Close to You, de Dominic Savage
Elliot Page, premier homme à afficher sa transidentité à Hollywood, n’était pas apparu sur grand écran depuis bientôt six ans. Il fait donc son grand retour dans Close to You, coécrit avec le réalisateur anglais Dominic Savage. Tourné en quatre semaines à Toronto (à la demande de l’acteur qui y a déménagé seul à l’âge de 16 ans), le film est pensé comme une déambulation contemplative et improvisée au plus près de l’acteur.
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Page y incarne Sam, un trentenaire trans qui revient dans sa famille après de longues années d’absence pour l’anniversaire de son père. Malgré toute leur bonne volonté et leurs meilleures intentions, ses proches ont du mal à comprendre sa transition. En parallèle, il va également retrouver son amour de jeunesse. Dans Close to You, Sam déambule, prend le train et en rate dans un court voyage qui explore sans manichéisme l’obsession des gens envers les personnes trans et leurs réactions, parfois maladroites, parfois malvenues ou parfois tout simplement humaines.
Sebastian, de Mikko Mäkelä
Max a 25 ans, est écrivain, vit à Londres et, pour les besoins de son prochain roman, s’immerge dans une seconde vie tumultueuse dans la peau d’un alter ego baptisé Sebastian, escort boy. C’est à partir de ce récit (qui aurait facilement pu sombrer dans les clichés et les maladresses attendues) que Mikko Mäkelä offre un vibrant récit sur l’identité et les tabous.
Avec naturel et beaucoup de subtilité, le réalisateur britannico-finlandais, duquel on vous conseille également le premier film Entre les roseaux, entrouvre avec bienveillance ces portes fermées sur des mondes souvent victimes des clichés et de la superficialité qu’on leur accorde, pour raconter l’intimité la plus pure et surtout l’humanité qu’engendrent parfois ces rencontres muettes d’après minuit, tout cela porté par la révélation Ruaridh Mollica, au visage aussi magnétique que son jeu. Un film important.
Fragments d’un parcours amoureux, de Chloé Barreau
Depuis l’âge de 16 ans, entre Paris et Rome, Chloé Barreau a filmé ses amours avec sa petite caméra. Elle est désormais adulte et a vécu de nombreuses amours, avec des hommes et avec des femmes, qu’elle a convoqués une nouvelle fois devant sa caméra pour faire le bilan de ces histoires, qu’elles aient été un coup de cœur adolescent, une passion charnelle ou un lien profond.
Tour à tour drôles, émus ou amers, Sébastien, Jeanne, Laurent, Ariane, Rebecca, Anne, Jean-Philippe, Anna, Bianca, Marina, Marco et Caroline tendent un miroir à notre passé amoureux pour une plongée très émouvante dans les archives intimes de nos souvenirs alors que défile devant nos yeux ce corpus à la valeur inestimable qu’on rêverait tous d’avoir dans nos cartons.
Big Boys, de Corey Sherman
Sorte de 90’s version queer, Big Boys nous embarque dans un week-end camping en famille où Jamie, un adolescent en surpoids, doué en cuisine, en dessin et en repartie, partage randonnées et barbecues avec son frère, sa cousine et le nouveau petit ami de cette dernière.
Alors que son frère, bête et beau, le pousse à expérimenter avec les filles du camping voisin, Jamie tente de composer avec le crush qu’il développe pour Dan, l’amoureux d’Allie, sa cousine, l’autre “big boy” du titre, comme il se qualifie lui-même. Il partagera avec lui une certaine complicité lorsqu’il se prêtera à ses activités viriles, barbecue ou bras de fer, mais échouera lorsqu’il se voudra plus subtil, jusqu’à une scène finale en forme de libération, aussi simple que lumineuse. Avec un timing comique toujours impeccable, Jamie donne corps, avec beaucoup d’humour, à cette norme viriliste qui pèse sur les jeunes hommes en construction.
Les Reines du drame, d’Alexis Langlois
À l’occasion des 50 ans du tube “Pas Touche” de Mimi Madamour, une espèce de Lorie version Langlois, qui a marqué sa vie et sa pop culture au fer rouge, l’illustre youtubeur Steevy Shady dépoussière sa fabuleuse chaîne de vidéos pour retracer la vie de son idole. De son ascension fulgurante en tant qu’icône de la pop à son idylle tumultueuse avec la figure punk Billie Kohler, Steevy raconte Mimi Madamour sans aucun filtre.
Avec son esthétique plus queer que jamais, son ton complètement barré et sa sincérité camp et kitsch, la comédie musicale de la réalisateur·rice Alexis Langlois fait plaisir à voir dans un cinéma français qui se prend parfois trop au sérieux. Fort de son esthétique pailletée et colorée, Les Reines du drame joue sur un maximalisme over-the-top qui, paradoxalement, est empreint d’une folle authenticité qui peut même faire couler quelques larmes entre les rires.