G-Dragon Facebook
À voir aussi sur Konbini
Si jeune et déjà unique en son genre
Kwon Ji Yong naît à Séoul le 18 août 1988 (18/08/1988) et, dans un pays comme la Corée du Sud où le chiffre 8 porte bonheur, cette date de naissance présageait déjà un grand avenir à ce petit garçon. Ce chiffre 8 deviendra l’un des symboles de G-Dragon, et ce dernier ne cessera de se vanter de cette date d’anniversaire, avec plus ou moins d’ironie, dans ses textes ou lors de ses interviews.
Dès sa plus tendre enfance, Ji Yong montre des prédispositions à devenir chanteur. Il a à peine 6 ans lorsqu’il monte pour la première fois sur scène avec le groupe Little Roo’Ra, l’équivalent précoce de Kids United. Malheureusement, le contrat avec son label se termine après un album et le jeune garçon abandonne l’idée de devenir artiste. Ji Yong est malgré tout repéré à l’âge de 8 ans par SM Entertainment (le label actuel de SuperM et NCT).
Il intègre donc SM en tant que trainee (aspirant artiste) et commence à prendre des cours de danse. Mais il découvre le hip-hop en écoutant le Wu-Tang Clan et la direction artistique de son label – très orientée pop – ne lui convient plus. C’est donc à 13 ans que Ji Yong prend une des décisions les plus importantes de sa vie : il quitte SM pour rejoindre YG Entertainment, label qui est à l’époque composé de beaucoup de rappeurs.
Yang Hyun-Suk, artiste aujourd’hui à la retraite et PDG de YG à l’époque, ne cessera de répéter à quel point il a été surpris par le talent de celui qu’on appelle désormais G-Dragon. Le don de ce dernier pour le rap, sa capacité à écrire des textes et surtout sa présence sur scène sont exceptionnels pour un enfant de cet âge. Dès cette époque, G-Dragon commence à livrer des performances aux côtés des aînés de son label et devient un des plus jeunes rappeurs de Corée du Sud.
Aujourd’hui, le hip-hop est au pic de sa popularité en Corée, et les rappeurs pullulent littéralement. Mais au début des années 2000, le genre peine encore à rencontrer son public dans le pays, il est donc très surprenant qu’un gamin de 13 ans nourrisse une passion aussi dévorante pour le rap. G-Dragon est donc un véritable pionnier en la matière.
Des débuts explosifs avec Big Bang
En parallèle de ses activités de rappeur, le jeune Ji Yong continue le chant et la danse, en tant que trainee sous YG Entertainment. À cette époque, le label flaire que les groupes d’idols ont le vent en poupe et décide de former son propre groupe de K-pop. C’est ainsi que G-Dragon rejoint Taeyang, T.O.P, Daesung et Seungri, et devient ainsi le leader d’un quintette appelé Big Bang, qui marque ses débuts officiels en 2006.
Si le groupe reçoit un bon accueil dès ses premières scènes, le succès explosif arrive en 2007, avec la sortie d’un EP intitulé Always. Le disque contient “Lies”, un morceau écrit par G-Dragon lui-même. D’ordinaire, les idols coréens ne composent pas leurs chansons, c’est plutôt le label qui les leur impose. Mais G-Dragon fait exception à la règle, en montrant encore sa volonté d’imposer sa patte musicale. “Lies” devient rapidement un véritable carton national.
Big Bang devient alors un des groupes les plus populaires de Corée, à une époque où la concurrence entre les artistes K-pop commence réellement à devenir rude. Le quintette continue sur sa lancée, en enchaînant des albums à succès et en livrant des hits qui sont aujourd’hui tous devenus des classiques de la pop coréenne, comme “Last Farewell” (2007) et “Day by Day” (2008).
À cette époque, Big Bang continue de s’inspirer du hip-hop et de R’n’B, même si la pop et l’électro commencent doucement à infuser ses morceaux. Une spécificité qui détonne dans le paysage musical coréen de l’époque. Rétrospectivement, on peut affirmer que les membres de Big Bang ont été parmi les premiers à populariser les codes et l’esthétique du hip-hop en Corée et auprès d’un large public.
