La nouvelle exposition permanente de la Cité des sciences à Paris explore toutes les facettes des futures explorations humaines de la Lune, de Mars et même plus loin, en gardant les pieds sur Terre. Pas question ici de revenir sur les débuts de la conquête spatiale à la fin des années 1950, mais plutôt de présenter l’exploration aujourd’hui, à l’heure où l’envoi d’humain·e·s sur la Lune revient au premier plan des ambitions, avec Mars en ligne de mire. “L’espace n’est pas fait pour l’homme”, prévient d’emblée Sophie Lecuyer, commissaire de l’exposition “Mission spatiale”, dont le fil rouge est de montrer à quel point le milieu est hostile. Elle fait d’abord découvrir toutes les missions robotiques (rovers martiens, sondes, télescopes spatiaux, etc.) pouvant aller là où l’humain·e ne peut se rendre, pour des raisons de sécurité et de temporalité.
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Renvoyer des humain·e·s sur la Lune, où l’homme fit son premier pas en 1969, pour y rester cette fois, n’est pourtant pas une fiction : la feuille de route a déjà été tracée par 24 agences spatiales et inclut le programme Artemis, piloté par la Nasa. Le public est accueilli par une réplique en taille réelle du module d’habitat européen “I-HAB” de la future station orbitale lunaire Gateway, première étape avant l’installation. Il s’agit d’une zone d’attente de quelques semaines pouvant accueillir jusqu’à quatre astronautes, confinés dans dix mètres cubes : ses étroites couchettes verticales, son minuscule laboratoire, son coin cuisine… Avec une vue plongeante sur la Lune, à 40 000 kilomètres de là.
Toujours plus loin, pourquoi ?
Un bond dans le temps et on se retrouve à l’intérieur d’une base lunaire. Ses murs sont suffisamment épais pour protéger des rayonnements et des températures extrêmes pouvant aller de -160 degrés à +120 degrés Celsius. On y cultive des salades hors-sol car la surface lunaire, une fine poussière appelée régolithe, est stérile, abrasive et collante, mais elle peut servir à bâtir des bases avec des blocs imprimés en 3D. L’eau existe mais elle est cachée sous forme de glace, enfouie dans le régolithe – le grand défi est d’y accéder pour l’exploiter.
La Lune n’est qu’une étape pour atteindre l’objectif ultime : Mars, en quête de traces de vie extraterrestre passée, comme le font aujourd’hui, très lentement, les rovers. Le public pionnier découvre toutes les étapes à surmonter pour y séjourner. Un jeu en équipe permet ainsi de vivre la journée d’un équipage martien et d’en cerner toute la dimension psychologique – un élément crucial – et de comprendre que l’envoi d’astronautes vers la planète rouge n’est pas pour demain, même si les agences spatiales et un secteur privé florissant y travaillent déjà.
Un dernier bond dans le temps nous propulse en 2080, avec une expérience immersive vers Europe, l’une des lunes glacées de Jupiter : 15 minutes où l’on devient membre d’un équipage pour partir forer la glace de cet astre, toujours en quête de traces de vie. Durée du voyage : deux ans et neuf mois, à plus d’un milliard de kilomètres de la Terre. De la pure science-fiction. Mais pourquoi vouloir aller toujours plus loin ? “L’espace fait rêver mais il questionne”, souligne Sophie Lecuyer. “Certains pensent qu’on dépense des sommes folles pour la sécurité humaine alors qu’on pourrait se contenter d’envoyer des robots. D’autres, que la réactivité humaine est un plus pour l’exploration”, ajoute-t-elle. Pollution spatiale, enjeux juridiques, sociétaux : la dernière section de “Mission spatiale” expose “tous les éléments du débat”. Et la colonisation de Mars comme planète bis ? “C’est un vieux mythe. On en est très, très, très loin !”, répond Sophie Lecuyer.