Hong Kong va passer au crible des films déjà sortis pour décider s’ils constituent une atteinte à la sécurité nationale, ont annoncé les autorités, qui entendent faire voter une nouvelle loi sur la censure encore plus draconienne. Ce futur texte est le dernier coup porté aux libertés politiques et artistiques du territoire semi-autonome, où Pékin a entrepris de réprimer le mouvement pro-démocratie qui avait mobilisé massivement la population en 2019.
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La loi sur la sécurité nationale imposée en juin 2020 par la Chine ainsi que la campagne des autorités locales, baptisée “Hong Kong dirigé par les patriotes”, ont criminalisé une grande partie de la dissidence et bâillonné le mouvement pro-démocratie. En juin, les autorités de Hong Kong avaient conféré à un comité en charge de la censure le pouvoir d’interdire tout film devant être à l’affiche qui constituerait une atteinte à la sécurité nationale.
Mardi, les autorités ont dévoilé un projet de loi sur la censure encore plus sévère, qui s’appliquera à tous les titres ayant déjà reçu le feu vert pour sortir sur les écrans. “Tout film destiné à être présenté au public, qu’il soit déjà sorti ou devant l’être, devra être approuvé“, a déclaré aux journalistes Edward Yau, ministre du Commerce. La nouvelle loi devra être adoptée par le Conseil législatif (Legco), le parlement de Hong Kong, qui ne compte plus aucun député d’opposition. La peine maximale encourue pour la projection de films sera de trois ans de prison et une amende de 1 million de dollars hongkongais (110 000 euros).
En Chine continentale voisine, rares sont les films ou documentaires en provenance de l’Occident autorisés à sortir sur les écrans du pays. Hong Kong fut jadis une place forte du cinéma asiatique, produisant, les années fastes, jusqu’à 200 films en cantonais qui recevaient un accueil enthousiaste chez les cinéphiles d’Asie et d’ailleurs. Le célèbre acteur Bruce Lee, adepte des arts martiaux, en est la figure de proue.
La ville continue de compter des studios de cinéma, des réalisateurs reconnus et une scène indépendante toujours dynamique. Mais les autorités exercent un contrôle grandissant sur la scène culturelle locale. En mars, un documentaire, Red brick wall, retraçant l’occupation de l’université PolyU en novembre 2019 par des étudiants pro-démocratie, avait été retiré de l’affiche. Le musée d’art M+, qui doit ouvrir ses portes dans quelques mois, a accepté une éventuelle censure d’œuvres pouvant contrevenir à la loi sur la sécurité nationale.
Konbini avec AFP