G-Dragon prend son envol
Alors que Big Bang est déjà au sommet, G-Dragon prend un nouveau tournant dans sa carrière en 2009, qui va lui permettre de s’imposer en tant que roi de la K-pop. Cette année-là, le jeune rappeur revient avec Heartbreaker, son tout premier album solo, porté par le single éponyme. Le disque est un véritable carton, dépassant les 300 000 ventes, score réellement exceptionnel dans un pays où le public est plus friand de groupes que d’artistes solo. Le morceau “Heartbreaker” devient un phénomène comme la Corée en a rarement connu.
Quiconque découvrirait la chanson aujourd’hui serait sûrement rebuté par la voix de G-Dragon, autotunée à l’excès. Si “Heartbreaker” sent profondément les années 2000 et n’est peut-être pas le morceau du rappeur qui a le mieux vieilli, les sonorités explorées par ce dernier sont novatrices. Tous les jeunes de l’époque se mettent à imiter G-Dragon et sa façon si particulière de tordre les syllabes en rappant. C’est la première fois, peut-être depuis Seo Taiji and Boys, qu’un rappeur a une aussi grande influence en Corée.
À partir de cette époque, G-Dragon devient une des icônes culturelles les plus importantes du pays (si ce n’est la plus importante). Le jeune artiste continue sur sa lancée et revient en 2010 avec T.O.P, son collègue de Big Bang, pour former le duo de rappeurs GD & TOP, dont l’album se place une nouvelle fois au sommet de tous les charts coréens.
À la conquête du monde
En 2012, le quintette Big Bang revient au complet avec Alive, le premier album coréen à se placer dans le “Billboard Top 200″. G-Dragon commence alors à explorer d’autres genres, comme l’electro, la pop ou même le rock. Ce renouvellement artistique se ressent pleinement dans le deuxième album solo du rappeur, One of a Kind, qui paraît également en 2012.
Le disque reçoit un accueil phénoménal, se plaçant fièrement à la première place du “Billboard World Album Chart”. One of a Kind signe également une nouvelle entrée de G-Dragon au “Billboard Top 200”, et l’album s’écoule à plus de 200 000 copies, devenant ainsi le projet d’un artiste solo le plus vendu de Corée depuis Heartbreaker. Avec ses couplets rappés sur des instrus électro ou des mélodies pop et ses refrains chantés façon R’n’B, G-Dragon redéfinit les codes mêmes de la musique coréenne et permet à de nouveaux genres musicaux d’émerger dans son pays.
Si Kwon Ji Yong était déjà considéré par beaucoup comme étant le roi de la K-pop, c’est en 2013 qu’il officialise son sacre, avec son troisième album solo, très justement intitulé Coup d’État. Dans une interview qu’il donne alors à Complex, il explique avoir mûri depuis son premier disque Heartbreaker. Avec Coup d’État, G-Dragon montre qu’il prend désormais le temps de poser sa musique et, s’il continue à expérimenter différentes pistes artistiques, il verse désormais un peu moins dans l’excès. Le projet s’offre en outre un casting cinq étoiles, avec notamment Diplo et Boys Noize à la production, et Missy Elliott en featuring.
G-Dragon devient une nouvelle fois un pionnier, grâce son morceau avec Missy Elliott, avec lequel il popularise la trap auprès du grand public. De plus, le morceau “Coup d’État”, produit par Diplo, est sélectionné par Billboard comme l’un des 50 morceaux d’EDM qui ont changé le game en 2013. Le clip de “Crooked” dépasse rapidement les 100 millions de vues sur YouTube, prouesse titanesque pour un artiste coréen solo à l’époque. Coup d’État est un blockbuster musical phénoménal.
Dans la légende
En parallèle de ses projets personnels, G-Dragon continue d’être un acteur majeur de la scène musicale coréenne, en composant des chansons à succès pour le girls band 2NE1 ou pour le chanteur Taeyang, également membre de Big Bang. En 2015, le quintette revient au complet pour la première fois depuis trois ans avec un album intitulé Made.
