Lors de la remise des récompenses du Festival de Cannes ce samedi 25 mai, le passage “Xavier Dolan” derrière le micro a sans aucun doute été le moment le plus fort de la cérémonie. Montant sur la scène du Palais des festivals et des congrès de Cannes, le cinéaste canadien recevait le Prix du jury pour son dernier et cinquième film, Mommy.
Xavier Dolan a alors profité de la lumière pour déclamer un discours émouvant et optimiste à destination de “[sa] génération”, dont la partie anglaise a notamment été traduite par Première.
À voir aussi sur Konbini
Je suis désolé je suis très nerveux et ému, donc je vais dire ceci au mieux de ma capacité. L’émotion qui me gagne en contemplant cette salle mythique est bouleversante. Je suis éperdu de gratitude devant la reconnaissance de votre jury, la quantité d’amour aussi qu’on a reçu au cours de la dernière semaine me fait réaliser que c’est vrai : on fait ce métier pour aimer et être aimé en retour. C’est la revanche de nos amours imaginaires.
Je vais aller très rapidement. Je voudrais remercier Nancy Grant, ma productrice, Patrick Roy, les Karmitz, les gens chez Diaphana, tout le monde chez E One. Quel bonheur de travailler avec vous, de me sentir compris malgré mes défauts et mes doutes. Merci à Thierry Frémaux d’avoir cru en mes films, et surtout d’avoir cru en moi de m’avoir porté de m’avoir confronté, de m’avoir protégé. Merci à Christian Jeune pour son amitié et sa complicité. Merci à Anne Dorval, à Suzanne Clément, et Antoine-Olivier Pilon, vous êtes des acteurs, mais surtout des créateurs, je vous admire je vous aime. Je voudrais remercier ma famille mes amis pour leur écoute leur amour. Je suis sûr que j’oublie tellement d’alliés.
Je veux profiter de cette tribune pour m’adresser à ma génération et à Jane Campion. En anglais. Le français c’est ma langue première, la plus belle langue au monde pour moi, c’est vrai. Mais je veux que tout le monde m’entende.
D’aussi loin que je me souvienne, La leçon de piano est le premier film que j’ai pu voir. Quand j’ai demandé à ma belle-mère “Quel film puis-je voir ?”, elle m’a dit La Leçon de piano. C’est un film qui a défini ma vie, ma carrière. Peu de films m’ont autant déterminé que La leçon de piano. Et me retrouver face à vous, sur une scène… Vous avez écrit des rôles pour des femmes magnifiques, avec de la volonté et une âme… Des femmes avec une âme, de la volonté et de la force. Pas des victimes, pas des objets. Et je serai très bref. Il me reste quelques noms.
Une note pour les gens de mon âge, les jeunes de ma génération. Ce sont les notes des dernières années dans ce monde de fous. Malgré les gens qui s’attachent à leurs goûts et n’aiment pas ce que vous faites, restez fidèles à ce que vous êtes.
Accrochons-nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde. Ce ne sont pas que les hommes politiques et les scientifiques qui peuvent changer le monde, mais aussi les artistes. Ils le font depuis toujours. Il n’y a pas de limite à notre ambition à part celles que nous nous donnons et celles que les autres nous donnent. En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. Et puisse ce prix en être la preuve la plus rayonnante.