Ben C. Solomon livre un portrait intéressant de Toman Sasaki, un jeune Japonais à l’allure de star, leader du “genderless danshi”, ces jeunes hommes qui réfutent la notion de genre.
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Genderless in Japan, le documentaire de Ben C. Solomon, un journaliste du New York Times, nous plonge dans l’univers glamour et pop de Toman Sasaki. Le jeune homme présente à la caméra son rituel matinal et ses réflexes de beauté. Focalisé sur son image, notre héros japonais, très maigre (à peine une quarantaine de kilos, nous explique son manager) est aussi une bête de podium, qui a séduit la mode avec son côté androgyne et insaisissable.
Fort de plusieurs clips, il est aussi chanteur et danseur dans un groupe. Ces multiples casquettes font de lui un homme médiatique, un candidat parfait pour la télé-réalité. Mais il préfère se servir des caméras pour livrer un discours sur le genre, qui ne passe plus inaperçu.
Leader du “genderless danshi”
Toman Sasaki, ongles vernis, coupe de cheveux asymétrique, fond de teint et blush, est l’un des leader du “genderless danshi“, ces jeunes hommes qui réfutent la notion de genre. Toman Sasaki méprise ce système binaire du masculin et du féminin, ancré depuis des lustres dans nos sociétés. Pour lui, le genre existe mais n’est pas nécessaire.
Selon lui, elle serait même un frein à l’épanouissement personnel. Pourquoi limiter son style à cause de la notion de “genre”, qui empêcherait les hommes de porter des fringues pour femmes ? De toute façon, il n’arrive pas à être viril, et ne veut pas devenir une femme.
Le style comme échappatoire
Quand des inconnus lui demandent ce qu’il est, il répond par automatisme : “Je suis un homme.” Lorsqu’il est face à la caméra du documentariste, il explique que le seul moyen à ses yeux d’échapper à ce problème de genre est de miser sur la beauté : seul son style le révèlera véritablement.
Fruit d’une union de parents designers, il a forcément développé rapidement une sensibilité artistique et créative. Il n’est donc pas anormal qu’il se penche autant sur la mode, avec un temps d’avance. Il a bien conscience de vivre sur une autre planète, comme un peu perdu dans cette société japonaise, très à cheval sur les bonnes conduites et le respect, qu’il juge peu innovante en ce qui concerne la mode :
“Les personnes âgées me disent de ne pas m’habiller de cette manière. Les gens me voient me maquiller et me disent que c’est répugnant.”
Il sent bien le regard des autres sur lui, lorsqu’il se balade sous les néons de la capitale high-tech, mais jamais il ne s’excusera d’exister. Au contraire, il refusera de se cacher sous ses vêtements, qui seront une force, une manière de revendiquer ses idées, pour mieux s’affirmer. Et c’est ce choix-là, explique-t-il, qui le rend viril.
Un portrait fascinant et inspirant.