Coucou, les rageux, il est temps d’arrêter d’accuser Dua Lipa (et les femmes de la pop) de faire du play-back

Lettre ouverte aux jaloux

Coucou, les rageux, il est temps d’arrêter d’accuser Dua Lipa (et les femmes de la pop) de faire du play-back

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© Samir Hussein/WireImage

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Par Flavio Sillitti

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Après Billie Eilish ou Angèle chez nous, c’est au tour de Dua Lipa d’être accusée (à tort) de play-back après son set à Glastonbury.

“C’est certain, c’est du play-back.” On l’a tous déjà entendue, celle-là. La plupart du temps, vous remarquerez que ça fait référence à une femme et plus elle a du succès, plus c’est susceptible d’être dit. Parce qu’être une femme qui réussit, aujourd’hui comme hier, dans le monde de la musique comme ailleurs, ça fait grincer pas mal de dents. Récemment, c’est Dua Lipa qui en a payé les frais, avec une flopée de tweets et d’articles de presse dédiés à son prétendu “play-back” sur la scène de Glastonbury, à l’heure où on devrait simplement se concentrer sur son ascension fulgurante sur l’une des plus grandes scènes au monde.

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Par le passé, on a déjà eu droit à des critiques envers Billie Eilish qui ne chantait pas assez fort, à Beyoncé qui ne dansait pas assez longtemps, ou à Taylor Swift qui n’était pas assez sexy sur scène. Chez nous, c’est Aya Nakamura qui se voit rabaissée quant à ses capacités vocales, ou encore Angèle qui s’est elle aussi souvent vue accusée de faire du play-back, sur sa dernière tournée notamment. C’est simple : on a toujours quelque chose à redire sur les femmes de la pop — à l’heure où leurs homologues masculins n’auront qu’à donner le tiers de leur niveau sur scène pour conquérir leur foule.

Si beaucoup ont salué la performance de Dua Lipa, qui a assuré la soirée du troisième soir de Glastonbury avec un show enflammé, invitant même Tame Impala sur scène, d’autres ont dégobillé leur mauvais fond (ou leur jalousie ?) sur les réseaux sociaux. “Imaginez, vous avez payé tout cet argent pour aller à Glastonbury et vous vous retrouvez là à regarder Dua Lipa faire du play-back et ne même pas chanter ses chansons. Quelle honte !”, a posté un fan sur X/Twitter. Parmi les tweets qu’on a retrouvés, la plupart sont signés d’hommes — ce n’est pas un hasard.

C’est notamment le tweet d’un certain James Hutchins (qui a touché près d’un demi-million de personnes) qui a mis le feu aux poudres et qui a insurgé les fans de la chanteuse — dont l’auteur de ces lignes. “Je peux me tromper mais on dirait que Dua Lipa fait du play-back à #Glastonbury, ça a l’air et ça sonne “trop bien” pour être en direct. Et on ne peut pas danser comme ça et rester parfait. Cela va à l’encontre de la philosophie du festival si elle fait du play-back”, s’est fendu l’utilisateur, qui a dû suivre le concert depuis la retransmission live à la télévision sur la chaîne de la BBC. Cet effet de “play-back”, comme l’indique The Independent, serait dû à un léger bug de retard dans la diffusion de la performance par la BBC sur certains services.

C’est quoi, un show pop ?

Comme l’a fait remarquer une fan de Dua à ce cher James Hutchins, il n’est peut-être tout simplement “pas habitué aux grandes performances en direct”. Par “grande performance en direct”, elle entend les grands shows pop, qui ne se contentent pas d’en envoyer plein la vue avec des feux d’artifice ou des animations sur les écrans, mais qui convoquent corporellement les artistes, induisant souvent la nécessité de chœurs préenregistrés pour soutenir la voix de l’artiste dans les moments de chorégraphies ou d’efforts physiques.

Ces shows sont souvent l’apanage des femmes de la pop (mais aussi du R&B) qui s’efforcent de composer des shows toujours plus audacieux et sportifs, nécessitant changements de costume, chorégraphies millimétrées et performances vocales impossibles, le tout dans des shows qui sont toujours plus longs, toujours plus spectaculaires. Pourtant, on ne peut que déplorer la tendance à critiquer plus férocement les shows des femmes de la musique que ceux des boys bands stoïques ou des rappeurs à moitié réveillés. C’est une forme de sexisme comme une autre.

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Dans la foulée des accusations, Dua Lipa s’est contentée de démentir les rumeurs de play-back, sans pour autant s’infliger les débats stériles ou les justifications laborieuses — t’inquiète pas, Dua, on est là pour ça. À notre micro, Dua Lipa confiait d’ailleurs être en pleine maîtrise de sa voix, notamment en live. “Ma voix s’est renforcée. […] Ça tient beaucoup au fait que j’ai fait une tournée d’un an. Je courais et chantais en même temps, j’ai été surprise par ma puissance vocale. C’est un muscle, plus on l’entraîne, plus il est fort.” Donc la prochaine fois qu’on veut critiquer sans recul la performance de Dua Lipa, en se basant sur un simple “elle fait du play-back”, on tourne sept fois ses doigts dans ses mains avant de les poser sur son clavier.