Ce qui s’est passé à la Cigale avec Tuerie le 26 septembre 2024 ? C’est beaucoup de choses, et il est difficile de savoir par où commencer. Mais commençons par une certitude : la Cigale n’avait jamais vu ça, elle est sous le choc. Tuerie avait promis de retourner le Stade de France, et c’est sur cette idée qu’il a fait la promotion de ses deux dates à la Cigale, notamment à travers une vidéo humoristique où il avait annoncé la “grande nouvelle” : “C’est du jamais vu qu’un artiste de niche annonce un truc comme ça […] mais encore une fois, comme disent les djeun’s : je suis ‘l’artiste que je crois être’.”
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Le résultat ? On s’y est vraiment cru, au Stade de France. Tuerie nous a accueillis sur une scène circulaire, accompagné des voix somptueuses de Cyril, Mee Shel, Rosanne, Slighty, David et Cosmo ainsi que de prodiges musiciens : Edy, Jhazz, Roy Markson, Simon, Paco Andreo et Lidian. Ensemble, ils ont tissé un fil rouge entre tous les cœurs présents dans la salle parisienne, et même si on le dit souvent, cette fois c’était tout particulier : il fallait y être.
Le public présent a eu l’opportunité d’expérimenter en live un mash-up de “Silence” de Tuerie avec “The Sweetest Taboo” de Sade, ainsi que des références aux vocalises de Ms. Lauryn Hill dans “Fu-Gee-La” sur son morceau “Là où on dort heureux”. Comme d’habitude, tout le monde a pleuré. Beaucoup pleuré. Make-up fichu et vêtements tachés, mais ça en valait largement le coup. La scène a également vu passer des invités de marque : 3010, venu en légende, pour performer “Parifornie”, Beeby était aussi de la partie, tout comme HoussBad et son groove communicatif, qui nous a fait danser sur “Baller”. Et bien sûr, Luidji, qui a quitté la cérémonie du Prix Joséphine juste pour accompagner son “grand frère” — selon ses propres mots — sur “Joueur 1”. L’amour fraternel était au centre de la scène, tout en émotions, en “je t’aime”, en reconnaissance, et en élévation collective. C’était magnifique.
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Il y a eu tellement de moments d’anthologie qu’on ne les compte plus. Alors que Tuerie interprétait l’outro de son titre “Le givre et le vent”, il a suspendu le temps dans la salle avec ses vocalises étendues et la profondeur de la thématique de la chanson. Puis, juste au moment où il avait capté toute l’attention du public, et que tous les souffles étaient coupés par l’émotion, il a choqué la salle avec un “eux, c’est des faux-gars boyyyy”. Référence directe à la séquence de Yorssy devenue un mème sur la toile ces derniers jours. Fou rire collectif. Ce concert, c’était aussi ça : un véritable ascenseur émotionnel. On a ri, puis pleuré, puis ri et pleuré.
Tuerie a également pris le soin et le temps de mettre un pansement sur des maux générationnels dans l’écriture de ce spectacle. Assis par terre, dos à dos avec sa mère, il a interprété “quand je serai grand”, un titre en collaboration avec Yaïr. Un moment qui lui appartient, mais qui, dans son extrême intimité, est venu résonner dans l’histoire, les pensées, et les yeux de chacun. Alors que sa maman avait les yeux fermés, appuyée contre le dos de son fils, Tuerie délivrait ses paroles :
“Il a fallu attendre mes 26 ans
pour que t’ouvres la […]
Tes blessures étaient si grandes
J’pense que j’ai compris tes silences
On pourra pas réparer l’accident,
mais arrête de jouer aux étoiles filantes
Parce que maintenant quand mon fils me demande où est mon père
Toutes les putains de mélodies sur Terre sont stridentes
J’vais te dire deux trucs qui me coûtent cher :
J’te pardonne, je t’aime”
© Konbini / Yasmine Mady
Puis, bien sûr, pour clôturer ce concert intemporel, il a interprété à plusieurs reprises son (désormais) classique “G/Bounce” sur plusieurs instrus. Tantôt en version originale, tantôt sur la prod de “Ancrée à ton port” de Fanny J, et même sur celle de “Not Like Us” de Kendrick Lamar. On n’aurait jamais pensé zouker sur “G/Bounce” un jour, mais c’est désormais chose faite, et rien que pour ça, ce concert est devenu légendaire. Il continuera d’exister à travers toutes les personnes présentes ce soir-là.
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D’ailleurs, en parlant de moment marquant d’existence collective, la scénographie circulaire a totalement amplifié cet aspect dans l’expérience de cette performance live. Au-delà du rendu très beau, la circularité a permis de connecter tout le monde et l’énergie se déplaçait librement entre Tuerie, le public, l’orchestre et les choristes. Tout s’entremêlait et se répondait, et personne n’était laissé à l’écart. Peu importe où on se trouvait dans la pièce, on pouvait ressentir l’intensité et l’émotion en synchronicité.
On dit merci Tuerie, le Foufoune Palace, et on manifeste un Stade de France, pour de vrai, de vrai, de vrai.
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