Samedi 22 juillet 2023. Pour la première fois, je teste l’édition parisienne du festival Lollapalooza. Acmé de la soirée ? Le joyau de la Catalogne aka Rosalía qui achève sa d’ores et déjà culte tournée “Motomami World Tour”. C’est une ultime date à Paris rythmée par l’émotion, si bien que la chanteuse ne retient pas ses larmes au gré des sons. Enfin, il n’y avait peut-être pas que cela. Quelques jours plus tard, la presse mondiale s’emballe. Elle et Rauw Alejandro, fiancés et inspirations réciproques, se séparent. Pour le point people, et bien que leurs histoires personnelles et contrariées ne nous regardent guère, la rumeur dit que le second a trompé la première. C’est donc avec un certain sentiment de trahison, mais aussi animée par une réelle curiosité que je suis allée à l’AccorArena pour le tout premier concert en France du chanteur portoricain.
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Hasta luego, el balai dans las nalgas
Dans les gradins, ça cause surtout espagnol et très peu français. Au moins, pas de doute, on est au bon endroit ! Rauw Alejandro arrive dix minutes en avance et commence un show de près de deux heures dans un cadre rétro-futuriste qui sera, hélas, assez inégal. La première demi-heure est un véritable régal. Les titres s’enchaînent avec fluidité et l’autrice de ces lignes a même dansé (oui, oui, vous avez bien lu, hasta luego el balai dans las nalgas). Hélas, arrive un petit “ventre mou” composé de sons un peu plus anecdotiques. L’ambiance redescend quelques instants. Le public gronde, pas pleinement satisfait des morceaux qui composent la setlist. Mais nous y reviendrons.
À noter que beaucoup de fans ont des T-shirts floqués “Rosalía”, énième preuve si nécessaire que son ex-muse l’a fait rayonner comme jamais. Car oui, au-delà de leurs histoires de cœur qui ne nous regardent toujours pas davantage, Rosalía est partout dans l’air. Les deux se sont inspirés l’un de l’autre et ça se ressent jusqu’à la scénographie, qui a des allures de “Motopapi”. Le trentenaire se paye même le luxe de mimer un véhicule avec ses danseurs (si charismatiques qu’ils l’éclipsent souvent, en passant), exactement comme la Barcelonaise. Coïncidence ? D’autres trouveront beaucoup de Chris Brown dans les chorégraphies, et à cela on ne peut qu’hocher de la tête. Rauw Alejandro est très à l’aise, enchaîne les sauts et mouvements de bassin quand il ne court pas à travers la scène comme un gamin dans une cour de récré.
© Konbini
Pendant ce temps, c’est Tinder IRL dans la fosse
Ca pourrait presque être mignon, si le jeune homme ne nous imposait pas quelques excès de beauferie – ou de vibes “kéké”, comme aime le dire ma collègue préférée — comme quand il joue avec les soutifs qu’on lui lance sur scène, façon Drake. C’est la mode, que voulez-vous… À deux reprises, le chanteur à la voix étonnement aiguë invite des fans à twerker, caméra pointée sur elles. Ça pourrait être un peu misogyne de sa part, mais étrangement, je trouve ça bon enfant – l’effet des quelques gorgées d’alcool enfilées avec modération juste avant les hostilités, peut-être. Ma +1, comprenant parfaitement la langue de Cervantès, me souffle dans l’oreille “heureusement que tu ne piges pas tout, c’est un vrai chien, c’est des dingueries ce qu’il chante”. Des dingueries qui font pourtant leur petit effet dans la fosse or juste en dessous de nous, où le peuple, lui, ne se donne aucun moment de répit, emporté par la torpeur. Collés-serrés, je vois des inconnus se tester, se trouver. On est à un concert ou dans Tinder ?
@shellyjohnsson @rauwalejandro #live #concert #accorhotelarena #rauwalejandro ♬ son original - Shelly
En parlant de “love”, la soirée touche à sa fin et beaucoup attendent le prime de la setlist. Le morceau “Beso”, chanté avec… Rosalía, et qui conclut normalement la soirée à en croire les dates déjà données ici et là à travers le globe. Le Portoricain avait déjà skippé de nombreux bangers (RIP “El efecto”, qui a motivé le déplacement d’une grande partie de la foule, moi comprise). Mais il ne pouvait pas nous faire ça. Eh bien si. Il quitte la scène de façon assez brutale après avoir salué son public avec sa troupe, nous laissant solo avec la voix off, féminine et robotique qui a guidé un show découpé en chapitres (hop, encore des influences, ici The Weeknd). Même s’il se veut un peu grincheux et frustré, le public ressort malgré tout assez conquis. En dépit des nombreuses inégalités du show, eh bien… nous aussi. Comme dirait Amélie Neten sous IA : Claro que sí !