Cela faisait plus d’un siècle qu’Ophélia, célèbre tableau de John Everett Millais, était exposé au Tate. On y voit une représentation d’Ophélia, personnage tragique du Hamlet de Shakespeare qui chante, flottant dans une rivière, avant de se noyer. La bouche entrouverte de la noble Danoise, son regard effacé, ses bras ouverts sans conviction, ses doigts recroquevillés, sa robe parée de broderies et de fleurs et la nature luxuriante qui entoure son corps ont fait du tableau un des plus célèbres de l’histoire britannique.
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Le réalisme de la végétation, couplé au romantisme dramatique de la noyade, a paré de gloire le nom de John Everett Millais. Celui de la modèle, Elizabeth Siddal, est cependant resté dans l’ombre. Lumière lui est enfin rendue grâce à une exposition organisée par le Tate. Centrée autour de la “génération Rossetti”, l’exposition est dédiée “à la romance et à la radicalité de la génération Rossetti à travers et après les années préraphaélites : Dante Gabriel, Christina et Elizabeth Siddal”.
Elisabeth Siddal, Lady Clare, 1854-1857, collection privée. (© Tate)
Le Tate présente des aquarelles, des dessins et des peintures dans “la plus importante exposition du travail d’Elizabeth Siddal depuis 30 ans”. Pour Carol Jacobi, la conservatrice de l’exposition, l’artiste a “trop longtemps été considérée comme une ‘simple modèle’ ou une ‘artiste dérivée’ qui ne faisait que suivre les hommes préraphaélites. C’est tellement inexact”, rapporte le Guardian.
Autodidacte, Elizabeth Siddal a appris seule à peindre et à concevoir des vêtements. Son mariage, en 1860, au peintre Dante Gabriel Rossetti a convaincu leurs contemporain·e·s qu’elle n’était qu’une “pâle imitation” du travail de son époux. L’exposition permet de montrer que c’était plutôt elle qui représentait une source d’inspiration pour le peintre. Sa carrière a été ignorée, mise à l’abri des regards du cercle préraphaélite auquel elle appartenait et qui ne lui permettait pas d’éclore. Arrivée bien tard, l’exposition vise à enfin changer la donne.