Grâce à Selena Gomez, Aya Nakamura et Miley Cyrus, on célèbre le Independent Girl Autumn après le Hot Girl Summer

Grâce à Selena Gomez, Aya Nakamura et Miley Cyrus, on célèbre le Independent Girl Autumn après le Hot Girl Summer

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© 2023 Interscope Records ; Label Rec. 118/2023 Warner Music France ; RCA Records

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Selena Socrate, Aya Freud et Miley Héraclite pour vous servir.

Je ne sais pas ce que ça a donné chez vous, mais de mon côté de Twitter (oui, oui, X…), l’été n’a pas été bien fameux. Les orages ont assombri les auspices de Hot Girl Summer et le monde ne s’est pas même pas mis d’accord sur un tube de l’été. Bref, nous ne sommes que le 25 août, mais je pense que tout le monde est d’accord pour passer à l’automne. Ça tombe bien, trois reines du bop international ont cette semaine eu à cœur de nous faciliter la tâche en partageant de nouveaux sons qui célèbrent renouveau et indépendance tout en nous faisant replonger dans nos cahiers de philo.

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Connais-toi toi-même, avec Selena Gomez

Avec “Single Soon”, Selena Gomez nous plonge dans une esthétique bien 2010, bien Leighton Meester qui se pavane dans un club avec ses cops, bien Sex and the City, et on ne dit pas non. Ce qui a changé en quelques années, c’est que le club ne pullule pas de testostérone et que la résolution de la vidéo ne tourne pas autour d’un dénouement romantique. Au contraire, ruisselante d’eau ou en mini-short devant son canapé en cuir, la chanteuse ne rêve que de ses périodes de célibat – dans le doute, elle a même floqué son pyjama de son mantra “Single Soon”.

Après des années cahoteuses faites de lupus, de greffe de rein et d’ex qui file le parfait amour avec une mannequin grande, blonde, aux yeux clairs, Selena Gomez affirme son pouvoir et son indépendance dans un son produit par Benny Blanco et Cashmere Cat. La miss est là pour profiter, pas pour réparer les pots cassés : “On s’est tous les deux bien amusés/Il est temps de passer à quelqu’un d’autre/On n’a qu’à dire que c’est parce qu’on est jeunes/Je choisis une robe/J’essaie ces chaussures/Parce que je serai bientôt célibataire/Je sais qu’il ira mal/Quand je lui annoncerai la nouvelle/Mais je serai bientôt célibataire/Je vais sortir avec qui je veux/Rentrer tard si je veux/Je vais faire ce que je veux”. Quelqu’un a des nouvelles de Zayn et Abel ?

@selenagomez

The struggle man lol

♬ original sound - Selena Gomez

À 31 ans, après avoir passé l’été à teaser son célibat à grand renfort de vidéos TikTok (et avoir rendu un plaid célèbre en une image), l’artiste balaie d’un revers de micro de karaoké les injonctions à se caser et les larmes de crocodile post-rupture. Concluant son clip d’un clin d’œil mutin, entourée de ses amies endormies, Selena prouve qu’elle n’a besoin de personne d’autre qu’elle-même. Elle suit ainsi les conseils de Socrate et son “Connais-toi toi-même” qui nous invite à suivre sa raison et à s’interroger, sans céder aux sirènes extérieures, afin d’autant mieux trouver sa place dans l’univers.

@selenagomez

Single Soon this Friday!

♬ original sound - Selena Gomez

Le sujet naît du non, avec Aya Nakamura

En bonne samaritaine qu’elle est, notant le manque cruel de sons de l’été, Aya Nakamura a volé au secours de la France pour lui offrir trois chansons cadeaux, dont le magnifique “Come back”. En trois minutes, l’artiste nous sert sur un plateau d’argent le discours à servir aux dalleux·ses qui quémandent un deuxième tour à la cantine :

“Tout ce que tu vois, tu l’auras pas
J’ai mauvais souvenir de toi
Mauvais souvenir de toi
Tu m’parles beaucoup, j’vais même plus calculer
[…]
Il veut refaire un come-back
T’as capté la go de ouf, comme ça
Maintenant, c’est mort, tu vois pas comme d’hab
Bébé, pardon, y aura pas d’come-back”

La chanteuse rappelle ici un essentiel de la psychanalyse : l’idée selon laquelle le sujet naît du non, c’est-à-dire que chacun et chacune d’entre nous prend place au sein du monde en posant ses limites et en osant affirmer son non.

On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, avec Miley Cyrus

L’ambiance mélodique est plus sombre chez Miley Cyrus et son “Used to Be Young”. Les yeux écarquillés, rapidement baignés de larmes, et les sourcils inquiets, la chanteuse déroule sa chanson face caméra, sans ciller. Entre ombres et lumières, elle médite sur les années écoulées et les critiques essuyées depuis ses débuts d’enfant star au sein de l’écurie Disney (symbolisé dans le clip par le T-shirt Disney qu’arbore l’artiste sous un bustier rouge de dame) : “Je sais qu’avant j’étais folle/Je sais qu’avant j’étais marrante/Vous dites que j’étais sauvage/Je dis que j’étais jeune”.

Tout le long de sa chanson, Miley Cyrus s’adresse à un “you” abstrait, représentant au choix son public, ses détracteur·rice·s, voire un·e proche : “Tu me dis que le temps m’a fait changer/C’est une bonne chose, j’ai bien profité”. Je ne vais pas vous mentir, j’ai trouvé un peu dur d’entendre une artiste de tout juste 30 ans parler d’elle au passé et estimer que ses années de zinzinerie sont derrière elle. Mais c’est peut-être parce que je n’ai moi-même pas encore atteint les 30 ans et la maturité qui va avec. Pour me rassurer, j’ai décidé que ce qui comptait ici, c’était la sérénité et l’apaisement de l’artiste : seule, stable, qui navigue en dépit des discours alentour.

“Cette chanson vise à honorer qui on a été, à aimer qui on est et à célébrer qui on deviendra”, résume Miley Cyrus dans un communiqué. En substance, la native du Tennessee convoque Héraclite et son idée qu’“on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve”, une façon de rappeler que rien n’est immuable, que nous ne sommes que changement et qu’on ne peut absolument rien y faire.