Depuis son ouverture en 2011, le 32° East a “accueilli plus de cent artistes en résidence et offert de l’aide d’urgence aux artistes pendant la crise du Covid-19”. Depuis le mois d’avril 2023, le centre d’art est également devenu un refuge pour les artistes qui fuient le Soudan et la guerre civile qui y fait rage depuis plus d’un an et fait suite aux conflits qui agitent le pays depuis 1955.
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Voyant leur vie et leur travail menacés, nombre de civil·e·s ont été forcé·e·s à l’exil, dont des artistes qui se sont réfugié·e·s en Ouganda voisine, dans sa capitale, à Kampala. Pour Teesa Bahana, la directrice du 32° East, il était crucial de leur ouvrir son centre, pour la préservation de leur travail et, in fine, de l’histoire et de la culture soudanaises : “Bien qu’on ait l’impression qu’on ne puisse rien faire pour stopper les génocides en cours, nous avons vu à quel point avoir ce genre d’espaces constitue un petit répit face à de telles atrocités”, a-t-elle rapporté au Guardian.
De nombreux·ses artistes soudanais·es ayant dû fuir leur pays ont subi les affres de la dictature, se faisant incarcérer et menacer par les forces armées – l’année passée, lors du massacre de Khartoum, survenu le 3 juin 2019, la révolution d’août 2019 ou les coups d’État de 2019 et 2021, entre autres. Interrogé par le Guardian, le cinéaste et photographe Mohammed Altaj rappelle que la “destruction et le pillage des organes de presse” faisant légion au Soudan affectent grandement la liberté de la presse. Depuis son arrivée à Kampala, il travaille sur un projet photographique sur son pays d’origine.
“Refléter le monde” et en “imaginer un nouveau”
Rassemblé·e·s au 32° East, certain·e·s artistes racontent ainsi, à distance, la situation de leur pays, tandis que d’autres se concentrent sur leur vie à Kampala : “Je me suis senti inspiré par toute cette beauté [à Kampala]. Il est très important d’immortaliser ces moments lumineux au milieu des ruines de notre pression quotidienne”, confie le peintre Nusreldin Eldouma. Des volontés qui résonnent tout à fait avec les objectifs du 32° East, qui affirme vouloir “offrir aux artistes le soutien, les ressources et l’esprit de communauté nécessaires pour faire évoluer leur art, refléter notre monde de façon critique et pouvoir en imaginer un nouveau”.
L’Ouganda s’impose comme une force culturelle et artistique majeure du continent africain. À 600 kilomètres au nord du 32° East, la construction d’un centre artistique au sein de Bidi Bidi, le “plus grand camp de réfugié·e·s” du continent, permettra bientôt de fournir “un accès à des ressources et des opportunités” à cette communauté de plus de 250 000 Soudanais·es forcée à l’exil et où s’active “une immense créativité”, note le site de Bidi Bidi.