Ce témoignage bouleversant de Cassandra Smolcic, ex-employée de Pixar, sur le comportement déplacé et sexiste de John Lasseter, s’ajoute à une liste déjà longue.
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Il y a quelques mois, lorsque l’affaire Weinstein a éclaté, John Lasseter, le directeur artistique de Pixar, a reconnu avoir eu un comportement déplacé envers certaines employées et a annoncé prendre un congé sabbatique :
“J’ai décidé que la fin de l’année serait le bon moment pour me focaliser sur de nouveaux défis créatifs.”
Selon des sources internes, John Lasseter a la réputation d’“attraper, embrasser et faire des commentaires sur les attributs physiques” de ses collaboratrices, obligeant certaines à développer des techniques pour éviter ses baisers, ses étreintes prolongées et ses mains baladeuses, souvent posées sur leurs jambes.
Aujourd’hui, Cassandra Smolcic, une employée de Pixar, a témoigné dans Variety pour exprimer sa désillusion envers ce studio qu’elle estimait tant. Le titre de l’article est d’ailleurs sans équivoque : “Comment le sexisme à Pixar a ruiné mon job de rêve”.
“Un sentiment d’insécurité m’a poussé à partir”
La graphiste explique qu’elle a commencé chez Pixar en tant que stagiaire, avant d’être embauchée et d’y travailler pendant cinq ans, de 2009 à 2014. Pour elle, le départ de John Lasseter, suite aux accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles à son encontre, est loin d’être une victoire. En effet, le DA, à la tête de Pixar a instauré un climat sexiste dans l’entreprise pendant des années, en donnant le mauvais exemple à ses collègues masculins.
“Chez Pixar, ma féminité était un obstacle indéniable à ma valeur personnelle, à mon évolution professionnelle et a compromis mon sentiment de sécurité au sein de l’entreprise. Le stress de travailler dans une atmosphère aussi sexiste a eu un impact et a été le facteur important qui m’a poussé à quitter l’industrie.”
Une industrie où “les femmes étaient des cibles de choix, victimes du manque de respect et du harcèlement”, alors qu’on parle quand même d’un “lieu de travail de renommée mondiale dans la ville la plus libérale du pays”.
Deux semaines après son arrivée, John Lasseter a coincé Cassandra Smolcic dans un coin, dévisageant son corps tout en lui balançant, sans pression, des commentaires sexuels.
Un film comparable à “une blonde aux gros seins, pas facile à pécho”
Outre les comportements déplacés, il y avait aussi les mots. Cassandra Smolcic se souviendra toujours du moment où un des patrons du studio a comparé son dernier film à “une blonde aux gros seins, pas facile à pécho” devant toute l’équipe.
Juste après la sortie de Cars 2, l’ex-employée raconte qu’elle a été écartée d’un projet organisé par le département artistique, John Lasseter ayant “du mal à se contrôler” en présence de femmes lui a-t-on rétorqué, avant de préciser :
“Mais Lasseter n’avait pas besoin d’un cadre intime pour mettre les employés féminins mal à l’aise. Il me donnait, ainsi qu’à d’innombrables autres femmes, des regards lascifs (ou des caresses sans consentement) presque toutes les fois où nous nous croisions sur le campus.”
Si l’on analyse ces propos, il est clair que l’entreprise a préféré écarter cette employée parce qu’elle était une femme, pour mieux protéger son directeur artistique.
Elle attend maintenant que “Disney et Pixar reconnaissent que les femmes et toutes les minorités sont aussi performantes, talentueuses, complexes et ouvertes que la communauté blanche masculine qui a monopolisé l’animation jusqu’ici.”