C’est un “Jardin d’hiver” qui s’offre à nous à la Galerie Bessaud en ce moment. Voisin de l’Opéra Bastille, le lieu accueille huit artistes de disciplines très différentes : de la peinture avec Julien Colombier, Makiko Furuichi et Victoire Kammermann, du tufting avec Colombe Salvaresi, de l’art floral avec Tara Msellati, de la céramique avec Perrine Boudy, de la marqueterie de paille avec Olivia de Bona, du vitrail et de la photographie avec Violaine Carrère.
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Mercredi 22 novembre au soir, cette dernière animait un atelier vitrail de 45 minutes, en comité réduit, au sein de la galerie parisienne. Nous étions cinq à boire les mots de Violaine Carrère qui nous parlait à la fois de sa pratique photographique, liée à la nature morte, mais aussi de l’histoire et de sa pratique du vitrail. Face à elle, tous les outils nécessaires pour composer des “puzzles de verre”. Et face à nous, ses œuvres colorées jouant sur les textures. Au cours de cet atelier, j’ai retenu cinq choses qui pourraient vous intéresser aussi et que vous pourriez ressortir à un dîner guindé pour briller – mais, au fond, on vous conseille de ne juste pas aller à des dîners guindés.
Violaine Carrère, Psalm 1: “God Save The Cream”, exposition “Jardin d’hiver”. (© Galerie Bessaud)
La pratique a été investie par de grands artistes
Le vitrail fait traditionnellement le lien entre le profane et le sacré dans les églises, et cet art a été investi par des artistes comme Chagall, qui a habillé la chapelle du Saillant, à Voutezac, Matisse, qui a vêtu la chapelle du Rosaire, à Vence, ainsi que Soulages, qui a opéré à l’abbatiale Sainte-Foy de Conques. Le vitrail a connu un grand essor au Moyen Âge et durant la période gothique (du XIIe au XIVe siècle) puis a été boudé pendant quelques siècles, avant de revenir en force grâce à l’Art nouveau du XXe siècle. Des artistes, comme Violaine Carrère, s’en emparent, l’actualisent et le remodèlent aujourd’hui.
Dans sa pratique, Violaine Carrère le confronte à un autre médium : la photographie. Il y a un “manque de contact” avec la matière dans la photographie numérique, et c’est ce “manque” qu’elle ressentait qu’elle a su combler dans sa pratique débutante du vitrail, aux côtés de maîtres verriers. “La surconsommation d’images m’a menée à fusionner mes photos avec des vitraux. Je me lasse très vite de mes images et je trouvais ça dommage.” Une nouvelle vie toute méritée pour ces images qui dormaient sur les réseaux sociaux ou sur des disques durs.
Violaine Carrère, Psalm 3: “Holy Foam”, exposition “Jardin d’hiver”. (© Galerie Bessaud)
La France possède plus de 50 % des vitraux du monde
Eh non, ce n’est pas l’Italie. La France peut être fière.
Le rose est très cher
Et donc assez rare dans les vitraux. Selon le budget de restauration alloué, les vitraillistes remplacent (ou pas) cette couleur de verre par une couleur moins coûteuse, qui s’en rapproche au maximum.
Deux événements pour les fans de vitraux ont marqué l’année
Il s’agit de la réouverture du musée de Cluny, dans le 5e arrondissement parisien, et de l’ouverture de la Cité du vitrail, à Troyes.
Assemblage du puzzle. (© Donnia Ghezlane-Lala/Konbini)
Le vitrail, c’est aussi des verbes très rigolos
Au cours de l’atelier, j’ai appris des verbes techniques très mignons comme “putoiser” ou “blaireauter”. Ces verbes renvoient aux types de poils des pinceaux qu’on vient brosser sur le verre. Celles et ceux qui blaireautent utilisent donc un pinceau à base de poils de blaireau, celles et ceux qui putoisent ont recours à un pinceau à base de poils de putois. Des alternatives synthétiques, plus respectueuses des animaux, existent aussi. Un autre terme, renvoyant à la peinture sur verre, que j’ai appris : “la grisaille”. Car le rendu est tout simplement gris.
La découpe est très peu profonde
J’ai pu m’adonner timidement à une découpe de verre aux côtés de Violaine Carrère, et j’ai été étonnée de découvrir que la découpe n’est pas aussi profonde qu’on le penserait et qu’une rayure bien appuyée suffit à briser un verre. L’artiste compare la découpe à “des carrés de chocolat” qu’on vient casser une fois qu’on a tracé sa découpe à l’aide d’un coupe-verre, une sorte de stylet possédant une mini-lame. Et il n’y a rien de plus satisfaisant que de faire ce geste et sentir le verre crisser sous son outil.
Le fameux outil “coupe-verre”. (© Donnia Ghezlane-Lala/Konbini)
Vue des œuvres de Violaine Carrère, exposition “Jardin d’hiver”. (© Galerie Bessaud)
L’exposition “Jardin d’hiver” est à visiter à la Galerie Bessaud jusqu’au 20 décembre 2024.