En mai 2021, le célèbre Love Is in the Air de Banksy, œuvre représentant un homme masqué jetant un bouquet de fleurs à la manière d’une grenade, était vendue 12,9 millions de dollars (plus de 14,6 millions d’euros). Ce 1er décembre 2021, la firme Particle (créée par Loïc Gouzer, ancien directeur de la section art contemporain de Christie’s) a révélé être à l’origine de cet achat.
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L’entreprise a dévoilé les raisons de cette acquisition. Spécialisée dans la vente de crypto-art en fractionné, Particle a divisé l’œuvre en 10 000 morceaux à vendre sous forme de NFT. Du 10 au 14 janvier 2022, les 10 000 “particules” virtuelles seront mises en vente pour environ 1 500 dollars chacune, précise Artnews. Une fois passée dans la blockchain, la valeur pourrait bien sûr changer.
Love Is in the Air. (© Banksy)
Le but, affirme le fondateur de Particle, est de démocratiser l’accès à l’achat et à la collection d’œuvres d’art en permettant à des milliers de personnes de devenir propriétaires de morceaux de travaux artistiques. Loïc Gouzer a confié au New York Times s’être toujours senti exclu en regardant “les catalogues et ventes aux enchères”, sachant qu’il lui était impossible de “participer financièrement”. “Bien sûr qu’on peut profiter de l’art au musée, mais l’appréciation de l’art vient aussi du fait de le posséder. C’est pourquoi les gens collectionnent.”
Pour l’homme d’affaires, l’esprit “rebelle” qui se dégage de Love Is in the Air est en parfaite adéquation avec son initiative : “On n’essaie pas de changer le monde, mais on essaie d’atteindre une nouvelle communauté et de rivaliser avec les plus grands collectionneurs du monde.”
Démocratisation du marché de l’art : chimère ou réalité ?
Si l’idée paraît louable en théorie, n’oublions pas que le crypto-art est loin de participer à une véritable démocratisation de l’accès au monde de l’art. Une étude signée ArtTactic concernant les ventes de NFT réalisées entre janvier 2020 et septembre 2021 rapporte que le juteux marché du crypto-art ne profite qu’à une poignée d’artistes (seize artistes se partagent 55 % des profits de ces 21 derniers mois) et aux collectionneur·se·s les plus aisé·e·s.
De même, on doute que l’initiative (qui assoit d’autant plus le marché de l’art comme un marché financier spéculatif) plaise à Banksy, lui qui refuse toute marchandisation de son travail, qu’elle profite au plus grand nombre ou pas. De plus, on est en droit de se demander à quoi rime le fait de posséder 1/10 000e d’une œuvre de Banksy.