Est-ce qu’on va bientôt devoir payer 7 000 euros pour un concert de Jul ? ! La tarification dynamique nous met en PLS

Est-ce qu’on va bientôt devoir payer 7 000 euros pour un concert de Jul ? ! La tarification dynamique nous met en PLS

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(© David Wolff – Patrick)

L’économie des places de concert sur le point de complètement changer, mais c’est quoi cette tarification dynamique cheloue ?

Soyons clairs, non, vous ne payerez sûrement jamais 7 000 euros pour un concert de Jul maiiiiis il se pourrait bien que le modèle économique de vente de places de concert se voie largement modifié dans les prochains mois, on vous explique.

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Cela s’appelle la tarification dynamique ou yield management. C’est le fait de modifier les prix en temps réel (bien souvent en les augmentant) en fonction de la demande associée : plus cette demande est grande, plus les prix peuvent s’envoler facilement. Il s’agit d’une pratique commerciale critiquée de nombreuses fois depuis son apparition dans les années 2000. Début septembre, le sujet est revenu en force sur la table au moment de la mise en vente des places pour la tournée des stades britanniques du groupe fraîchement reformé Oasis.

@konbini Les frères Gallagher ont de nouveau fait la paix et teasent une énième possible réunion d’Oasis. On vous explique TOUT ! #musictok #oasis #freresgallagher #groupe ♬ son original - Konbini

Les fans l’attendaient et ont longtemps attendu pour certains, parfois plusieurs heures dans la file d’attente électronique du site Ticketmaster, rattaché à la société organisatrice de concerts dans le monde entier, Live Nation. Puis, au moment de passer enfin à la caisse, le prix affiché n’est plus le même, doublant parfois, de 178 euros à 415 euros.

Inadmissible pour de nombreux fans, voici l’exemple parfait de la tarification dynamique dans toute sa splendeur : une demande énorme pour un groupe donnant une tournée événement inattendue et des prix qui explosent. La pratique semble assez courante actuellement en Grande-Bretagne mais également aux États-Unis avec un cas bien connu, celui de la tournée de Taylor Swift en 2022 qui aura valu une poursuite en justice de Live Nation et Ticketmaster par le gouvernement américain. Ce dernier voit en l’organisation un géant exerçant un “contrôle monopolistique sur l’industrie du spectacle vivant aux États-Unis”, selon le communiqué du ministre de la Justice, Merrick Garland.

Si les utilisateurs de cette technique se défendent, notamment en appuyant sur le fait que cette pratique permettrait de déjouer le marché noir et la revente de billets, cela permet surtout une marge plus grande. Les critiques s’enchaînent : pratique inégalitaire, favorisant les plus aisés, mais les vendeurs ne sont pas les seuls à être pointés du doigt. En effet, pour que la tarification dynamique puisse être appliquée, c’est l’artiste lui-même qui doit l’accepter en amont. Plus de fric au détriment de leur public, certains ne disent pas non. Depuis l’Oasis Gate début septembre 2024, Courrier International annonce que “l’Autorité de la concurrence et des marchés du Royaume-Uni et la Commission européenne ont lancé une enquête sur ‘le fiasco des concerts d’Oasis'” mettant sur le devant de la scène une pratique qui serait contraire à la loi, celle d’augmenter les prix après que la place est ajoutée au panier.

La France immunisée ?

Si, pour le moment, la tarification dynamique dans le secteur culturel en France n’a pas été observée, le système est déjà visible dans d’autres branches comme les transports, par exemple, ou la vente de places pour assister à certains matches de foot en France. Tandis que les institutions de certains pays s’emparent peu à peu du sujet, The Guardian rapporte que la Commission européenne est aussi sur le coup. Lara Wolters, députée néerlandaise du Parti travailliste, ne veut pas du yield management dans la culture :

Les seuls gagnants dans cette situation sont les grandes plateformes de billetterie, au détriment des fans qui se retrouvent exclus des concerts. Les entreprises en savent bien plus sur leurs clients que l’inverse. […] En tant que fan de musique, je trouve cela sans âme et je veux y mettre un terme. Je suis donc heureuse de voir que le gouvernement britannique se penche sur cette question et j’attends de la nouvelle Commission européenne qu’elle suive son exemple afin que nous puissions enfin mettre en place de nouvelles règles contre la billetterie déloyale.”

Vers une fin précoce d’un système commercial complètement hors-sol ?