1999 est une superbe année charnière du rap américain. Les décès de 2Pac et Biggie planent un peu moins sur l’ensemble de la musique et l’arrivée du Sud donne une bouffée de fraîcheur au genre. La Nouvelle-Orléans prend le dessus avec les labels Cash Money et No Limit. Les Hot Boys continuent leur incroyable destinée avec un Lil Wayne grandissant. Memphis est aussi en pleine ascension avec les premières sorties des disciples de Three 6 Mafia : Project Pat et Koopsta Knicca. Des expérimentations qui seront extrêmement importantes 20 ans plus tard (aujourd’hui donc), notamment chez Travis Scott, Drake ou ASAP Rocky.
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Pendant ce temps, la côte Est se réaffirme avec des nouvelles entités, plus modernes et métalliques : c’est la consécration de DMX avec Ruff Ryders et de Ja Rule chez Murder Inc. C’est aussi l’année d’une nouvelle carrière pour Jay-Z avec la fin de sa série In My Lifetime de la meilleure façon possible avec le volume 3, en invitant les sudistes UGK et Juvenile. Timbaland et Swizz Beatz sont partout, créant le son du nouveau millénaire.
Mais 1999, c’est surtout l’année du retour d’un héros de la côté Ouest. Dr. Dre sort alors un album qui va changer le rap mondial, 2001. Et avec cette déflagration unique renaissent des figures californiennes comme Snoop Dogg, Xzibit ou Kurupt mais aussi une nouvelle tête qui va les dépasser toutes : Marshall Mathers.
Eminem est absolument partout cette année-là avec quelques morceaux pour le circuit indépendant chez Rawkus en featuring avec des rappeurs oubliés comme Thirstin Howl III ou High & Mighty. Tout change ensuite avec son premier album chez Aftermath : The Slim Shady LP, la première bombe ingérable entre provocation et technique pure. Il est alors partout, sur 2001 donc, en featuring avec Missy Elliot, mais aussi sur l’album posthume de Notorious B.I.G. ou encore l’improbable projet de The Madd Rapper (où l’on retrouve aussi les débuts de 50 cent et Kanye). Bref, 1999, c’est Eminem sous toutes les coutures.
Cette année est aussi l’avènement du rap indépendant. Mos Def et Pharoahe Monch sortent leurs premiers albums solos réussis sur le label Rawkus. Lootpack, Dilated People et Defari lancent des nouvelles pistes en Californie avec les labels Stones Throw ou ABB Records. The Roots sortent aussi Things Fall Apart, l’album qui va lancer le mouvement Soulquarians avec notamment Common, D’Angelo et J Dilla. 1999, c’est aussi trois albums de Kool Keith, héros de l’underground ainsi que Operation: Doomsday, le premier album de MF Doom, personnage masqué énigmatique devenu légende du rap indé.
Les tauliers marquent aussi les esprits avec des albums de changements comme l’excellent Murda Muzik de Mobb Deep, le mitigé I am… de Nas, la concrétisation du duo Method Man & Redman, le retour attendu de Slick Rick avec Outkast ou le dernier album d’EPMD avant la retraite. 1999, c’est aussi le premier album solo très éclectique de Q-Tip après la déchirante rupture avec son groupe A Tribe Called Quest. Cette année là, le Wu-Tang s’essouffle un peu mais Ol Dirty Bastard, Inspectah Deck et GZA sortent des albums plaisants, Black Moon fait un dernier tour de piste, Fat Joe & Big Pun se lancent dans le Terror Squad et D.I.T.C. perd son jeune prodige, Big L.
Parmi toutes ces sorties, quelques albums vont passer plutôt inaperçus alors qu’ils sont toujours aussi bons 20 ans après. C’est le cas par exemple de East Point’s Greatest Hist de Cool Breeze, membre de la Dungeon Family mais aussi de l’intimiste In Our Lifetime de 8ball & MJG.
Pour se plonger dans cette année hors norme, voici notre playlist, un résumé en 99 morceaux avec le meilleur de tous les styles de rap. Profitez-en pour voyager dans le temps et fêter dignement cette fin d’année avec l’année rap 1999.