C’est un débat passionnant et presque halluciné qui anime journalistes et scientifiques en ce moment. Leur sujet ? Godzilla. Le thème du débat ? Sa taille. L’objectif ? Avoir une idée de la distance qu’il y aura entre les pattes de la bête et ses yeux. Cet écart se compte en plusieurs dizaines de mètres.
Godzilla ? Il connaît son premier rôle en 1953 devant la caméra du Français Eugène Lourié. Le film s’appelle Le Monstre des temps perdus pour une production américaine dont l’objectif est de réitérer le succès du remake du King Kong de 1952. On ne parle pas, dans le scénario, du célèbre monstre japonais, mais d’une “chose” endormie depuis 100 millions d’années dans la glace nommée “Rhedosaurus”.
Un mélange entre un dinosaure et un lézard qui, comme par hasard, va faire ses courses à New York. Pour les producteurs, le monstre illustre la paranoïa des armes nucléaires, moins de dix ans après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki et alors que la guerre froide se fait une petite place dans la conscience collective occidentale.
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En 50 années de cinéma, Godzilla a donc vu sa taille être triplée. Hypothèse : Hollywood, à mesure que les effets spéciaux se sont affinés, aime à penser que plus son monstre sera gros, plus il sera vendeur. Ce n’est pas faux mais pas totalement vrai non plus.
Selon le chercheur et écrivain Craig McClain, si Godzilla existait dans notre monde réel depuis les années 50, sa taille aurait augmenté dans les mêmes proportions. Dans un article écrit pour le site Deep Sea News, cet Américain s’appuie sur la loi Cope-Dépret pour avancer que Godzilla atteindra en 2050 les 288 mètres. Des chiffres qui vont bien plus loin que ceux de son collègue Rhett Allain de chez Wired. Il avançait un petit 170 mètres.
Selon Craig McClain, il faut s’en référer à cette “Cope’s rule”, citant le paléontologue Edward Drinker Cope. Dans le livre Le développement de la paléontologie contemporaine (2000, Librairie Droz), on peut lire :
La loi d’augmention de taille […] implique un parallèle entre la croissance de l’individu et celle des descendants au fil d’une lignée.
Mais ce n’est pas seulement ce critère, selon Craig McClain, qu’il s’agit de prendre en compte. Non sans humour, il avance :
Pourquoi Godzilla devient de plus en plus grand au fil du temps ? Les gratte-ciels. La hauteur des gratte-ciels a augmenté dramatiquement depuis un siècle. Afin que Godzilla continue à progresser aussi facilement au milieu des building dans des grandes métropoles, il a besoin d’être plus grand.
Ou comment la sélection naturelle dans le cinéma peut se faire en fonction… des constructions de l’homme dans le monde bien réel.