Difficile de résumer la carrière de Jane Birkin à un seul pan, mais si on vous a parlé de cinq de ses titres les plus reconnus, il nous semblait aussi important d’évoquer sa carrière au cinéma pour raconter, en cinq films, l’évolution de la figure de Birkin au fil des années.
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#1. Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966)
Deux ans après une petite apparition (dans Le Knack… et comment l’avoir de Richard Lester, qui a remporté la Palme d’or en 1965 tout de même), c’est chez l’immense Antonioni que Birkin va marquer les rétines, dans ce chef-d’œuvre et le temps d’une seule séquence.
Un simple plan à trois, mais qui fera largement polémique – le film de manière générale fera parler, du fait de la nudité et de ce que raconte le film. Deuxième film, deuxième Palme d’or, et le début d’une belle carrière d’actrice.
#2. Slogan de Pierre Grimblat (1969)
Peut-être pas le long-métrage le plus mémorable de la carrière de Jane Birkin, mais un film qui a une importance immense. Il faut resituer : on est deux ans après Blow-Up, l’actrice ne trouve pas énormément de rôles. Elle décide de passer une audition en France alors même qu’elle ne parle pas un mot de français ; audition qu’elle juge a posteriori épouvantable, mais qu’importe. On est en 1969 et la France est témoin de la rencontre entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin – qui jouent des amants face à la caméra.
Le reste n’est qu’Histoire.
#3. La moutarde me monte au nez ! de Claude Zidi (1974)
Si Jane Birkin va rester dans une forme de cinéma d’auteur pour des grands noms (André Cayatte, Roger Vadim) ou des grands films (La Piscine de Jacques Deray), il faudra attendre 1974 pour qu’elle s’aventure vers une forme de cinéma populaire. En l’occurrence, la comédie de Claude Zidi.
Juste après Le Grand Bazar et quelques années avant L’Aile ou la Cuisse, le réalisateur français recrute Pierre Richard, qui sort tout juste du carton du Grand Blond avec une chaussure noire, pour travailler avec Jane Birkin, qui sort de sa zone de confort et joue une actrice poursuivie par la presse people. La version comique de Vie privée de Louis Malle, en somme. Un trio qui, face au succès conséquent du film (3,7 millions d’entrées en salle), retravaillera ensemble juste après, dans La Course à l’échalote.
#4. La Fille prodigue de Jacques Doillon (1981)
Jacques Doillon va offrir à Jane Birkin son premier vrai rôle dramatique et profond avec La Fille prodigue. L’histoire d’une relation de plus en plus ambiguë entre une jeune trentenaire et son père (incarné par Michel Piccoli), qui va être une double révolution pour Birkin.
Le film va lui ouvrir les portes du cinéma indépendant, exigeant et de qualité. Suite à cette prestation plus que convaincante, elle va être sollicitée par Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou encore Jacques Rivette. Elle raconte en interview que c’était la première fois qu’elle était face à un cinéaste qui ne voulait pas la voir dénudée mais jouer un texte profond. Ce n’est pas rien. Fraîchement séparée de Gainsbourg, elle va tomber en amour du réalisateur, avec qui elle fera deux autres longs, La Pirate et Comédie !
#5. Jane B. par Agnès V. d’Agnès Varda (1988)
Comme beaucoup d’autres, Agnès Varda va remarquer Jane Birkin dans La Fille prodigue. En sortira une grande et belle amitié importante du cinéma, qui commencera par cet objet hybride et à part. Mi-documentaire, mi-biopic reprenant par des saynètes des bouts de la vie de l’artiste (avec Alain Souchon ou Jean-Pierre Léaud) en jouant sur l’histoire de l’art, qui revient autant sur son histoire que sur sa vision de la vie, Jane B. par Agnès V. est un portrait sublime.
Au cours du film, on voit Birkin pitcher un film qu’elle aimerait écrire – film qui verra le jour peu de temps après, Kung-fu Master, où elle incarne une mère qui tombe amoureuse d’un camarade de classe de sa fille de 14 ans. Et les collaborations ne s’arrêteront pas là, puisqu’on trouvera Birkin dans le projet fou de Varda Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma ou encore dans Les Plages d’Agnès.
Deux petits bonus : Boxes de Jane Birkin (2007) et Jane par Charlotte de Charlotte Gainsbourg (2022)
Le premier parce que c’est la seule fois où Birkin est passée derrière la caméra pour le cinéma (en dehors d’un téléfilm de 1992) ; une chronique familiale, une fois encore avec Michel Piccoli.
Le deuxième parce qu’il reprend la formule du documentaire-portrait, mais signé par la fille de l’intéressée ; plus intime que jamais, plus bouleversant aussi.