Contempler une œuvre d’art, c’est se confronter à un univers de techniques, d’histoires, de réflexions, d’émotions uniques. Qu’ils nous scandalisent ou qu’ils nous émeuvent, les chefs-d’œuvre ont des personnalités propres, qui suscitent des sentiments multiples. Afin de célébrer l’art sous toutes ses formes, on s’est demandé à quel signe astrologique correspondaient quelques-unes des grandes créations de ces derniers siècles.
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Bélier : Jackson Pollock, Lavender Mist
Jackson Pollock, “Number One (Lavender Mist)”, 1950.
Jackson Pollock est connu pour ses peintures énergiques et abstraites. C’est de façon radicale et directe que l’artiste américain permettait à l’inconscient de déterminer la forme de son œuvre, en faisant gicler la peinture et en misant sur la technique innovatrice du “dripping”. Comme le Bélier, c’est l’instinct et l’instant qui motivaient ses décisions.
Ce signe cardinal est également porteur d’initiatives. Il aime être le premier, le pionnier. Il est donc peu étonnant de le voir user de nouvelles techniques dans son travail et d’expérimenter au quotidien. Anticonformiste, Pollock brise aussi les codes de la composition traditionnelle, qui se concentre sur une image centrale, pour aller vers une composition globale, centrée sur les jeux des textures.
Taureau : Andy Warhol, Campbell’s Soup Cans
Andy Warhol, “Campbell’s Soup Cans”, 1962.
Cette œuvre est composée de 32 toiles peintes, représentant chacune une boîte de soupe Campbell en conserve. On sait que le Taureau est un gourmet, mais ce n’est pas pour cela que ce projet s’adresse à lui. Ce signe est surtout un personnage terre à terre, qui aime les choses concrètes, le quotidien qu’il connaît bien et qui se répète tranquillement.
Avec le pop art, l’artiste américain fait entrer les objets de consommation dans les galeries d’art avec l’intention d’y introduire le réel – cette consommation qui est au cœur de la société américaine, mais qui est trop vulgaire pour être affichée dans un musée. Warhol n’en a que faire. “Toutes les choses ont leur beauté, mais tout le monde ne sait pas les voir”, expliquait-il. Le Taureau, lui, sait voir la poésie dans les choses les plus simples et se retrouve sûrement dans le travail de l’artiste.
Gémeaux : Jeff Koons, Balloon Dog
Jeff Koons, “Balloon Dog”, 1994-2000.
Le Balloon Dog est une des sculptures les plus connues de Jeff Koons. Faite de métal étincelant, elle est la réplique monumentale des chiens en ballons de baudruche confectionnés pour les enfants. Une sculpture solide et lourde, qui joue sur les contrastes en imitant un jouet léger et fragile, susceptible d’être détruit à tout moment.
Les Gémeaux sont de grands communicants. Ils savent créer des œuvres qui vont faire parler d’elles et devenir virales. Ils savent aussi très bien s’adapter à leur interlocuteur ou au milieu dans lequel ils se trouvent. Comme les travaux de Jeff Koons, qui suscitent toujours de vives réactions, qu’ils soient exposés au château de Versailles, à Beaubourg, sur des sacs de marque ou dans les films de Ben Stiller.
Cancer : Frida Kahlo, Autoportrait au collier d’épines et colibri
Frida Kahlo, “Autoportrait au collier d’épines et colibri”, 1940.
Cet autoportrait est l’un des plus célèbres de Frida Kahlo. Comme toutes les peintures de l’artiste mexicaine, celle-ci est directement connectée à ses émotions et à ses peines. Alors qu’on lui a souvent prêté le titre d’artiste surréaliste, Frida Kahlo le niait, affirmant qu’elle n’a jamais peint ses rêves, mais sa réalité. Ce tableau-ci intervient après son divorce avec Diego Rivera.
