Attention, cet article comprendra son petit lot de spoilers, certes toujours mignons, mais bien réels.
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C’est quoi exactement, une “série doudou” ? Il est difficile d’imposer une définition universelle, mais tentons tout de même. Assurément, la série doit être sans prise de tête, loin d’un puzzle énigmatique et lynchien. Facile à regarder, binge-watcher et digérer. On part donc sur un temps de visionnage plutôt court, à savoir entre 20 et 40 minutes grand max par volet. Enfin, notion de doudou oblige, elle se doit rassurante. Réconfortante. Safe, chaude et solaire.
Assurément, Heartstopper, déjà dans sa première saison, réunissait toutes ces qualités. Que ses fans (plutôt nombreux, au regard de son succès à travers le monde) se rassurent, il en est de même pour cette nouvelle salve d’épisodes, qu’on a picorés sous un plaid, météo parisienne catastrophique oblige.
Pour rappel, la fiction est une adaptation du roman graphique britannique Heartstopper d’Alice Oseman, qui est également derrière la série. Gage de fidélité donc ! Elle narre la romance passionnelle entre Charlie (Joe Locke), jeune homme victime de harcèlement scolaire suite à son coming out gay. Et Nick (Kit Connor), sportif sensible et populaire qu’on compare volontiers à un golden retriever pour son énergie rayonnante très spontanée.
La saison 1 s’achevait sur l’officialisation du couple et le coming out bi de Nick auprès de sa mère. La saison 2 s’ouvre comme une suite directe, avec le rugbyman tout en muscles qui souhaite désormais annoncer son orientation sexuelle à ses amis et au reste de sa famille.
Friandises échangées et suçons dans le cou
On ne change pas une équipe qui gagne et la série est toujours aussi feel good et nappée de bons sentiments. Charlie et Nick, particulièrement convaincants, sont tout bonnement adorables et représentent parfaitement l’illustration du premier amour de jeunesse, à base de friandises échangées entre deux couloirs et de suçons dans le cou. Les voir déambuler à Paris et faire les touristes à Montmartre, s’extasiant pour la moindre vue, la moindre glace, est plus efficace que le meilleur des antidépresseurs à balle en intraveineuse. Promis.
Les autres personnages ne sont pas en reste et on s’éprend de la maladroite mais solide alliée Imogen, ou du weirdo Tao, cinéphile désireux de conquérir sa meilleure amie, l’artiste Elle, qu’il soutient depuis son coming out transgenre. On pointera juste peut-être du doigt le professeur Mister Farouk, personnage quelque peu cliché destiné à jouer les figures autoritaires et alpha afin de mieux gérer son homosexualité découverte sur le tard.
“I’m bi, actually”
Si on parle beaucoup de mignonnerie, n’imaginez pas pour autant que tout est paradisiaque dans Heartstopper. Oui, le programme reste très ouvert en termes de représentations (on parle même d’aromantisme et d’asexualité), mais intègre tout de même un certain niveau de réalisme et tout n’est pas rose pour nos personnages. Charlie souffre de TCA qu’il peine à dissimuler au fil des épisodes. Angoisse quant à la présence de Ben, toujours dans les parages, qui fait office d’ex possessif mais surtout d’ado manipulateur et capable de violents accès de colère. Nick, lui, se rend compte qu’annoncer qu’il est en couple avec un homme n’a rien d’une sinécure, faisant d’abord face à l’homophobie de son propre frère et à des brimades de ses camarades, peu discrets, voire à une certaine biphobie.
@netflixbrasil Quantas vezes o Nick vai ter que repetir que ele é bi? 🙄 #Heartstopper #KitConnor #nicknelson #bissexual #Netflix ♬ som original - Netflix Brasil
C’est pourtant la force du show : transformer une réelle épreuve (qui ne devrait pas en être une, I mean, on attend toujours la notion de “coming out hétéro”) en une sorte de running gag. Attention, la série prend la chose très au sérieux, mais a réussi à rendre les tourments de Nick moins étouffants, avec cette simple phrase, qu’il répète comme un métronome, comme pour se rassurer qu’il maîtrise bien son discours d’annonce : “I’m bi, actually”. Moment d’ores et déjà viral sur TikTok, preuve que le second degré a été bien accueilli. Il est surtout important de souligner que nous n’avons pas tant d’hommes bi que ça dans le paysage sériel et qu’il est toujours agréable de les voir davantage représentés.
On attend désormais avec impatience la saison 3 (déjà confirmée par Netflix), qui devrait prendre un tournant plus mature, enjeux obligent. Tout en espérant que la fiction ne nous prive jamais de ce côté léger et sucré qui fait toute la sève de sa recette addictive.