De Yves Saint Laurent, en passant par George Lucas, à David Bowie, tous ont été séduits par le charme du kimono, cet habit traditionnel japonais dont les multiples déclinaisons, du costume de Jedi à la version design, sont célébrées dans une exposition à Londres.
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Comme le souligne le directeur de l’exposition, Tristam Hunt : “Quand on pense à la mode, le kimono n’est peut-être pas la première chose qui nous vient en tête”. Mais le but de l’exposition, Kimono : de Kyoto aux podiums, qui s’ouvre samedi au Victoria and Albert Museum et dure jusqu’au 21 juin, est justement de “remettre en cause cette perception”, dit-il.
Dès l’entrée, sont juxtaposés un kimono traditionnel datant de 1800, une création moderne du styliste japonais Jotaro Saito, et une pièce d’exception du Britannique John Galliano pour Dior. Pour M. Hunt, ce triptyque “montre comment la mode du kimono n’a cessé d’être traduite au-delà les frontières culturelles et géographiques”.
Son influence s’est même étendue jusqu’à des galaxies lointaines, très lointaines, inspirant la tenue de maître Jedi, portée par Alec Guinness, lorsqu’il incarne dans Star Wars le vénérable Obi-Wan Kenobi.
Plus de 100 pièces exposées
La plus ancienne, datant d’environ 1660-1680, séduit par ses sobres motifs de feuilles d’érable brodées sur un tissu aquatique. Le plus récent est un long manteau à capuche de style streetwear, fabriqué en 2019 par le jeune styliste Milligan Beaumont. — Unisexe — “C’est l’extrême simplicité de la forme du kimono qui permet de le déconstruire et de le reconstruire de multiples façons”, explique à l’AFP la commissaire d’exposition, Anna Jackson, vantant aussi “sa fluidité”.
Pour Mme Jackson, “beaucoup sont séduits par le drapé tombant sur les épaules”, pour d’autres, “c’est la ceinture centrale” ou encore “les tissus somptueux, les motifs extraordinaires et la façon inhabituelle dont ces deux éléments sont combinés”.
Le kimono, une pièce portée à la fois par les hommes et les femmes depuis le Moyen Âge japonais, a fait son apparition en Europe au cours de l’ère Edo (1615-1868), lorsque la Compagnie néerlandaise des Indes orientales est autorisée à commercer avec le Japon, malgré sa politique fortement isolationniste.
Le kimono influence la mode internationale
Au XIXe siècle, le Japon s’est mis à fabriquer des kimonos avec de la soie française, et l’Europe à imiter l’habit traditionnel à partir de tissus japonais. Depuis, cette pièce iconique n’a cessé d’influencer la mode internationale. Au fil du temps, les broderies traditionnelles : roseaux, cerisiers, nénuphars, oiseaux ou dragons, ont cédé la place à des formes géométriques sophistiquées, voire des motifs psychédéliques.
Le styliste français Jean-Paul Gaultier raccourcit le kimono à mi-jambe dans une création rouge feu, en 1998, destinée à la pop star Madonna. En 1997, Alexander McQueen crée pour la chanteuse Björk une version élargie au cou et aux manches raccourcies, lui offrant ainsi un look expérimental et avant-gardiste à sa hauteur.
En 2005, Yohji Yamamoto réinterprète le kimono dans une version en crêpe de soie qui capture toute son ambiguïté vis-à-vis du genre, comme avait déjà su le faire Freddie Mercury dans les années 1970, lorsqu’il portait ce vêtement sur scène après une tournée de Queen au Japon.
Pour Anna Jackson, cette pièce a “le sens de la performance” car “c’est un vêtement non-sexué. Fondamentalement, sa forme ne change pas, que vous soyez un homme ou une femme”. Un attrait dont a notamment su se saisir le chanteur David Bowie pour construire son alter ego futuriste Ziggy Stardust. La commissaire d’exposition ajoute que “Toute mode est dans un certain sens une performance, mais dans un kimono, c’est très facile de le faire avec élégance”.
Konbini avec AFP