C’est la rentrée et qui dit rentrée dit remplir nos cartables de bons livres. À vos librairies !
À voir aussi sur Konbini
Une vie comme les autres, de Hanya Yanagihara
Grande épopée tragique sur l’amitié masculine, Une vie comme les autres nous met face à notre propre tolérance à la souffrance. On y suit quatre amis à la conquête de New York avant que l’étau ne se resserre sur Jude, le plus mystérieux d’entre eux dont l’existence n’aura été que douleur et traumatisme. Une lecture difficile, mais inoubliable.
Johnny, est-ce que tu m’aimerais si j’avais une plus grosse bite ?, de Brontez Purnell
Avec son titre cinglant et son ton délicieusement acéré, cette autofiction de l’auteur californien promet une expérience de lecture punk, frontale, qui fait tour à tour sourire, grimacer et pleurer. Ce livre nous plonge dans le tumulte gay et débridé de la vie de son auteur, traduite pour la première fois en français par Alexandre Gaulmin.
Frapper l’épopée, d’Alice Zeniter
Frapper l’épopée croise l’histoire d’une femme de retour chez elle, à Nouméa, l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et l’histoire des luttes indépendantistes et décoloniales. Tout un programme mené par l’écriture fine d’Alice Zeniter, qui assoit sa place dans notre cœur et dans la littérature contemporaine française.
Les conditions idéales, de Mokhtar Amoudi
Bourré d’humour, ce roman d’apprentissage nous embarque dans la vie de Skander, un enfant placé en banlieue parisienne et passionné par la littérature. Skander se fait vite aspirer par la rue et ses trafics. L’histoire nous est racontée à travers son esprit malin, ses analyses cinglantes, son humour grinçant, son regard naïf mais conscient, et c’est toute la force de ce livre. Des péripéties et de l’amour, ça, il y en a.
Dans la forêt, de Jean Hegland
Deux sœurs, tout juste adultes et orphelines, doivent survivre dans la forêt alors que le monde autour d’elles s’effondre. Comme le désormais incontournable Betty, on se souviendra longtemps de cette magnifique leçon d’espoir.
Il est des hommes qui se perdront toujours, de Rebecca Lighieri
Derrière ce titre mystérieux et ce pseudonyme qui sonne comme le soleil, se cache une forme d’enfer : celle de la jeunesse de Karel et Hendricka dans les années 1990, une fratrie à la beauté foudroyante qui court les castings entre leurs parents violents et leur petit frère porteur d’un handicap. Un récit cru sur la transmission de la violence au cœur de la moiteur des quartiers nord de Marseille.
Evenings and Weekends, d’Oisin McKenna
Un Londres caniculaire, un week-end comme les autres et une flopée de personnages paumés finement écrits qui tentent tant bien que mal d’y trouver leur compte, alors qu’une baleine se retrouve coincée dans la Tamise. À la fois pop, queer, prenant et au plus proche de tout trentenaire qui s’y plongera, le premier roman du jeune talent irlandais va vous foutre une crise de la trentaine même si vous n’avez pas encore 30 ans.
Lone Wolf & Cub (tome 12), de Kazuo Koike et Goseki Kojima
L’édition prestige de ce classique des années 1970 marque d’un magnifique dernier tome la fin des (més)aventures d’Ogami Ittō et de son fils. C’est grandiose, c’est beau et la collection complète est une œuvre d’art à posséder chez soi pour rendre jaloux les invités.
Hyperpop : la pop au temps du capitalisme, de Julie Ackermann
La critique musicale et autrice Julie Ackermann décortique le mystérieux genre dans un livre fascinant qui décrypte autant le succès “diesel” de Charli xcx que les danses virales de Britney Spears, en passant par les concepts d’utopie queer et d’hyperréalité, pour mieux confronter l’hyperpop à la culture capitaliste, dont elle se nourrit et qui la dévore en retour.
No Reaction, de Keigo Shinzo
L’auteur de Hirayasumi et Tokyo Alien Bros. partage ici un recueil de huit récits qui viennent raconter des histoires très personnelles sur sa vie. On ne sait pas si c’est cool, mais comme c’est notre chouchou Keigo Shinzo, on fonce sans se poser de questions.
Karoo, de Steve Tesich
Dans la droite lignée des grands romans américains qui auscultent le moins beau de l’Amérique, Steve Tesich, dramaturge alcoolique et dépressif tombé dans l’oubli avant de connaître un succès posthume, signait avec Karoo un roman cynique sur un script doctor hollywoodien désabusé. Le tout dans une très belle édition.
La Planète verte, de Keigo Shinzo
Un employé à temps partiel d’une société de transport spatial atterrit en galère sur une planète à deux soleils habitée par des êtres ressemblant à des grenouilles. Le mieux dans tout ça, c’est que ce manga est une histoire d’amour.
Fragile/s, de Nicolas Martin
Le mélange des genres est un exercice que l’on est plus habitués à lire dans les œuvres étrangères qu’ici. Il fallait bien que quelqu’un y remédie. L’ancien présentateur de l’émission radio La Méthode scientifique propose une relecture de l’eugénisme d’un État dictatorial et c’est non sans rappeler la dystopie de La Servante écarlate. Le registre du thriller rencontre la science-fiction et l’horreur, sur fond de pamphlet politique.
Journal de 1985, de Xavier Coste
Après avoir superbement adapté le cultissime 1984 de George Orwell, le bédéiste normand s’attelle à l’exercice complexe d’imaginer une suite tout aussi oppressante, difficile, graphiquement sublime et d’une maîtrise d’écriture déconcertante. C’est parfait pour nous faire patienter jusqu’à son adaptation animée de 1984, prévue pour 2027.
Ce soir, c’est cauchemar, de Nicole Claveloux
Elle aurait dû être reconnue comme ses comparses de Métal hurlant, de Mœbius à Philippe Druillet. Il aura fallu attendre 2019 pour que les éditions Cornelius republient tous ses ouvrages afin que le commun des mortels prenne conscience du talent de Nicole Claveloux. Désormais quinquagénaire et profitant de cette renommée tardive, l’autrice sort un nouveau récit onirique aussi fou que magnifique.