Made est certainement l’album le plus abouti de Big Bang. Si le groupe continue d’exploiter ce qu’il sait faire de mieux, avec des chansons très posées comme “Loser”, il prouve une nouvelle fois qu’il ne se repose jamais sur ses acquis avec “Bae Bae”, un morceau trap aux petits accents country. Le projet reçoit un très bon accueil critique et connaît un succès grandiose en Corée comme à l’étranger.
C’est à partir de cette époque, après avoir terminé sa tournée avec Big Bang, que G-Dragon se met en retrait. Si le rappeur apparaît de temps à autre en featuring sur des projets d’autres artistes, il se fait assez discret dans les médias et semble vouloir se retirer un peu du devant de la scène.
En effet, G-Dragon traverse alors une période d’incertitude. Le roi de la K-pop semble fatigué de son statut de superstar et semble se remettre en question. Dans ce contexte compliqué, G-Dragon choisit de répondre à ses questionnements par la musique et livre, en 2017, son dernier album en date, sobrement intitulé Kwon Ji Yong.
Le projet fait énormément parler de lui à sa sortie. Notamment parce que G-Dragon reste assez mystérieux et n’organise pas la promo habituelle des artistes de K-pop, mais également parce que la version physique du projet ne se présente pas sous forme de CD mais de… clé USB. Une originalité qui provoque une petite controverse : Gaon Chart, un système de classement musical coréen, refuse de reconnaître Kwon Ji Yong comme un véritable album, avant de revenir sur cette décision.
Concernant le fond du projet, le single phare n’a pas de titre et se présente sous l’appellation “Untitled, 2014”. En donnant son nom de naissance à son album, G-Dragon signifie clairement son intention de parler de lui-même. Pour cause, Kwon Ji Yong montre une sensibilité à fleur de peau, abordant avec cynisme et mélancolie des sujets comme la solitude ou la vanité de la célébrité.
Kwon Ji Yong est le plus touchant de tous les projets de G-Dragon. Le rappeur ne se force plus, et sa musique coule de source avec une fluidité cristalline. À l’écoute des cinq titres du disque, on se rend compte à quel point GD a mûri, on découvre une nouvelle facette de l’artiste qu’on croyait pourtant connaître par cœur. À sa sortie, Kwon Ji Yong se hisse à la première place du classement iTunes de 46 pays. G-Dragon prouve une fois de plus qu’il est un musicien aux ressources inépuisables, et ce dernier album sonne comme un délicat “au revoir”.
Un “au revoir” en effet, car en 2018, G-Dragon s’enrôle dans son service militaire, obligatoire pour tous les hommes coréens. Deux années pendant lesquelles les fans de K-pop attendent patiemment le maestro.
Le retour du roi
Un artiste qui a donné de la crédibilité à la K-pop, un musicien qui a popularisé le hip-hop et l’électro en Corée du Sud, une personnalité qui a fait rêver une génération entière : G-Dragon est donc tout cela à la fois. Dans différentes interviews, il a déclaré que son plus grand souhait était de devenir une inspiration pour les autres. Il peut être satisfait : aujourd’hui, les artistes qui le désignent comme modèle abondent. Pour n’en citer qu’un, un certain Jungkook, du groupe BTS, affirme toujours que c’est G-Dragon qui lui a donné l’envie de devenir chanteur.
Le paysage musical coréen a énormément changé ces dernières années, et parmi les artistes et groupes qui avaient du succès quand Big Bang était au pic de sa popularité, peu ont réussi à perdurer. À une période où les idols n’ont jamais été aussi nombreux, où les fans reprochent à la K-pop un manque d’innovation et de diversité, G-Dragon pourrait bien apporter un renouveau bienvenu à la scène musicale coréenne.
Évidemment, il est impossible de tout dire sur G-Dragon. S’il ne fallait retenir qu’une chose, c’est que la K-pop réclame son roi, et ce dernier s’apprête encore à nous prouver qu’il ne cédera pas son trône.