Chaque été, nous passons en revue les événements artistiques de notre beau pays, la France, afin de vous proposer la crème de la crème des expositions. Au programme : les crânes géants de Ron Mueck, les œuvres créées main dans la main par Basquiat et Warhol, Martha Wilson et ses travaux féministes, les Rencontres photographiques d’Arles, un peu de nature-peinture et beaucoup de surréalisme. Voici cinq expositions à ne pas rater cet été.
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Les Rencontres photographiques d’Arles
Le festival des Rencontres photographiques d’Arles revient avec sa 54e édition. Une quarantaine d’expositions seront disséminées dans toute la ville et présenteront les œuvres d’artistes aussi bien émergent·e·s que célèbres.
Parmi nos expositions coups de cœur, figurent celle de la Casa Susanna, cette maison située à quelques kilomètres de New York qui était un refuge pour la communauté LGBTQIA+ locale, spécialement pour les personnes trans et drag ; la série d’Hannah Darabi sur la communauté perse de Los Angeles ; le projet d’Oleñka Carrasco sur le deuil qu’elle a dû faire à distance ; ou encore “Entre nos murs”, sur une maison qui raconte à travers ses murs abandonnés l’histoire de l’Iran.
L’exposition collective du Prix Découverte Louis Roederer, à l’Église des Frères Prêcheurs, saura vous toucher grâce aux images de Riti Sengupta, qui étudie les effets du patriarcat sur sa mère dans son propre foyer familial ; à la documentation de Soumya Sankar Bose sur la disparition et réapparition miraculeuse de sa mère devenue amnésique ; et à “Une femme sur trois”, de Nieves Mingueza, sur les violences faites aux femmes.
Du 3 juillet au 24 septembre 2023.
“Martha Wilson : Invisible Works on Aging”, au Frac Sud, à Marseille
Cet été, le Frac Sud met à l’honneur une grande figure de l’histoire de l’art états-unienne “depuis les années 1970”, dont les combats féministes étaient au cœur de son art : Martha Wilson. Elle est “l’une des premières artistes à faire usage de son corps, aux côtés de Hannah Wilke ou Eleanor Antin, pour questionner les représentations sociales du féminin au travers de ses performances, vidéos et photographies”, détaille le musée.
Martha Wilson n’hésitait pas à changer son apparence pour “mettre à mal les stéréotypes identitaires d’une Amérique néolibérale”. Comparable à Cindy Sherman, Martha Rosler ou aux philosophes féministes comme Judith Butler, elle a fondé dans son appartement new-yorkais Franklin Furnace : un espace alternatif consacré à l’exploration artistique et à la conservation des œuvres d’avant-garde. Elle a aussi lancé Disband, un groupe de “punk conceptuel”, “mêlant performance et musique avec des femmes artistes ne sachant jouer d’aucun instrument”.
Ses œuvres regorgent de récits et d’intertextualité. Très récemment, en 2022, elle se lançait dans un projet autour d’artistes femmes de générations différentes. Elle s’est entretenue avec six artistes et leur a posé trois questions précises : “Comment êtes-vous devenue une artiste ? Quel est votre rapport au féminisme ? Des traumatismes ont-ils joué un rôle dans votre construction en tant qu’artiste ?”
Du 1er juillet 2023 au 4 février 2024.
“Basquiat x Warhol, à quatre mains”, à la Fondation Louis Vuitton, à Paris
“De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol réalisent environ 160 toiles ensemble, à quatre mains, dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives”, nous informe la Fondation Louis Vuitton. C’est cette amitié que la fondation a décidé de mettre en avant dans l’exposition “Basquiat x Warhol, à quatre mains”, à travers 100 toiles.
Il s’agit de “l’exposition la plus importante jamais consacrée” à cette œuvre commune. C’est l’occasion de revenir sur les travaux de Keith Haring, Jenny Holzer, Kenny Scharf ou de la scène du centre-ville new-yorkais des années 1980, qui les entouraient.
Jusqu’au 28 août 2023.
“Paysage. Fenêtre sur la nature”, au Louvre-Lens
Le paysage et la nature sont célébrés dans tous leurs états au sein d’une exposition au Louvre-Lens. Des toiles de Géricault par-ci, des peintures d’Hokusai par-là : cet événement fait partie d’un triptyque d’expositions organisé par le musée autour du vivant.
Avec une dimension politique, cette promenade artistique vous révélera le travail des paysagistes, leurs techniques et savoir-faire, dans une muséographie invitant à la rêverie : des esquisses d’arbres et de rochers aux toiles monumentales honorant les couleurs des saisons. C’est une exposition thématique qui vous mettra au vert.
Jusqu’au 24 juillet 2023.
Ron Mueck, à la Fondation Cartier, à Paris
Le sculpteur australien aux œuvres hyperréalistes et troublantes est de retour à la Fondation Cartier, dix ans après l’exposition inaugurale de l’ouverture de ce lieu dédié à l’art contemporain. Ce sont des œuvres inédites en France, comme Mass, et ses sculptures phares que l’artiste présente ici.
