Françoise Hardy a aussi fait chanter et danser le cinéma, la preuve en 5 scènes

Françoise Hardy a aussi fait chanter et danser le cinéma, la preuve en 5 scènes

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Par Manon Marcillat

Publié le

Les cinéastes du monde entier ont convoqué la chanteuse pour faire chanter, danser, aimer et pleurer leurs personnages.

“Maman est partie” : c’est par ces simples mots sur ses réseaux sociaux, avec une photo de lui enfant auprès de sa mère, que son fils Thomas Dutronc a officialisé le décès de Françoise Hardy tard mardi soir. “Comment te dire adieu”, son standard de 1968, est aujourd’hui dans tous les titres de la presse et les hommages sur les réseaux sociaux. “Chanter est quelque chose qui ne m’est pas naturel”, livre-t-elle dans le documentaire d’Arte La Discrète, titre idéal pour cette chanteuse qui fuyait le star-system.

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Forcément, le 7e art s’est donc lui aussi passionné pour Françoise Hardy, en offrant régulièrement une place à l’écran à la discrète, toujours dans des seconds rôles ou des apparitions, comme Roger Vadim dans Château en Suède, Jean-Daniel Pollet dans Une Balle au cœur, John Frankenheimer dans Grand Prix, Jean-Luc Godard dans Masculin Féminin ou Claude Lelouch dans Si c’était à refaire.

Mais ses chansons sont également souvent convoquées par les cinéastes du monde entier, pour faire chanter, danser et pleurer les acteurs et actrices. En voici cinq exemples.

“Tous les garçons et les filles” dans Innocents de Bernardo Bertolucci

Unique représentante de la France dans le classement des 200 meilleurs chanteurs de tous les temps que le magazine américain Rolling Stone avait publié en 2023, Françoise Hardy a donc également dépassé les frontières de la France côté cinéma. Fréquemment utilisées pour encapsuler l’esprit parisien, ses chansons ont également permis de contextualiser les années 1960, comme dans Innocents de l’Italien Bertolucci, triangle amoureux incestueux et cinéphile dans le Paris de 1968, où “Tous les garçons et les filles” résonne par-dessus le verre de Coca partagé par Isabelle et Matthew.

“L’amour d’un garçon” et “Première rencontre” dans Jeune et jolie de François Ozon

François Ozon nourrissait une véritable obsession pour Françoise Hardy, si bien que le seul et unique clip qu’il réalisera dans sa carrière sera pour son morceau “Le Large” dans lequel il a fait de la chanteuse une référence bergmanienne. Les chansons de l’une ont donc régulièrement bercé les longs-métrages de l’autre, comme “Message personnel” reprise au piano par Isabelle Huppert dans Huit femmes.

Dans Jeune et Jolie, en 2013, Marine Vacth aime aussi beaucoup Françoise Hardy, que ce soit “L’Amour d’un garçon” qui berce son dîner d’anniversaire ou “Première rencontre”, qui accompagne sa reconstruction, lors d’une scène de boîte de nuit où la voix délicate de la chanteuse se substitue au boum boum des basses du club.

“Mon amie la rose” dans Vortex de Gaspar Noé

Dans Vortex, son film sur la fin de vie, Gaspar Noé abandonne les ouvertures psychédéliques et les montages stroboscopiques pour le clip de “Mon ami la rose” en sobre introduction de son long-métrage. Écrit en hommage à l’actrice Sylvia Lopez décédée à 26 ans, le morceau interprété par Françoise Hardy, de la même génération que Dario Argento et Françoise Lebrun, introduit ensuite un montage en split screen des deux acteurs dans leur quotidien d’amoureux en fin de vie.

Reprise de “Une Miss S’Immisce” par Exotica dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan

Le cinéma québécois aime Françoise Hardy que l’on a pu entendre dans Les Invasions barbares de Denys Arcand ou dans Nelly d’Anne Émond. Mais sa citation la plus mémorable demeurera toujours, et encore plus aujourd’hui, celle de Juste la fin du monde de Xavier Dolan où “Une Miss S’Immisce” reprise par Exotica, vient bercer les souvenirs amoureux et adolescents de Louis, incarné par Gaspard Ulliel, dans un montage poétique, toute en suggestion.

“Le Temps de l’amour” dans Moonrise Kingdom de Wes Anderson

Même l’univers coloré et absurde de Wes Anderson a trouvé en la sobre et discrète Françoise Hardy une muse qui scellera l’idylle de Susy et Sam sur le sable de l’île de New Penzance à l’été 1965, au son de “Le Temps de l’amour”, sortie trois ans plus tôt, en 1962. C’était le temps de l’amour le temps d’une adorable scène faite de langues tournées dans le mauvais sens et de mains maladroites.

Retrouvez sa contribution au 7e art plus en longueur dans cet épisode de Blow up par Arte.