Deux militantes ont aspergé avec de la soupe la vitre blindée protégeant La Joconde à Paris dimanche matin, ajoutant leur action – qui n’a pas endommagé le chef-d’œuvre – à la liste des opérations menées ces dernières années par des mouvements écologistes dans des musées. “L’œuvre n’a subi aucun dommage”, a indiqué le musée du Louvre à l’AFP, précisant que la salle des États, où le tableau est exposé, avait été rouverte à la visite, après avoir été fermée environ une heure. Le plus grand musée du monde compte porter plainte lundi.
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“Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce qu’il y a de plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable ? Notre système agricole est malade. Nos agriculteurs meurent au travail. Un Français sur trois ne fait pas tous ses repas tous les jours”, ont déclamé les militantes, debout de chaque côté du tableau, après avoir jeté la soupe, a constaté un journaliste de l’AFP. Elles ont ensuite été interpellées.
Selon le Louvre, elles avaient caché la soupe au potiron dans un thermos à café. La nourriture est acceptée à l’entrée de l’établissement. Le musée a expérimenté une interdiction de l’entrée avec de la nourriture par le passé mais y a renoncé, notamment parce qu’il est possible d’en acheter à l’intérieur. “La Joconde, comme notre patrimoine, appartient aux générations futures. Aucune cause ne peut justifier qu’il soit pris pour cible”, a condamné la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X. “Je ne suis pas sûre que La Joconde soit la plus grande pollueuse de France. Ça rime à quoi ?”, a pour sa part dénoncé Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement, sur France 3.
L’action a cette fois été revendiquée, dans un communiqué envoyé à l’AFP, par un collectif baptisé Riposte alimentaire, se présentant comme “une campagne de résistance civile française qui vise à impulser un changement radical de société sur le plan climatique et social”. Il “fait suite à la campagne Dernière Rénovation”, qui a revendiqué plusieurs actions ces derniers mois pour réclamer “un plan de rénovation thermique des bâtiments à la hauteur de l’urgence”. Le jet de soupe sur La Joconde est cette fois présenté comme “le coup d’envoi d’une campagne de résistance civile, qui porte une demande claire, profitable à toutes et tous : la sécurité sociale de l’alimentation durable”.
Depuis plusieurs années, une série d’opérations militantes a visé des œuvres dans des musées à travers le monde. En octobre 2022, deux jeunes femmes de Just Stop Oil avaient ainsi projeté le contenu de deux boîtes de soupe à la tomate sur le chef-d’œuvre de Van Gogh les Tournesols à la National Gallery à Londres, avant de se coller au mur en criant : “Qu’est-ce qui vaut le plus, l’art ou la vie ?” Ce tableau était, lui aussi, protégé par une vitre.
Dans d’autres musées, des militant·e·s ont collé leurs mains sur une peinture de Goya à Madrid, maculée de peinture rouge et noire la cage de plexiglas entourant La Petite Danseuse de quatorze ans de Degas à Washington D.C., ou étalé de la purée de pommes de terre sur un chef-d’œuvre de Claude Monet à Potsdam, près de Berlin. Plus largement, des mouvements de désobéissance civile ont aussi récemment perturbé des événements sportifs ou bloqué la circulation dans les pays occidentaux, pour dénoncer l’inaction des gouvernements et du monde économique.