Ron Mueck, Mass, 2017, National Gallery of Victoria, Melbourne, Australie. (© Tom Ross)
Un bébé tout juste accouché, des collines de crânes pesant 45 kilogrammes chacun, un ado géant, de terrifiants chiens de garde… Les détails de ses œuvres – qui lui prennent des mois, et parfois des années, de conception – sauront vous fasciner et vous émouvoir.
Jusqu’au 5 novembre 2023.
“Liliana Porter, le jeu de la réalité”, aux Abattoirs de Toulouse
Près d’une centaine d’œuvres de l’artiste Liliana Porter est présentée aux Abattoirs de Toulouse, dans le cadre d’une belle rétrospective sur son travail. Née en Argentine et installée à New York depuis les années 1960, l’artiste “met en évidence une nouvelle généalogie d’artistes femmes qui ont redéfini les limites de l’art conceptuel et ont transformé la poésie de l’installation”.
Dans les années 1970, Liliana Porter photographiait par exemple son propre corps et le superposait à des dessins muraux pour accompagner le mouvement féministe de l’époque. En gravure, peinture, photographie, vidéo ou sculpture, elle étudiait également dans son travail artistique “la perception de la réalité et les notions de temps et d’espace”.
Jusqu’au 27 août 2023.
“Surréalisme au féminin”, au Musée de Montmartre, à Paris
Le surréalisme était dominé par les hommes et a invisibilisé au cours de son histoire les artistes femmes. Partant de ce constat, le Musée de Montmartre mettra à l’honneur la création féminine de ce mouvement artistique du XXe siècle, en présentant près de 150 œuvres. Lee Miller, Dora Maar, Claude Cahun, Franciska Clausen, Grace Pailthorpe… Elles ont toutes participé au mouvement ou en ont été pionnières.
Jusqu’au 10 septembre 2023.
“Pol Taburet, OPERA III: ZOO – The Day of Heaven and Hell”, à Lafayette Anticipations, à Paris
Pour la première fois, l’artiste Pol Taburet expose en solo dans une grande institution parisienne. Pour “OPERA III: ZOO”, l’artiste ne se limite pas à la peinture et présente son exploration de nouveaux genres comme l’installation et la sculpture.
Le lieu se transforme pour l’occasion en “un intérieur domestique habité de visions qui nous plongent dans une réalité proche de l’hallucination”, “dans les profondeurs de l’être, dans ses territoires invisibles, inavouables ou indomptables”, promet Lafayette Anticipations. Sous une lumière artificielle, il présente des “personnages-esprits”, son “bestiaire humain” inspirés de contes et dessins animés, des corps et scènes de salon, de strip-tease et de théâtre.
Jusqu’au 3 septembre 2023.
“Histoires vraies”, au MAC VAL, à Vitry-sur-Seine
Une quarantaine d’artistes de générations différentes est réunie pour l’exposition collective “Histoires vraies” du MAC VAL, qui tente de percer “cette idée que tout est fiction, le réel étant superposition, feuilletage tissé d’histoires diverses et variées”. Tous les talents exposés ont un point commun : le recours à la fiction, le besoin de narration et de récit, pour décrire leur monde, pour le documenter ou l’inventer et réinventer.
À l’ère des réseaux sociaux et du métavers, “tout est histoires” : “Qu’en est-il de la vérité ? De la véracité ? Doit-on croire ce que les artistes nous racontent ? Le réel existe-t-il en dehors de sa formulation ?”, interrogent les œuvres mises à l’honneur. “De la fiction pour mettre en crise, en questions, déconstruire, faire apparaître ; de la fiction pour conjurer, éloigner ; de la fiction pour réparer, raconter autrement ; aider, accompagner, transmettre ; mais aussi creuser les apparences, interroger les faits, leur véracité, les modes de narrations mêmes ; de la fiction pour proposer des alternatives aux ‘grands récits’ enfermants, de la fiction pour le simple et joyeux plaisir de fabuler.”
Jusqu’au 17 septembre 2023.
“Manet/Degas”, au musée d’Orsay, à Paris
Environ 200 tableaux, pastels, dessins, gravures, monotypes, lettres et carnets intimes sont exposés pour retracer la relation complexe entre les peintres Édouard Manet et Edgar Degas au musée d’Orsay. Amis ou ennemis, les deux artistes et leurs œuvres se répondent dans un face-à-face pictural qui retrace leurs carrières respectives.
Tous deux viennent de familles bourgeoises, tous deux ont tout quitté pour se lancer dans une passion qu’ils ont en commun, tous deux exposeront tardivement au Salon. Ce qui les rapproche, selon Stéphane Guégan, conseiller scientifique à Orsay, c’est “le désir de faire rentrer le monde moderne dans la peinture, indépendamment des conventions de l’époque”.
Jusqu’au 23 juillet 2023.