Il existe au musée du Prado une jumelle de La Joconde qui n’a jamais attiré autant de regards et de convoitises que le tableau du Louvre. Si la version exposée à Madrid n’a pas vécu la même rocambolesque histoire de vol que son double et ne présente ni le même sfumato, ni le regard si particulier de l’originale, elle intéresse davantage de curieux·ses depuis une étude infrarouge réalisée en 2011, rapporte My Modern Met. L’analyse des sous-couches du tableau a permis de comprendre que l’artiste, un·e élève de l’atelier de Léonard de Vinci, avait méthodiquement suivi les gestes du célèbre peintre, copiant ses “hésitations et essais” en direct, détaille le Prado.
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Le musée madrilène rapporte que les deux tableaux présentent par exemple les mêmes changements de position de la tête, notamment au niveau “de la joue droite et du cou”. Ces modifications concomitantes indiquent que l’élève suivait le maître mais aussi, peut-être, que “certaines des erreurs de l’élève ont pu permettre à Léonard d’ajuster sa propre œuvre, particulièrement en ce qui concerne le paysage, considérablement simplifié par rapport à l’originale, tel que le prouve le panneau du Prado”, détaille le musée. Voyant que les détails fourmillants de sa première version détournaient l’attention du portrait et faussaient la perspective, Léonard de Vinci aurait ainsi pu décider de le simplifier et le “brouiller” grâce à la technique du sfumato. La version de l’élève figerait ainsi une étape intermédiaire de la création de La Joconde.
La Joconde signée d’un·e élève de Léonard de Vinci, entre 1503 et 1516. (© Musée du Prado, Madrid)
Si chaque modification était répercutée en direct sur La Joconde jumelle, cela ne signifie pas pour autant que l’élève a copié le maître sur toute la ligne. Des traces de dessin à main levée prouvent que l’artiste réalisait “davantage qu’une simple copie”, note le Prado. Observer la version madrilène permet d’admirer ce qui fait du tableau du Louvre une œuvre si importante de l’histoire de l’art.
Tel que le souligne le musée, c’est “l’imprécision et la délicatesse du tableau de Léonard” de Vinci qui diffère de “la technique précise de l’artiste qui a peint le panneau du Prado” et c’est peut-être cette acceptation et cette célébration de l’imperfection qui fait de La Joconde du Louvre une telle star.