C’est une nouvelle peu ordinaire qui a été relayée ce lundi 13 octobre : des séances du film horrifique Annabelle ont été annulées dans plusieurs villes de France. Explications.
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1. Annabelle : le succès surprise
Mercredi 8 octobre, face à Gone Girl et Mommy, un outsider horrifique sortait : Annabelle (Warner France). Spin-off de Conjuring : Les dossiers Warren (2013), le film sortait dans 219 salles de l’Hexagone et profitait d’une belle réputation outre-Atlantique : avec plus de 3000 salles au compteur, il réussissait l’exploit d’être dans les pattes, au box office, du nouveau David Fincher.
En France, il en a pris la tête avec 78.000 entrées dès le premier jour, soit 20.000 de plus que Gone Girl et Mommy, alors que ces derniers avaient une centaine de salles de plus. Le film d’horreur mainstream a été produit sous la coupe de James Wan (Conjuring, Annabelle, Insidious), a été réalisé par John R. Leonetti (Mortal Kombat : Destruction finale, L’Effet papillon 2) et profite d’un public jeune.
2. En salles, quelques débordements
Dans des salles françaises, des débordements ont eu lieu, a rapporté Métro. Des incidents notamment au cinéma Les 3 Palmes de Marseille qui, en réponse, a décidé de déprogrammer Annabelle “pour des raisons de sécurité” parce que la séance “avait été émaillée par plusieurs incidents les jours précédents”.
Sur Twitter, un certain @louistmysmile écrivait à ce propos :
@smilexfhoran_ @whutzaiyn Oui, samedi y'a eu des bagarres, la police à m'aide dût intervenir, les pompiers aussi..
— -13 JOURS (@louistmysmile) 13 Octobre 2014
Au cinéma Prado, toujours à Marseille, la décision a été similaire. Selon la direction, cela est dû à “une clientèle de jeunes pas faciles”. Dans un article des Inrocks, le journaliste Romain Blondeau explique :
Il faut aussi se rendre en salle, et faire l’expérience d’une séance publique, où se pressent des nuées de kids qui hurlent à chaque claquement de porte, s’apostrophent et, parfois, déconnent.
Résultat, le long métrage horrifique a aussi été retiré de l’affiche à Strasbourg ainsi qu’à Montpellier. D’après le critique ciné Alain Grasset, interrogé sur BFM TV, les jeunes vont voir ce film pour “se défouler” :
C’est un public très jeune, pour qui la séance constitue un défoulement : ils vont voir ça pour plaisanter mais c’est un prétexte au fond pour se défouler.
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3. Des précédents
Dire que c’est la première fois qu’un film d’horreur engrange ce type de comportements en France serait manquer de mémoire. Il suffit de retourner en novembre 2012 pour s’en assurer. Ce mois-là, c’est Paranormal Activity 4 qui est de sortie. Il réalise 600.000 entrées en une semaine d’exploitation dans l’Hexagone mais fait parler de lui pour ses incidents.
Cité par Première, un agent de sécurité affirmait à l’époque :
J’ai été insulté le soir de la sortie plusieurs fois. J’ai du demander le soutien de la sécurité lors de la sortie du public car les gens étaient surexcités mais surtout énervés à cause d’une projection mouvementée. Et franchement quand j’ai nettoyé après, c’était Bagdad dans la salle !
Le même mois, un autre film faisait les frais de ces comportements : Sinister, nouveau long métrage d’horreur avec Ethan Hawke et distribué en France par Wild Bunch, était déprogrammé de 40 salles en France à cause des débordements de certains spectateurs aux séances de Paranormal Activity 4.
Wild Bunch avait alors appelé à la responsabilité du public via son compte Facebook :
L’exploitation des films dits “de genre” n’étant pas facile en France, nous demandons donc à nos futurs spectateurs de bien vouloir être respectueux des règles de courtoisie et pour ceux qui le souhaitent, de ne pas hésiter à demander à leur cinéma de programmer le film la semaine prochaine. Cela permettra de continuer au mieux son exploitation et ainsi permettre au plus grand nombre d’entre vous de pouvoir le découvrir rapidement.
4. Un effet de loupe
En moins de 24 heures, c’est une bonne partie de la presse nationale qui a relayé ces débordements survenus à Marseille, Strasbourg ou Montpellier : Le Figaro, BFM TV, Métro, 20 Minutes ou le régional La Provence y sont allés de leur article.
Pour autant, l’effet de loupe est saisissant tant les incidents se révèlent anodins face au nombre de salles sur le territoire : la France comptabilise (chiffres de 2012) près de 2029 cinémas pour 5502 écrans.
Dans les articles, le lien est rapidement cousu entre jeunes et violence. Et BFM TV pose même une question très sérieuse :
Aurait-il fallu être plus sévère et interdire le film aux moins de 16 ans, voire aux moins de 18 ans ?