Le Cancer est au sommet de sa puissance quand il utilise les émotions pour créer du sens et toucher les autres. C’est le cas ici, où tout est très palpable, de la douleur représentée par le collier d’épines tiré par le singe (symbolisant Rivera) à la malchance représentée par le chat noir. Aussi, ce signe est proche de son foyer, dont il a besoin pour se ressourcer. On connaît tous la Casa Azul de Frida et Diego, mais plus largement, c’est le Mexique que l’artiste célèbre en permanence, ici avec la végétation luxuriante placée derrière elle.
Lion : David LaChapelle, Lady Gaga
David LaChapelle, “Lady Gaga”, 2009.
Dans son travail, David LaChapelle s’est toujours intéressé aux personnalités de la pop culture et a immortalisé ses plus grandes figures comme Tupac Shakur, Madonna, Kelis et André 3000 ou encore Björk. Attiré par la lumière et la reconnaissance, le Lion semble être le signe le plus taillé pour le monde de paillettes décrit par le protégé d’Andy Warhol.
Cependant, le photographe américain ne se contente pas de dresser de simples portraits. En usant le kitsch et le bling-bling dans ses mises en scène, il célèbre autant qu’il met en exergue le caractère outrancier et l’aspect superficiel de la notoriété. Ses œuvres éblouissent autant qu’elles communiquent un sentiment de vanité et de tristesse. Comme le Lion qui, derrière son attitude flamboyante, cache de nombreuses insécurités.
Vierge : Edvard Munch, Le Cri
Edvard Munch, “Le Cri”, 1893.
Le Cri, d’Edvard Munch, n’est pas poussé par son protagoniste, mais par une présence extérieure. Pour se protéger d’un son strident venu d’ailleurs, le sujet porte ses mains aux oreilles. Ce tableau fait écho au vécu de Munch. Tourmenté et hanté par une enfance difficile, durant laquelle il a côtoyé plusieurs fois la mort, le peintre norvégien est sujet à la dépression et aux troubles mentaux.
Marqué par la volonté de symboliser les émotions humaines, Munch aurait ici représenté sa propre angoisse existentielle. De tous les signes, la Vierge est certainement la plus encline à ressentir l’anxiété, elle qui éprouve le besoin constant de trouver des solutions, quand bien même il n’y en aurait aucune. Les choses qu’elle ne peut contrôler sont sources de tensions pour elle. Dans ces cas-là, il y a moyen de la retrouver désespérée, les mains collées aux oreilles.
Balance : Marina Abramović, The Artist is Present
Marina Abramović s’est fait un nom en poussant régulièrement les limites du corps et de l’esprit, lors de performances artistiques radicales. À l’occasion de The Artist is Present, présenté au MoMa en 2010, l’artiste serbe s’est assise face à une table, pendant trois mois, huit heures par jour, attendant que les membres du public prennent place pour entamer avec elle un échange de regards.
Le succès de cette performance, qui a vu s’amasser le public, souligne “l’énorme besoin de contact des humains dans une société où nous sommes mis à distance les uns des autres”. La Balance est le signe qui s’épanouit le plus au contact des autres. C’est aussi celui qui se fait le miroir d’autrui en s’alignant à ses désirs. Une dimension qui fait écho à l’œuvre d’Abramović qui explique qu’il n’y a nulle part où aller durant la performance, si ce n’est à l’intérieur de soi. C’est en faisant ce voyage interne qu’on épouse ses émotions.
Scorpion : Anish Kapoor, Another (M)other
Anish Kapoor, “Another (M)other”, 2018.
Avec Another (M)other, Anish Kapoor a signé une exposition des plus viscérales. Les grands tableaux organiques et ensanglantés de l’artiste britannique, loin des formes géométriques épurées qu’il a pu présenter dans le passé, donnent l’impression de contempler les viscères et les entrailles d’une femme. La galerie Kamel Mennour, qui le représente, évoquait au sujet de ces formes et reliefs, une “charge sexuelle et physiologique intense”.
Cette volonté de ne pas s’arrêter à la surface pour sonder les profondeurs de l’individu, les parties non visibles de l’être humain, mais aussi la sexualité, lie les œuvres de Kapoor au signe du Scorpion, lui aussi dénué de tabous et attiré par la face cachée des choses. La prédominance du rouge, couleur du sang, des flammes, de la passion, de la mort, dans le travail de l’artiste fait aussi écho à l’intensité de ce signe.
