1924. André Breton publie le Manifeste du surréalisme et pose les fondations d’un nouveau mouvement artistique. Jusqu’au 13 janvier 2025, le Centre Pompidou parisien donne à voir le manuscrit original du poète et expose l’inventivité du surréalisme en quatorze chapitres. De façon chronologique, le musée revient sur les origines littéraires du mouvement, sur ses principes et évidemment, sur les artistes qui ont œuvré à son effervescence.
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Parmi eux, il y a les noms connus de tou·te·s – Joan Miró, Salvador Dalí, René Magritte, Max Ernst… – et ceux, principalement féminins, qui ont été plus ignorés (voire effacés) dans l’histoire de l’art. Retour sur ces figures du surréalisme dont on entend moins parler et qui méritent toute notre attention.
Ithell Colquhoun (1906-1988)
Pionnière du surréalisme en Grande-Bretagne (où elle est arrivée à un an après être née en Inde), Ithell Colquhoun est l’autrice d’une œuvre mystique et ésotérique. Artiste, dramaturge, poète et théoricienne, elle s’intéresse de près à l’occultisme. Elle commence par dessiner des elfes, des fleurs et des fées avant de découvrir le surréalisme dans les années 1930 et de se rapprocher de certaines de ses figures majeures.
Son premier solo show en 1936 montre déjà ses influences surréalistes, bien qu’elle soit expulsée du cercle des surréalistes britanniques pour avoir refusé de renoncer à l’occultisme. Ses œuvres racontent, entre autres, sa quête spirituelle, l’identité féminine ou encore l’exploration de sa sexualité, notamment dans son tableau Scylla, en référence au monstre marin de Circé dans la mythologie grecque.
Leonora Carrington, Green Tea (La Dame ovale), 1942, collection particulière.
Leonora Carrington (1917-2011)
Issue d’une famille aisée d’industriels, Leonora Carrington apprend la peinture à Londres avant de découvrir l’œuvre de Max Ernst puis le peintre lui-même, avec qui elle s’installe en France. Après leur séparation et une dépression, elle rejoint le Mexique où elle côtoie d’autres artistes surréalistes dont Remedios Varo et Alice Rahon. À la fois romancière, peintre et sculptrice, Leonora Carrington s’oppose au male gaze des hommes surréalistes et laisse derrière elle des œuvres et des contes excentriques, complexes et oniriques où se superposent la douleur et la joie.
Dora Maar (1907-1997)
Vous avez sûrement déjà vu un portrait de Dora Maar, peut-être en cours d’arts plastiques au moment de revenir sur l’œuvre de Picasso. C’est elle dans le tableau qui porte son nom, dans La Femme qui pleure et dans La Femme couchée avec un livre. Les deux étaient en effet amants et l’on présente souvent la Parisienne comme la muse du peintre. Ce que l’on sait moins, c’est que Dora Maar était photographe et peintre, et que sa relation avec Picasso, qui était violent avec elle, a tristement occulté son œuvre.
L’artiste est l’autrice de photographies de mode, de publicités ou encore de films et s’est illustrée dans le surréalisme avec ses collages aux motifs souvent inquiétants. C’est sous la pression de Picasso et après avoir documenté la création de Guernica qu’elle a abandonné son médium de prédilection, la photographie, pour la peinture.
Remedios Varo, Papilla estelar, 1958. (© FEMSA Collection/Adagp, Paris, 2024)
Hector Hyppolite (1894-1948)
Originaire d’Haïti, Hector Hyppolite est d’abord prêtre vaudou, peintre en bâtiment puis peintre-décorateur avant de devenir un artiste renommé dans son pays. Il peint rapidement, avec des pinceaux, ses doigts ou encore des plumes de poule, et explore les thèmes du vaudou, de la religion catholique, des relations. Il fonde le groupe des artistes naïf·ve·s d’Haïti et est décrit comme le plus grand peintre haïtien par André Breton, qui visite le Centre d’art d’Haïti en 1946. Malgré son statut légendaire à Haïti, son œuvre reste peu étudiée ici.
Remedios Varo (1908-1963)
Figure emblématique du surréalisme au Mexique, la Catalane Remedios Varo étudie les beaux-arts à Madrid avant de s’installer à Barcelone où elle fréquente des surréalistes et s’initie aux cadavres exquis et au collage. Elle se réfugie à Paris pendant la guerre civile, puis est arrêtée pour son militantisme marxiste en 1939 avant d’émigrer au Mexique quelques années plus tard. Après une production artistique plutôt alimentaire en France, ses œuvres prennent un tournant plus fantastique et retranscrivent son intérêt pour la spiritualité, l’astrologie et l’alchimie.
L’exposition “Surréalisme” est à découvrir au Centre Pompidou (Paris) jusqu’au 13 janvier 2025.
Konbini, partenaire du Centre Pompidou.