Pour ce mois d’Halloween, la rédaction de Konbini vous prépare une série horrifique. Des creepypastas aux films d’horreur méconnus, en passant par des malédictions venues d’ailleurs, un article quotidien vous fera frissonner jusqu’au Jour des morts.
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Alors on vous prévient tout de suite, le film que l’on vous présente aujourd’hui n’est vraiment pas le plus simple. Ni à regarder, ni à défendre. Car sur le papier, un film qui présente un personnage méchant, dégueulasse, qui viole, tue, et où se mêle racisme, gore, et autres aspects plus que problématiques n’aurait pas vraiment sa place ici, chez nous.
Et pourtant, Ebola Syndrome d’Herman Yau est le symbole de tout autre chose. Explications.
Un dernier moment de liberté
À la fin des années 1980-1990, la menace d’une rétrocession de la colonie britannique de Hong Kong a fait souffler un vent d’effroi du côté de la création artistique, notamment en ce qui concerne le cinéma, et la menace d’une censure forte du régime communiste. En réaction est né un mouvement : celui de la catégorie 3.
Comprendre : dépasser la classification du comité de censure pour les œuvres dites gênantes, que ce soit par leur violence psychologique ou physique, pour les scènes de sexe ou le message politique. Certains n’y allaient que pour compiler des craspouilleries toutes plus trash les unes que les autres, pour choquer ou profiter de la pub que cela peut engendrer. Néanmoins, pour certains cinéastes, la catégorie 3 se voit imposée pour la simple mise en avant de sujets sociaux trop piquants pour le régime.
On ne va pas se mentir : Ebola Syndrome est un catégorie 3 très cru et dur à regarder. L’interdiction au moins de 18 ans est logique, tant il y a des scènes difficiles. On y suit Sam, un employé de restaurant qui doit fuir Hong Kong après avoir couché avec la femme de son patron. Débarqué en Afrique du Sud, exploité par un employeur qui connaît son passé et méprisé par la conjointe de celui-ci, il contracte Ebola en violant une femme malade d’un village, et propagera plus ou moins volontairement la maladie derrière lui.
Cannibalisme, scatologie, exploitation de tous types de fluides corporels, dégueulasseries sexuelles, infanticide, et même une autopsie où l’on scalpe en plan fixe la peau du visage d’un malade : tout y est, et tout est là pour choquer. On a difficilement de l’empathie pour ce monstre égoïste, violeur, tueur, qui transforme en steak haché ses patrons et n’a de pitié pour personne.
Alors pourquoi parler de ce film me direz-vous, et vous le conseiller en film d’Halloween ? Parce que ce n’est pas qu’une œuvre qui nous retranche dans les limites de notre cinéphilie. C’est aussi une réflexion sur la violence du quotidien. Car si ce dernier est le pire des salauds, personne ne niera qu’il s’agit, pour lui en tout cas, d’une forme de rébellion face à l’exploitation capitaliste brutale et violente d’une société qui n’a de pitié pour plus grand monde. La réponse est radicale, trop, à la limite de l’anarchie.
Mais c’est peut-être pour ça que justement, le film est devenu le symbole de ce mouvement. Le film le plus connu, le plus représentatif et le plus étudié de la catégorie 3 hongkongaise.
Si vous avez aimé (oui, on y croit), vous aimerez aussi : Vous pouvez tenter l’original sorti 3 ans plus tôt, Untold Story — oui, car Ebola est presque un remake. Mais si vous voulez une forme de dégueulasserie, le choix est large. Du Audition féministe de Takashi Miike, à l’horreur immonde récente de The Sadness, en passant par certains Saw (oui, on pense sincèrement que le 3 et le 6 tentent d’apposer des réflexions morales et politiques pas nécessairement inintéressantes), vous avez de quoi faire.
Ebola Syndrome est disponible sur Shadowz, en VOD et en Blu-ray en version remastérisée chez Spectrum Film.