Sagittaire : Keith Haring, 1982 Untitled
Keith Haring, “1982 Untitled”, 1982.
1982 Untitled fait partie des premières œuvres de Keith Haring. On y observe un cœur rouge radiant qu’on retrouvera par la suite dans d’autres tableaux de l’artiste. Deux hommes amoureux dansent autour d’un cœur. L’image est belle, innocente, mais pourtant sujette à la controverse. Elle marque le début des prises de position de l’artiste américain qui s’illustrera par la suite au travers de projets plus explicitement politiques.
L’énergie euphorique provoquée par l’amour est parfaitement transcrite par les traits et la position des sujets, tout comme l’attitude optimiste d’Haring, qui a porté avec fierté son identité, ses combats et sa foi inaltérable en l’humanité et en l’amour, à travers ses créations. Une philosophie proche de celle du Sagittaire, optimiste et spirituel, prêt à se battre avec flamboyance pour ses valeurs.
Capricorne : Salvador Dalí, La Persistance de la mémoire
Salvador Dalí, “La Persistance de la mémoire”, 1931.
La Persistance de la mémoire dépeint une scène surréaliste, dans laquelle le temps est devenu élastique et les montres métalliques fondent et s’amollissent. Ici, Dalí évoque la bataille perdue d’avance contre le temps qui passe. Pour lui, seule la mémoire permet à l’Homme de s’inscrire dans le temps, comme le montre l’utilisation de son propre souvenir de chez lui : un paysage du nord de Barcelone.
Le Capricorne est régi par Saturne, connu dans la mythologie grecque sous le nom de Cronos, divinité du temps. Plus que tous les autres signes, il vit avec un sens intense de la mortalité, qui lui sert de motivation pour travailler toujours plus et mettre de côté les plaisirs. La question du temps doit tarauder ce signe, comme elle taraudait Dalí. Cependant, sa réponse doit être plus pessimiste que celle du peintre.
Verseau : Ai Weiwei, Fly the Flag
Ai Weiwei, “Fly The Flag”, 2018.
Tout au long de sa carrière, Ai Weiwei, considéré comme opposant au régime chinois, s’est engagé à dénoncer le non-respect des droits de l’homme. Son projet Fly the Flag, dévoilé en 2018, ne fait que confirmer son engagement. Afin de célébrer le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’artiste chinois a imaginé un drapeau de couleur bleue laissant apparaître une empreinte “universelle” symbolisant “ce que c’est que d’être humain”.
À travers ce symbole, Ai Weiwei rend hommage aux opprimé·e·s, victimes de la répression, de la guerre, du réchauffement climatique et des discriminations. Une démarche similaire à la façon dont les Verseaux appréhendent le monde, privilégiant la communauté à l’individualisme et prônant l’égalité comme valeur fondamentale.
Poisson : Nan Goldin, The Ballad of Sexual Dependency
Nan Goldin, “The Ballad of Sexual Dependency”, 1985.
Dans The Ballad of Sexual Dependency, sa série qui la rendra mondialement célèbre, Nan Goldin immortalise un monde marginalisé, où se croisent le sexe, l’amour, la fête, la débauche, l’alcool, la drogue, la violence et la mort. Les clichés sont poignants, intimes et sincères. À l’image du Poisson, ce sont les émotions, l’intuition et l’empathie qui semblent guider l’œuvre.
Ce signe a une facilité pour voir ce que les autres ne voient pas ou refusent de voir. Il perçoit les souffrances d’autrui, et tente d’apporter un soutien. Dans son travail, la photographe américaine témoignera de quotidiens difficiles, notamment ceux de malades du sida, à travers des images saisissantes. Capable de nager à contre-courant, le Poisson affiche aussi sa vulnérabilité. Nan Goldin n’hésite pas à se prendre elle-même en photo, lors de moments de dénuement total.