La fin d’année est toujours synonyme de moment de bilan, de regard dans le rétroviseur pour déterminer ce qu’il s’est fait de mieux les douze derniers mois. Plutôt que de se mettre tous d’accord en interne sur les 20 ou 25 meilleures productions cinématographiques, on a préféré faire autre chose : demander à tout un chacun, en tout cas aux journalistes de la rédaction ciné, pour pouvoir fournir un top 10 personnalisé. Histoire d’avoir plus de diversité dans le choix des films.
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Évidemment, certains longs sont cités plusieurs fois (Challengers, The Substance, Dune, deuxième partie, Pauvres Créatures), mais il est probable que vous voyiez ici des films cités dans quasiment aucun autre classement de médias ou en ligne.
Arthur
L’année ciné 2024 a démarré en 2023, puisque parmi les titres les plus marquants se trouvent l’immense claque du Festival de Cannes 2023 (le Glazer) et deux grands films découverts à la Mostra de Venise 2023 (Pauvres Créatures et La Bête). Mais c’était compter sans des titres plus anciens disponibles pour la première fois (Shin Godzilla, sorti en 2016, mais jamais en France avant cette année, et puis le monstrueux gargantuesque Napoléon, reconstruit pour la première fois dans sa forme originelle).
Il fallait compter aussi sur le retour de certains grands noms. Guadagnino nous a prouvé que le tennis pouvait être plus cinégénique que n’importe quel autre sport (et surtout ce qu’est un VRAI triangle amoureux), Legrand est passé outre le succès de Jusqu’à la garde pour offrir un grand thriller comme la France n’en a produit que trop peu ces dernières années. Et c’était compter sans les pépites horrifiques, du grand guignol jouissif The Substance au malaise brillamment mis en scène de Longlegs ou à la fascination morbide d’une maîtrise rare de Les Chambres rouges.
Et puis, bon ben, Denis Villeneuve nous fournit toujours les plus grands blockbusters contemporains.
Bref, une belle année 2024.
- La Zone d’intérêt, de Jonathan Glazer
- Challengers, de Luca Guadagnino
- The Substance, de Coralie Fargeat
- La Bête, de Bertrand Bonello
- Les Chambres rouges, de Pascal Plante
- Longlegs, d’Oz Perkins
- Dune, deuxième partie, de Denis Villeneuve
- Pauvres Créatures, de Yórgos Lánthimos
- Shin Godzilla, de Shinji Higuchi & Hideaki Anno
- Le Successeur, de Xavier Legrand
- Bonus : Napoléon, d’Abel Gance
Adrien
Une année 2024 marquée par la montée en puissance du cinéma de genre comme du septième d’art d’excellence, avec évidemment la consécration de Coralie Fargeat et son The Substance, plébiscité à Cannes et dans les salles obscures. On a aussi apprécié le style plus giallo de Ti West dans MaXXXine, qui vient conclure avec réussite sa trilogie X commencée en 2022. Plus confidentiel mais porté par la grâce et le talent inégalés de Golshifteh Farahani, Roqya, repéré en avant-première pendant le Festival de Gérardmer, nous a subjugués, pour son traitement original et très contemporain de la chasse aux sorcières.
On est aussi tombés une fois de plus sous le charme de la patte si singulière de Yórgos Lánthimos. D’abord, dans sa version carton-pâte de La Fiancée de Frankenstein, emmenée par une Emma Stone magnétique, puis devant l’ovni Kinds of Kindness, triptyque clivant à sa sortie mais qui a su nous convaincre grâce au talent de ses comédiens (Jesse Plemons largement en tête) et à son étude satirique de la bonté d’âme. Dans la même idée, les pérégrinations érotico-sensuelles de May December nous ont complètement hypnotisées, avec le plaisir de retrouver Natalie Portman dans un rôle à la hauteur de sa carrière.
Si les blockbusters ont tendance à se casser la gueule ces dernières années, on avait envie de souligner le travail toujours époustouflant de Denis Villeneuve sur Dune, deuxième partie qui, en plus d’être une adaptation efficace, propose toujours des tableaux de SF à couper le souffle. On salue aussi le premier film de Dev Patel, Monkey Man, sorte de John Wick dans une Bombay poisseuse et violente, qui prouve que les films d’action bourrins sont capables d’aligner puissance de mise en scène et sous-texte social poignant et réfléchi.
- Pauvres Créatures, de Yórgos Lánthimos
- The Substance, de Coralie Fargeat
- Roqya, de Saïd Belktibia
- Dune, deuxième partie, de Denis Villeneuve
- May December, de Todd Haynes
- Kinds of Kindness, de Yórgos Lánthimos
- Blink Twice, de Zoë Kravitz
- Monkey Man, de Dev Patel
- MaXXXine, de Ti West
- Le Comte de Monte-Cristo, d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte
Flavio
Du sang, des larmes, et le reste. Une année bien trempée pour moi. Il y a eu le sang, d’abord, qui abonde dans The Substance, le monstre de vérité qui m’a retourné la tête et l’estomac au Festival de Cannes, mais également celui qui enrobe le récit romantique et adolescent de Vampire humaniste cherche suicidaire consentant – je n’avais plus autant eu envie de sucer de sang depuis Edward Cullen de Twilight, que j’embrasse.
Il y a aussi eu les larmes, beaucoup de larmes, devant le numéro de danse de Cynthia Erivo et Ariana Grande, en parfaite symbiose dans mon film préféré de l’année, l’enchanteur Wicked, ou devant cette scène de l’envol dans Le Robot sauvage, qui m’a rappelé l’importance des films animés pour petits et grands.
Il y a eu les larmes de compassion, également, devant deux récits bien différents de la transidentité : l’un plus classique, 20 000 espèces d’abeilles, dont la douceur de sa protagoniste m’a bouleversé, et l’autre plus original, I Saw the TV Glow, qui se perd peut-être parfois dans sa propre complexité, mais dont l’esthétique et les multiples références pop m’ont captivé. Et puis les larmes plus douloureuses devant Sans jamais nous connaître et L’Innocence, deux histoires queers difficiles mais finement racontées, avec plus ou moins d’espoir.
Finalement, il y a eu la sueur et le sexe qui accompagnent mes deux coups de cœur plus légers de l’année : La Vie selon Ann, une chronique débordant d’humour et d’authenticité sur l’éveil sexuel et existentiel qui frappe à la trentaine (elle est moi, je suis elle), et Challengers, phénomène de pop culture dégoulinant de désir, qui me rappelle que je suis le plus gros iencli du Guadagnino Universe – et accessoirement l’homosexuel insupportable que je pense être.
Tout mouillé pour 2024 !
- Wicked, de Jon M. Chu
- Sans jamais nous connaître, d’Andrew Haigh
- La Vie selon Ann, de Joanna Arnow
- Challengers, de Luca Guadagnino
- Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, d’Ariane Louis-Seize
- L’Innocence, d’Hirokazu Kore-eda
- The Substance, de Coralie Fargeat
- 20 000 espèces d’abeilles, d’Estibaliz Urresola Solaguren
- I Saw the TV Glow, de Jane Schoenbrun
- Le Robot sauvage, de Chris Sanders