À 17 ans, Marina Hoppmann perdait sa maman. Cette épreuve l’a poussée à imaginer un projet autour de “la douleur de la perte”, une idée que la photographe mettra du temps à concrétiser tant elle se sentait dans un premier temps “trop vulnérable pour le mener à bien”. Son désir d’échanger avec d’autres femmes “ayant connu la même douleur et ressentant des émotions similaires” l’a convaincue de mettre le pied à l’étrier et de photographier des filles endeuillées.
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Le premier portrait de sa série Mothers and Daughters montre Zsuzsanna, une jeune femme que Marina Hoppmann ne connaissait pas et qu’elle a contactée après avoir vu une de ses publications sur les réseaux sociaux, où la jeune femme écrivait à quel point “sa mère lui manquait”.
“Zsuzsanna”. (© Marina Hoppmann)
“Je me suis dit qu’on devait être dans des situations similaires donc je lui ai envoyé un mail. J’ai été super soulagée qu’elle accepte ma proposition. Dès notre première rencontre, on a plongé dans le sujet et avons eu une conversation à cœur ouvert”, nous raconte Marina Hoppmann.
Que ses modèles soient des inconnues ou des amies, la photographe insiste sur la puissance de leur rencontre et de leurs séances de pose : “C’était intense, aussi apaisant et qu’épuisant. Me confronter avec mon propre deuil, mais aussi le leur, leurs souvenirs et leurs émotions, n’a pas toujours été facile.”
“Maja”. (© Marina Hoppmann)
Malgré tout, l’expérience s’est révélée cathartique pour l’artiste, qui affirme s’être sentie “moins seule avec [sa] douleur en entendant que d’autres avaient vécu la même chose”. La solidarité et sororité, chères à la photographe, se reflètent dans sa façon d’immortaliser ces femmes : “J’ai pris la plupart des photos dans leur appartement. Je voulais qu’elles soient le plus à l’aise possible. C’était un processus vraiment beau et émouvant que d’échanger nos expériences tout en prenant des photos.”
“Quand quelqu’un de proche meurt, son image devient encore plus importante”
Les photographies de ces femmes prises chez elles, auréolées d’une lumière douce, sont accompagnées d’images de leur mère parce que, “quand quelqu’un de proche meurt, son image devient encore plus importante”, souligne Marina Hoppmann. “Je voulais vraiment que les mères soient vues, elles aussi”, poursuit la photographe qui insiste sur la dimension collective de la série et le fait que les modèles ont pu y “partager leurs émotions et leurs souvenirs”.
“Marina et Ria”. (© Marina Hoppmann)
Cette volonté de lier présent et passé lui vient de son propre attachement aux souvenirs matériels laissés par sa maman : “J’ai beaucoup de vêtements qui appartenaient à ma mère. Quand je les porte, je me sens à l’abri, très proche d’elle. C’est ce qui m’a donné envie de prendre un portrait avec elle – avec elle dans mon esprit et avec ses vêtements sur mon corps. Je voulais l’honorer et mettre en images notre relation, même si elle n’est plus là.”
Se rappelant les difficultés émotionnelles qu’elle a rencontrées en entamant sa série, Marina Hoppmann ne cache pas sa fierté de l’avoir menée à bien : “Ce sera sûrement un projet qui me suivra toute ma vie, et c’est quelque chose qui m’apaise.”
Toujours à la poursuite d’un objectif collectif plus qu’individuel, elle espère surtout que, grâce à Mothers and Daughters, “les personnes concernées pourront se sentir soutenues et comprises” et que tout le monde entendra le fait “qu’être endeuillé est complètement normal et que personne ne devrait jamais en avoir honte, qu’importe le temps passé”.
“Carmela et Gabi”. (© Marina Hoppmann)
“Carmela”. (© Marina Hoppmann)
“Luise et Elenor”. (© Marina Hoppmann)
“Luise”. (© Marina Hoppmann)
“Ewa et Maja”. (© Marina Hoppmann)
“Malaika et Maria-João”. (© Marina Hoppmann)
“Malaika”. (© Marina Hoppmann)
“Marina”.(© Marina Hoppmann)
“Zsuzsanna et Zsuzsa”. (© Marina Hoppmann)
© Marina Hoppmann
Vous pouvez retrouver le travail de Marina Hoppmann sur son site et sur son compte Instagram.