Environ 500 photos de visages et de corps du début du XXe siècle jusqu’à nos jours font dialoguer la collection photographique du musée d’art moderne du Centre Pompidou à Paris et celle de l’homme de cinéma Marin Karmitz. Intitulée “Corps à corps, Histoire(s) de la photographie”, cet “ensemble inédit de deux collections publique et privée consacre la figure humaine de 1905 jusqu’à aujourd’hui, de Constantin Brancusi à la Sud-Africain·e Zanele Muholi, ou à la Française Stéphanie Solinas, en passant par Henri Cartier-Bresson, Walker Evans ou Saul Leiter”, souligne la commissaire de l’exposition, Julie Jones, auprès de l’AFP.
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“Ma collection étant essentiellement consacrée aux visages et aux corps, nous avons fait ce choix”, ajoute Marin Karmitz, 84 ans, “enthousiaste” en découvrant le résultat. Conçue en sept sections ou chapitres thématiques comme “Premiers visages”, “En soi” ou “Spectres”, l’exposition fait entrer en correspondance William Eugene Smith, Gordon Parks, Dora Maar avec des photographes contemporaines comme Valérie Jouve ou Barbara Probst.
Nusch Eluard, vers 1935. (© Dora Maar/Adagp, Paris 2023/Centre Pompidou – Mnam-Cci/Jean-Claude Planchet/Dist. RMN-GP)
“Je crois que le visage et le corps, c’est ce qui nous amène à la relation avec l’autre et que cette relation est constitutive de notre possibilité de survivre […] et donc la fascination des photographes pour les visages des autres et les leurs est très importante”, explique Marin Karmitz qui a débuté sa collection dans les années 1990.
“C’est une façon d’exprimer leur tristesse et leur joie […] après les assassinats de la dernière Guerre mondiale, il faut absolument respecter le corps et faire en sorte qu’il ne soit pas brisé car c’est notre vie”, ajoute-t-il. Vivant habituellement avec ses photos “comme avec des amis”, il dit ne pas avoir d’auteur favori. Réalisateur, exploitant, distributeur et producteur – de Chabrol à Gus Van Sant –, Marin Karmitz est le fondateur du groupe de cinéma indépendant MK2. Héritier de mai 1968, il fut membre du mouvement maoïste de la Gauche prolétarienne et tourna dans les années 1970 plusieurs films militants.
Iel (Autoportrait avec perruque), 1972. (© Ulay/Adagp, Paris 2023/Collection Marin Karmitz/Florian Kleinefenn)
Sans titre (Soi-même avec de la fourrure), 1974-1977, don de la galerie Hubert Winter, 2010. (© Birgit Jürgenssen/Adagp, Paris 2023/Centre Pompidou – Mnam-Cci/Philippe Migeat/ Dist. RMN-GP/Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris)
Ethel Sharrieff à Chicago, de la série Black Muslims, 1963. (© Gordon Parks/The Gordon Parks Foundation/Collection Marin Karmitz/Florian Kleinefenn)
Sans titre no 6, 1994, donation de la Caisse des dépôts et consignations, 2006. (© Valérie Jouve/Adagp, Paris 2023/Centre Pompidou – Mnam-Cci/ Bertrand Prévost/Dist. RMN-GP/Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris)
Sans titre, de la série Anamanda Sîn, Désidération (2017-2021), 2021. (© SMITH/Galerie Christophe Gaillard, Paris/Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris Achat, 2023)
L’exposition “Corps à corps. Histoire(s) de la photographie” est à voir au Centre Pompidou, jusqu’au 25 mars 2024.