avoir pris une place assise, c’est qu’on a le choix. Le choix de patienter assis en mangeant tranquillement un paquet de Lay’s et en sirotant un Coca en attendant que ça commence, sans que personne ne nous pousse. Le choix de se lever quand ça commence. Le choix, surtout quand on fait 1 m 57, de n’avoir personne qui nous gêne devant. Le choix, enfin, de se rasseoir quand une chanson ne nous intéresse pas pour reprendre des forces et de la voix.
Le choix de ne pas être bousculé·e pendant trois heures, le choix de ne pas se prendre trois pintes sur le débardeur, le choix de pouvoir aller en chercher une sans perdre ma place et le choix de ne pas avoir à supporter l’insoutenable odeur de sueur de fin de journée des voisins. Le choix tout simplement d’avoir SA place, de la place. Et ça, pour kiffer, ça n’a pas de prix !