Du 7 août 2019 au 9 février 2020, le Bronx Museum of the Arts rend hommage à la carrière du photographe américain Alvin Baltrop. Né en 1948 dans le Bronx, le photographe a immortalisé la culture underground gay new-yorkaise entre les années 1970 et 1980, entre le moment où fleurissaient les mouvements d’émancipation homosexuelle et avant les ravages de l’épidémie du sida.
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Les monochromes d’Alvin Baltrop ont principalement pour décor les jetées situées aux abords de l’Hudson River et les entrepôts désaffectés du West Side de Manhattan. Cette fascination pour les lieux de rencontre d’hommes homosexuels a instigué une valeur quasi-documentaire à son travail.
(© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
Selon Sergio Bassa, commissaire de l’exposition, c’est d’ailleurs en raison de cet intérêt de recherche qu’Alvin Baltrop n’aurait pas accédé au même niveau de reconnaissance que ses contemporains, tels que Robert Mapplethorpe ou Andy Warhol :
“Quand on compare Alvin Baltrop à ces artistes, la différence n’est pas qu’il n’était pas pro – il a étudié à la SVA (School of Visual Arts) de New York, il connaissait très bien la technique, il développait lui-même ses photographies… Mais il ne partageait pas la même ambition qu’un Mapplethorpe, qui voulait vraiment réussir à grande échelle. Mapplethorpe voulait devenir un photographe classique, dans le même genre qu’Irving Penn.
A contrario, Baltrop a suivi sa passion. Ses photos ne lui servaient pas à se faire un nom. Prendre en photo la jetée était pour lui un travail de recherche et d’archive. Il garait son van dans la rue et attendait pendant des heures. Je ne suis même pas sûr qu’il ait déjà pensé à exposer son travail dans une galerie. Il était juste fasciné par ses découvertes sur la jetée”, précisait-il à i-D.
Les 120 photographies présentées au musée du Bronx (ainsi que les archives inédites de l’artiste qui les accompagnent) n’ont pas de vocation voyeuriste. Au contraire, elles racontent, de l’intérieur, avec douceur et créativité, une période particulièrement intense pour l’émancipation des libertés individuelles, de New York au reste du monde.
Un demi-siècle plus tard, ces images n’ont rien perdu de leur intérêt. Elles méritent d’être vues et partagées afin de reconstituer une histoire artistique queer anciennement étouffée.
“Marsha P. Johnson”, non daté (1975-1986). (© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
“The Piers (Homme portant un suspensoir)”, non daté (1975-1986). (© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
“The Piers (Plateforme de bronzage)”, non daté (1975-1986). (© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
“The Piers (Vue extérieure d’un couple faisant l’amour)”, non daté (1975-1986). (© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
“The Piers (Architecture effondrée)”, non daté (1975-1986). (© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
(© Alvin Baltrop/Courtesy du fond Alvin Baltrop/2010, Third Streaming, NY, Galerie Buchholz, Berlin/Cologne/New York)
L’exposition The Life and Times of Alvin Baltrop est visible du 7 août au 9 février 2020 au Bronx Museum of the Arts à New York.